LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Lecture linéaire n°1 : « Spleen LXXVIII », Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861

Commentaire de texte : Lecture linéaire n°1 : « Spleen LXXVIII », Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  14 231 Mots (57 Pages)  •  280 Vues

Page 1 sur 57

Lecture linéaire n°1 : « Spleen LXXVIII », Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861

Introduction

Ce poème, constitué de 5 quatrains d’alexandrins en rimes croisées est le 4ème et le dernier

de la série des « SPLEEN » (poèmes 75 à 78) dans la 1ère section, « Spleen et Idéal », des

FM de Charles Baudelaire, recueil qui connut 3 publications (en 1857, 1861, 1868), et qui

se situe à la croisée des mouvements du Romantisme, du Parnasse (Ecole de l’Art pour

l’Art) et du Symbolisme. Le « Spleen », en anglais, signifie « rate ». Dans l’Antiquité, la

théorie médicale des « humeurs » attribuait à la rate la production de « bile noire » et donc

la mélancolie. Il s’agit en fait dans ce poème d’un état psychologique plus dépressif que

mélancolique.

La place du poème dans la section est significative : d’une part, ces 4 poèmes sont situés

presque à la fin de la section « Spleen et idéal », ce qui marque la victoire du Spleen sur

l’Idéal (les aspirations élevées, le salut de l’âme). D’autre part, ce poème est le dernier,

comme pour insister sur la gravité et la dimension irrémédiable de ce « Spleen ».

Le projet exprimé dans le titre contradictoire du recueil LFM est de transmuter à la façon

des alchimistes le malheur et le Mal en beauté*.

La problématique sera : comment la forme du poème (la progressivité des images, le choix

des sonorités, l’usage des allégories, les ruptures de rythmes...) installe-t-elle

inexorablement un mal-être profond chez le lecteur (pris à partie à travers l’emploi du

« Nous ») jusqu’à l’intériorisation finale de la défaite de l’Espoir dans l’âme du poète.

Dans l’analyse linéaire, nous étudierons le poème selon sa construction :

I-dans les 3 premiers quatrains : l’installation atmosphérique du Spleen

II-quatrain 4: la crise à travers les effets auditifs

III-quatrain 5: la défaite absolue dans l’âme du poète.

Remarque d’ensemble sur de la construction du poème:

-les 4 premiers quatrains forment une seule phrase qui se compose ainsi : en début des 3

premiers quatrains, l’anaphore « quand » introduisant 3 propositions subordonnées

circonstancielles de temps dont la principale est contenue dans le 4ème quatrain. Ainsi

Baudelaire scande les 3 étapes d’installation du Spleen ds les 3 subordonnées temporelles,

puis son surgissement brutal par une crise ds la proposition principale (« Des cloches, tout

à coup... »).

-La 2ème phrase du poème ds le dernier quatrain (ntroduit par le tiret et par « Et ») relate

les conséquences ds la crise sur l’âme du poète.

Ce rappel vise à justifier une lecture un peu synthétique des 3 premières strophes

puisqu’elles forment une unité/ puis la 4ème/ puis la 5ème. D’autant que le poème est

relativement long : il vaut mieux gagner du temps pour l’oral.

{1er quatrain-2ème quatrain-3ème quatrain: remarque commune:

-Il y a une 1ère unité entre les 3 premières strophes : 3 éléments physiques concourent

successivement à l’installation du Spleen : l’air (quatrain 1), la terre (quatrain 2) et l’eau

(quatrain 3) et le 3eme élément ds le quatrain 3 réunit les 2 premiers puisque la pluie, l’eau

du ciel qui tombe sur la terre, crée un effet de hachures, de «barreaux» de « prison ».

-2ème unité entre les 3 premières strophes : la présence importante de participes

présents (strophe1 : « gémissant », «embrassant », strophe2 : « « battant », « se

cognant », strophe 3: « étalant ») pour des actions en cours : effet d’étirement du temps.

La 4ème strophe va casser brutalement ce rythme avec « Tout à coup ».

-3eme unité : emploi du présent à valeur d’habitude. Suggère une expérience hélas bien

connue du poète. En fait, le poème commence comme « Parfum exotique » (« Quand les

deux yeux fermés...je respire...je vois... ») où l’on relevait le même usage du présent mais

le contexte est bien moins euphorique...

1er quatrain:

v1 : un effet de martèlement écrasant par les termes monosyllabiques du 1er hémistiche

scandé par les consonnes labiales [ p ] et [ b ] et les palatales [ k ]. Les termes liés à l’air

(« ciel », « l’horizon », « jour ») sont dégradés et assombris par leur contexte : concernant

le « ciel », on a 2 adjectifs épithètes « bas et lourd » qui l’écrasent et l’assombrissent.

Concourent à cet effet le verbe « pèse » et la comparaison « comme un couvercle » qui

crée un effet de rapetissement du ciel et une sensation d’étouffement.

v2: sentiment de grave tourment intérieur ( « l’esprit »). C’est un drame moral qui nous est

narré ici : « longs ennuis » : le pluriel + l’adjectif « longs »: étirement du temps de la

souffrance intérieure + étymologie

...

Télécharger au format  txt (91.4 Kb)   pdf (144.8 Kb)   docx (71.9 Kb)  
Voir 56 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com