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Le théâtre n'est pas le pays du réel, c'est le pays du vrai

Dissertation : Le théâtre n'est pas le pays du réel, c'est le pays du vrai. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Février 2018  •  Dissertation  •  1 340 Mots (6 Pages)  •  3 903 Vues

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Sujet : Le théâtre n’est pas le pays du réel, c’est le pays du vrai.

Le théâtre n’est pas qu’un texte figé dans un livre, il est destiné à être représenté en public. Ce genre intemporel offre un spectacle d’envergure et Victor Hugo, auteur français du XIXème siècle déclara : « Le théâtre n’est pas le pays du réel : il y a des arbres en carton, des palais de toile, un ciel de haillons, des diamants de verre, de l'or de clinquant, du fard sur la pêche, du rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessous la terre. C'est le pays du vrai : il y a des cœurs humains dans les coulisses, des cœurs humains dans la salle, des cœurs humains sur la scène ». Le vrai étant ce que l’on juge conforme à ce qui existe ou a existé, on le distingue du réel, désignant l’ensemble des choses dont l’existence est établie, indiscutable. Cette nuance apportée par Hugo dans sa citation nous fait réfléchir et on en vient à se demander si le théâtre s’approche du vrai. Nous nous interrogerons dans une première sur la place de l’artifice dans un contexte de vérité pour le théâtre puis dans une seconde partie nous nous pencherons sur le théâtre en temps qu’univers de la vérité.

Dans le théâtre, la réalité est transformée pour pouvoir la représenter. Ainsi, lieu, temps et parole ne sont pas réels. Premièrement les moyens mis en œuvre pour représenter physiquement la scène sont factices. On utilise des décors et des éclairages pour faire entrer la pièce dans une dimension réelle mais tout est illusoire. Les éléments de décor peuvent par exemple avoir l’air d’être constitué d’un matériau comme la pierre mais le théâtre utilise l’art de la peinture pour rendre à un bloc de mousse l’aspect d’un bloc de pierre. Par conséquent certains éléments de décors ne sont pas réels. Le plateau servant à jouer une pièce de théâtre peut devenir l’antichambre de Néron un soir pour jouer Britannicus de Racine et se transformer le lendemain en place publique pour jouer Le Cid de Corneille. Le plateau est déguisé, pour qu’on ne le reconnaisse pas, où du moins qu’on y prête pas attention. On tourne la tête du spectateur vers les artifices.

Le théâtre est aussi rempli de signes. La convention théâtrale, grâce à laquelle tout élément parfaitement irréaliste ou invraisemblable peut être considéré par le public comme tout à fait normal, éloigne la pièce du vrai. Le théâtre peut sembler éloigné de la réalité et par extension du vrai lorsqu’il fait appel à une énonciation et des procédés d’écriture particuliers. Ces procédés étant très peu utilisés dans la vie quotidienne, cela pose un problème quant à l’ancrage du théâtre dans le monde du réel. En effet le monologue, caractéristique du théâtre, ne peut s’appliquer dans la réalité que dans le cas d’une personne schizophrène. Il est certain qu’excepté une poignée d’humains, la grande majorité des personnes à travers les époques et les régions ne parle pas en faisant des rimes et encore moins en alexandrins comme dans Britannicus. La parole théâtrale est donc invraisemblable dans certains cas. D’autre part certains gestes peuvent être exagérés comparés à ce qui peu se dérouler au quotidien, comme dans le cas de la scène du sac dans Les Fourberies de Scapin avec les coups de bâtons réitérés. Le théâtre développe ainsi les gestes outre mesure par rapport à la réalité.

Par ailleurs il est invraisemblable que dans Roméo et Juliette les deux acteurs les représentant se relèvent à la fin pour saluer le public et que dans la pièce Antigone de Jean Anouilh, deux heures équivalent à une journée réelle. Dans le théâtre japonais, le nô (drame lyrique raffiné et poétique) est unique dans son utilisation de masques distinctifs mêlant des éléments réels et symboliques. Leur but est de renseigner sur le type de personnage ainsi que son humeur. Par exemple dans la pièce Aoi no Ue de Zeami Motokiyo, le spectateur reconnaît les masques hannya et sait dès lors que ce sont des démons vengeurs. De tels masques représentant notre personnalité au quotidien n’existent pas

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