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Le roman, doit-il faire oublier au lecteur que les personnages sont fictifs ou au contraire le lui rappeler ?

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Par   •  1 Mai 2017  •  Dissertation  •  1 760 Mots (8 Pages)  •  1 058 Vues

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Murat-Romero

Hippolyte                                                      Dissertation

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  Genre fortement critiqué depuis sa création, le roman est sous le feu des critiques du fait de son écriture dans une langue populaire, mais aussi à cause d'un grand nombre d’intrigues, ajouter à une multitude de héros si éloignés de la réalité qu’on ne saisit pas forcément leur fonction. Episodes rocambolesques, personnages idéalisés sont autant d'éléments qui créent une tension entre la fiction et le réel et invitent à se questionner sur la fonction du roman, doit-il faire oublier au lecteur que les personnages sont fictifs ou au contraire le lui rappeler ?

S'il semble normal que la fiction ne doit pas étouffer le roman, au risque de nuire au genre lui-même, il n'en reste pas moins une invention sortie tout droit de l’esprit d'un écrivain qui donne sa vision du monde qu’il à créée, mais aussi du monde extérieur dont il s’est inspiré.

Même s’il faut considérer dans un premier temps dans quelle mesure le roman doit faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs : il apparaît logique de nuancer cette proposition en mettant en lumière les risques qui lui sont attachés ; pour enfin envisager l'intérêt de la fiction dans la construction du personnage romanesque.

 

  Le personnage romanesque a été pendant très longtemps représenté comme un héros si incroyable que personne ne pourrait l’égaler, encore moins le lecteur. De fait, les héros admirable ont peu à peu été remplacer par des personnages caractérisé par une certaine forme de proximité avec le lecteur lui permettant de s’attacher au personnage et parfois même de s’identifier à lui

  Chercher à faire oublier au lecteur que les personnages sont fictifs, c'est tout d'abord l'attirer dans le roman. Mis en position de spectateur, le lecteur est placé devant des situations qui se déroulent dans une réalité tentante. Entrer dans l’intimité d’une vie satisfait la curiosité des lecteurs, à qui sont révélé des pans de la vie personnelle habituellement cachés.

  Dans La vie de Marianne Marivaux trompe le lecteur, en l’attirant dans le piège de son roman, grâce à différents subterfuges. Imitant un narrateur qui a découvert un manuscrit authentique qui nous fais entrer d'"une femme qui raconte sa vie" (l.17), et qui "dis la vérité de ceux qui m'ont élevée" (l.60). Ce détournement du roman place le lecteur dans la position du curieux qui est heureux de découvrir un écrit gardé secret pendant 40 ans.

De plus, ce gommage de la fiction dans la construction du personnage ne peut qu'inciter le lecteur à se voir lui-même dans le personnage. Voir dans le personnage un reflet de ses propres méandres intérieurs est une marque d'adhésion au contenu romanesque. Par l'émotion, le lecteur s’identifie au personnage et s’en rend complice. Comment n'être pas touché par le parcours de Julien Sorel dont Stendhal nous livre les secrets dans Le Rouge et le Noir. La volonté de faire du roman un "miroir que l'on promène le long d'un chemin", l'usage du registre réaliste et les intrusions dans l'esprit du héros par la focalisation interne et le monologue intérieur créent une intimité à laquelle le lecteur ne peut rester insensible.

  Enfin, observer l'évolution d'un personnage qui semble réel attire encore plus le lecteur dans le roman. Si l’auteur réussi à imiter le réel, créant ainsi une illusion qui, si elle fonctionne, attirera le lecteur, qui se sentira concerné. Même s’il ne s’identifie pas au personnage qui peut parfois être répugnant de par ses actes, il s’intéressera tout de même à celui qui occupe la place centrale du roman. Tel un observateur, il examine et étudie l'âme humaine, ou encore l'inscription de l'homme dans la société. Zola, dans la préface de Thérèse Raquin explique à quel point l'écriture du roman s'apparente à l'acte chirurgical de dissection. Il nous fait entrer dans l'horreur des désirs pervers de Laurent et Thérèse qui, mus par un sentiment de toute-puissance, procèdent à un crime lâche qui restera impuni. Telle une analyse psychologique, sinon psychiatrique, le roman nous présente l'âme vile de personnages qui plongeront dans le suicide et le meurtre. C'est presque une démarche de documentation à laquelle se voit confronté le lecteur.

Cependant, le roman peut-il véritablement gommer les marques de la fiction ? Est-ce nécessaire ? Il semble qu'il y ait un risque à chercher à rendre réel le personnage du roman.

 

  Tout d'abord, le lecteur peut être dégouté par ce qu'il découvre. A trop s'approcher de l'esprit humain, il est confronté à sa face sombre, face à cette horreur aux antipodes du désir d'évasion, possible moteur de la lecture du roman. La critique faite aux réalistes a souvent été de décrire une société répugnante faite de soucis d’argent, de la misère du corps souffrant et vieillissant, des problèmes psychologiques des personnages et de progression sociale douteuse. Si Georges Duroy fait une rapide progression sociale dans la société, le héros de Bel Ami de Maupassant reste un modèle de monstruosité auquel le lecteur ne peut chercher à s'identifier. Effectivement qui voudrait ressembler à un profiteur qui utilise la fascination qu’il exerce sur les femmes pour anéantir les autres…

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