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Le chercheur d'or, la rencontre

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Par   •  11 Décembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 608 Mots (11 Pages)  •  624 Vues

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LA4 : La rencontre amoureuse

Jean Marie Gustave Le Clézio, ayant reçu le prix Nobel de la Littérature en 2008, est un romancier nomade niçois qui se déclare « être de rencontre ». Deux de ses voyages le marquent tout particulièrement à savoir son voyage à l’île Maurice et à Rodrigues en 1981. Ces deux voyages représentent pour lui un retour aux origines. De ces expéditions naissent trois textes : « Journal du chercheur ‘or », Voyage à Rodrigues et Le Chercheur d’or publié en 1985. Dans son roman Le Chercheur d’or, le personnage principal Alexis ne rêve que de récupérer le petit bout de paradis où il a grandi. Pour cela, il part à la recherche du trésor du corsaire inconnu à Rodrigues.

Dans cet extrait, situé dans la quatrième partie « Rodrigues, Anse aux Anglais, 1911 », Alexis est à Rodrigues, à la recherche du trésor. Il a été sauvé par une mystérieuse femme à la peau sombre qu’il retrouve ici.  Il nous décrit leur seconde rencontre.

LECTURE

  • Comment le sentiment amoureux est-il mis en place ?
  • En quoi cette scène de rencontre est-elle originale ?
  • Comment la vraisemblance de la rencontre est-elle ressentie ?

 PLAN

I        Une rencontre étrange

Cette rencontre est marquée par une étrangeté. Effectivement le silence encercle leur rencontre puisque spécifié au début tout comme à la fin de l’extrait avec « le silence m’enivre ». Nous, qui avions l’habitude d’entendre la mer ou encore le bruit du vent, sommes face à une atmosphère, qui bien que sous la pluie,  semble « sans bruit » tout comme les pas d’Ouma. La personnification qu’est « l’inquiétude du silence qui règne » souligne la lisséité sonore du moment. C’est un silence initialement pesant. C’est cet écrasement sonore qui pousse d’ailleurs Alexis à parler. Le complément circonstanciel de but à savoir « pour chasser l’inquiétude du silence » montre que la parole est exutoire. Malgré cette parole, le silence se poursuit. Tout d’abord Ouma ne répond pas. Puis lorsque la conversation s’achève, le silence revient. Les personnages regardent « tomber la pluie sans rien dire ». Enfin, Ouma part, toujours sans dire un mot. Ce silence donne un caractère énigmatique à cette rencontre, donne la sensation que la communication ne s’est pas effectuée.

Effectivement, le dialogue lui-même, situé au centre de cet extrait, marque un échec communicatif.

Comme dit précédemment, la parole d’Alexis se veut exutoire. Alexis se met à parler pour évacuer un malaise causé par le silence qui règne. Il n’attend pas vraiment de réponse. Il dit un simple « bonjour » marquant un réflexe. Ce réflexe est souligné par l’exclamative, valorisé par la pause entre son interpellation et la question qui suit. Alexis est perturbé, il hésite. Une sensation d’étrangeté s’installe.

Le premier contact mis en place est donc hésitant. L’intervalle entre les différentes paroles d’Alexis, systématiquement entrecoupées par des passages narratifs ou descriptifs, montre que le narrateur n’est pas à son aise, il semble appréhender les réactions d’Ouma. Hésitant car les questions posées, que ce soit par l’un ou l’autre personnage, sont fermées et reposent sur des évidences. Les redondances entre ce qui est décrit et les questions posées par Alexis en témoignent. Alexis « voi[t] (..) des poissons » et lui demande « vous êtes allée à la pêche ? », Alexis remarque que le visage d’Ouma est « tourné vers la montagne » et lui demande « vous habitez dans la montagne ? ». Les questions sont donc banales et ne font d’ailleurs pas avancer le dialogue étant donné qu’Ouma n’y répond pas véritablement. Hésitant car Ouma évite donc de répondre franchement aux questions d’Alexis, elle redirige la conversation vers le sujet de l’or, réduisant à néant les tentatives d’Alexis pour engager une conversation. Elle semble méfiante quant aux motivations d’Alexis sur l’île. L’adverbe « vraiment » dans sa question : « vous croyez vraiment qu’il y a de l’or par ici ? » met en exergue cette méfiance, nous donne même la sensation qu’elle serait quelque peu sarcastique. D’ailleurs l’antithèse entre les termes « or » et « pauvre » laisse entrevoir une certaine opposition à la quête d’Alexis comme si Ouma considérait cette quête comme vaine. En effet, si tel n’était pas le cas, les gens ne seraient pas pauvres. L’emploi du verbe d’état au présent de l’indicatif résonne alors comme une sentence, un constat du réel qui contrecarre le rêve d’Alexis. Les personnages ne sont donc pas en phase si bien que la conversation s’achève très rapidement. Les personnages regardent la pluie tomber sans se parler avant qu’Ouma décide de partir sans dire un mot. La seule information qu’obtient Alexis est celle du prénom de la jeune femme.

Ce dialogue revêt donc d’un caractère énigmatique étant donné que la conversation entre les deux personnages est difficile.

Elle est d’autant plus difficile qu’Alexis n’arrive pas à retenir Ouma, il n’arrive pas à capter totalement son attention. Ouma se méfie de lui. Cette méfiance est flagrante au début de l’extrait. D’une part le terme apparaît dans : « son visage lisse montre de l’inquiétude », d’autre part,  celle-ci se matérialise par ses actes ou plutôt ses non actes caractérisés par son immobilité avec : « elle reste immobile », « elle ne bouge pas ». Cette absence de mouvements est totalement antinomique avec ceux qu’étaient : « elle avance », « elle se dirige », « elle marche » témoignant ainsi d’une appréhension, d’une méfiance. De plus, Ouma évite à plusieurs moments son regard : « son visage est tourné vers la montagne », « elle tourne encore la tête vers le mont Limon ». Les compléments circonstanciels redondants montrent que la montagne est son environnement, que celle-ci la rassure contrairement à Alexis. C’est probablement pour cette raison qu’il ne peut la retenir. Tout se passe très vite. Le rythme syntaxique lorsqu’elle disparaît est alors rapide grâce à la ponctuation et à l’énumération des verbes de mouvement que sont : « elle se lève, elle prend (…) et elle part, elle marche vite ». Ouma s’échappe, Alexis n’a pu la retenir. C’est elle qui rompt le contact.

Cette fugacité place alors cette rencontre sous le signe du mythe que la métaphore « apparition » confirme.  

II        Le mythe d’Ouma

Ouma apparaît énigmatique offrant une vision de la collectivité, d’un monde harmonieux. En effet, elle semble être le croisement entre divers éléments.

Elle est tout d’abord croisement entre le monde de l’enfance et le monde de l’adulte, soit le monde de l’innocence, de la sensualité et de la maternité. Alexis la compare à plusieurs reprises à une enfant avec : « elle a un visage d’enfant », « sans crainte comme celui d’une enfant ». Il met ainsi en valeur sa simplicité, sa candeur, sa transparence.

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