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Le Spleen - Les Fleurs du Mal - Baudelaire.

Commentaire de texte : Le Spleen - Les Fleurs du Mal - Baudelaire.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  1 302 Mots (6 Pages)  •  2 609 Vues

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Baudelaire, les Fleurs du Mal, Spleen (p124)

Quelle définition peut on donner du spleen à travers ce poème ?

Intro :Baudelaire, poète de la modernité, est né en 1821 et est mort en 1867. Il publie son grand recueil Les Fleurs du mal en 1857. Il expérimente en passant du romantisme (Le romantisme est un mouvement culturel apparu à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre et en Allemagne et se diffusant à toute l’Europe au cours du XIXe siècle. Il se caractérise par une volonté d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer ses états d'âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé) au symbolisme (Le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique apparu en France et en Belgique à la fin du XIX°s, en réaction au naturalisme et au mouvement parnassien. Pour les symbolistes, le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle. Il est un mystère à déchiffrer). De même, il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet (2 quatrains et 2 tercés), et popularise le poème en prose. Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse se retrouve dans son concept central du Spleen (humeur dépressive).

Le poème « spleen » se situe dans la section « Spleen et idéal » de l’oeuvre. C'est un des quatre qui porte le titre de Spleen. Le poète nous immerge dans un moment douloureux de sa vie, dépressif où il se sent emprisonné par son environnement jusqu’à succomber au désespoir.

I)Un environnement inquiétant.

  1. une nature hostile : les trois premières strophes se concentrent sur trois éléments primaires : le ciel, la terre et l’eau (la pluie), chacun exposé au début de chaque strophe. Description d’un temps d’orage : « le ciel bas et lourd, la terre est changé en un cachot humide, pluie étalant ses immenses traînées ». Donc un ciel très nuageux et une pluie importante. De plus, oxymore décrivant temps d’orage : « un jour noir »

 l’orage gronde et empêche le poète de sortir.

  1. La métaphore filée de la prison : Sensation d’enfermement présente dès la première strophe : comparaison « comme un couvercle, l’horizon embrassant tout le cercle », impression d’être dans un lieu fermé, avec utilisation contraire d’horizon par rapport au sens habituel, ici limite quand d’habitude évoque la liberté. Champ lexical développé de la prison dans les deux strophes suivantes : « cachot, prison, barreaux ». Comme dans une prison, l'évasion paraît impossible : « battant les murs, cognant la tête à des plafonds », il est pris au piège « ses filets »
  2.  Un registre fantastique effrayant : atmosphère chaotique initiée par le bestiaire d’animaux démoniaques : « chauve-souris, infâmes araignées » personnification des cloches dans une troisième strophe tournée vers le fantastique : « Des cloches tout à coup sautent avec furie et lancent vers le ciel un affreux hurlement », dernier appel à Dieu qui ne fonctionne pas. Créatures de l’enfer gagnent : « des esprits errants et sans patrie », périphrase pour décrire des fantômes, des mort-vivant, qui sortent des tombes, du cimetière (proche de l’église). Le mal triomphe.
  3. Présence de la mort avec des termes tels que « noir, corbillard, crâne, esprits errants ».

Transition : L'environnement qui entoure le poète est terrifiant. Une crise atteint maintenant de plein fouet le poète.

II) La crise

  1. Le moment de crise n’est cependant pas immédiat, il se rapproche doucement du poète :le piège. Dans le troisième quatrain, le Spleen se manifestait déjà par l’usage à nouveau d’un déterminant possessif, « nos ». « Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux », Mais l’image d’un « peuple muet d’infâmes araignées » croise celle du poète, le silence de l’attaque « peuple muet » pouvant s’entendre comme la perte d’inspiration, le choix du qualificatif péjoratif « infâmes », marquant également une adhésion du poète à son texte, une trace de son jugement. Quant aux « araignées », elles figurent bien sûr l’animal mais également le Spleen qui étreint le poète, son « [cerveau] » en proie aux affres du désespoir. Les « filets » tendus « au fond », c’est-à-dire jusque dans les moindres recoins, évoquent bien un enchevêtrement d’angoisse, les fils de Spleen comme ceux de la destinée. Le verbe « tendre », par ailleurs, suggère également l’idée d’un piège, les « filets » des pêcheurs prenant dans leurs mailles des animaux condamnés à mort.
  2. L’attaque : À défaut de piège avec lui, ce sera à une attaque que le poète devra faire face. Le quatrième quatrain s’engage en effet par « tout à coup » qui marque implication du narrateur et la force de l’attaque, sa soudaineté. Le premier choix lexical, « cloches, hurlement » nous permet d’entendre le Spleen, et sous une forme violente. Notons l’adjectif « affreux » qui pose à nouveau un jugement du poète, renforçant l’aspect sinistre de ces bruits. Les verbes, « sautent, lancent », des verbes de mouvement, personnifient les « cloches », qui semblent actionner d’elles-mêmes leur vacarme. Ces « cloches » sont perçues comme nombreuses, mot au pluriel, et indistinctes par le choix du déterminant indéfini, « Des cloches ». La comparaison se poursuit, l’attaque se concentrant sur les « esprits », c’est-à-dire, peut-on imaginer, sur le ou les poètes, ceux qui « sans patrie », appartiennent à la poésie et dont la réaction, de crainte, se choisit autour du verbe à connotation péjorative « geindre ». L’adverbe « opiniâtrement », dans sa prononciation, détache la diérèse, appuie sur le mot, renforce son intensité. Reste la réaction.
  3. La défaite de l’esprit : Ce sera une défaite de l’esprit, une inclinaison sous la force de l’attaque, rapportée par le dernier quatrain comme finale du poème. Ce quatrain débute par un tiret, forme de conclusion, de constat, et marque de multiples coupes matérialisées par les virgules, scandant ainsi la respiration essoufflée du poète« Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir, Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir ». Si l’esprit s’avoue vaincu, il le marque par une personnification des « corbillards », eux-mêmes symboliques de la mort, personnification jouant sur l’enjambement des vers 17 et 18. Le rythme est allongé par l’allitération en « l », perceptible sur les deux vers mais une coupe se remarque en fin de vers. En contre-rejet, « L’Espoir », allégorie, reçoit sa peine sous une double forme verbale « vaincu, pleure », s’opposant à une autre allégorie, « l’Angoisse », en contradiction. « L’Angoisse », enfin, par gradation ascendante de ses adjectifs, matérialise sa victoire par l’achèvement du poète. La position de ce dernier « Sur mon crâne incliné », figure celle du condamné à mort dont la tête se glisse sous l’échafaud de la guillotine. Le poète est ainsi soumis à une force à laquelle il semble ne pouvoir s’opposer.

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