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La guerre est-elle juste ?

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Par   •  13 Mai 2021  •  Discours  •  2 633 Mots (11 Pages)  •  294 Vues

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La guerre, « cette boucherie héroïque ». S’y confronte le héros, cet homme vertueux qui se distingue de tous par son esprit de bravoure et de sincérité. Face à lui, la boucherie s’impose, synonyme de chair exposée au grand jour, d’un massacre encore frais et douloureux. Par cet oxymore opposant harmonie et enfer, Voltaire pose le fondement du problème : La Guerre peut-elle être juste ?

La Guerre est un conflit aux multiples horizons. Elle est tantôt menée par un Etat, sous la forme d’une expédition militaire et armée en vue de soumettre un ennemi. Et elle est tantôt traduite par une opposition entre des groupes sociaux au sein d’un même peuple. On parlera alors de guerre civile ou ethnique. Elle est perçue comme un art éternel, une source d’inspiration profonde pour certains et comme l’insoutenable « démonstration de la folie humaine » pour d’autres. Je rejoindrai Jean Giono sur ce point.  Par ailleurs, la justice est un pilier fondamental à notre société, s’appliquant tant bien à la philosophie et au domaine moral, qu’à la juridiction et au droit social. La justice reprend également la notion d’égalité, s’imposant à tous et à chacun dans un cadre démocratique.  De ce point de vue, elle rassemble l’ensemble des principes moraux selon lesquels les hommes sont égaux, et implique le respect d’autrui, de ses croyances, de ses origines. La justice juridique se traduit d’autre part par la soumission aux lois et aux institutions qui régissent notre société.

Nombre de polémiques ont eu lieu sur la justice que cette guerre pouvait porter, ou apporter. C’est pourquoi il est légitime de se demander si la guerre et ses interminables massacres peuvent être compatibles avec l’idée de justice, de droit et d’équité.

Dans un premier temps, nous tendrons à trouver les traits de justice que l’on pourrait associer à la Guerre avant de nous concentrer sur ses caractères immoraux, au service de l’intérêt des puissants.

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Si on considère la Guerre comme synonyme de justice, c’est qu’elle est à l’évidence dotée d’une nature juste ou d’une cause qui vise à lutter contre l’Injustice.

En outre, la guerre pourrait être assimilée à une donnée nécessaire et éternelle pour l’Homme : elle motiverait notre espèce dès son apparition sur Terre. En ces temps, sa moralité n’était pas tant questionnée : il s’agissait d’un simple moyen d’affirmer sa supériorité, tout comme l’éruption d’un volcan rappellerait la puissance de la nature. Et cette logique s’est poursuite, de siècles en siècles, traversant le temps et les hommes. Dans l’Antiquité, les Romains auraient ainsi combattu dans l’espoir d’assouvir ce besoin universel, contre les Perses puis les Carthaginois allant même jusqu’à se diviser et engendrer la Guerre du Péloponnèse : Athéniens contre Spartiates. Cette idée annoncerait donc le rôle maternel de la guerre, qui pousserait les hommes au labeur et à l’innovation. Écoutons Héraclite : « La Guerre est mère de toute chose ». Cela amènerait à penser que notre environnement est réformé par la Guerre, s’y révélant jusque dans notre système économique. Car au XVème et XVIème siècles, l’efflorescence de notre économie a résulté de l’esclavage. Et l’esclavage n’est-il pas une Guerre perpétuelle entre maîtres et esclaves ? Du même point de vue, l’opposition entre l’employeur et l’employé, l’offreur et l’acheteur, le banquier et son client s’apparente tout à fait à un conflit, qui façonne dans le même temps le PIB d’un pays. En d’autres termes, la guerre serait un pilier nécessaire au développement économique d’une puissance mondiale. C’est en tout cas la thèse que défend Pierre-Joseph Proudhon dans son ouvrage La Guerre et la paix.

D’autre part, hasardeux d’en prouver le bien-fondé, de nombreux théoriciens ont forgé un concept de « Guerre juste », qui justifierait tout recours à la Guerre. Théorisé par St Thomas d’Aquin puis par l’école de Salamanque, le concept de « Guerre juste » repose sur trois conditions : auctoritas principis soit une autorité légitime comme un Etat ou le pape, en opposition avec une guerre privée menée par des particuliers ; causa justa soit une cause juste et non pas une guerre motivée par un intérêt personnel ; et enfin, intentio recta soit une intention juste pour mener une guerre dont le motif n’est pas détourné.

Dans une certaine acception, le motif de la lutte peut être tel qu’il lui confère une certaine justice. La Guerre s’octroierait donc un caractère justicier pour combattre des Mals puissants. C’est en effet ce trait moral que l’on retrouve dans la lutte contre Hitler lors de la Seconde Guerre Mondiale. La Guerre a ici été nécessaire. « Mener la guerre contre la tyrannie, voilà quelle est notre politique » déclarait Winston Churchill à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale. A l’époque la lutte contre l’expansion nazie dénotait un caractère de justice en faveur de la communauté judaïque. Parmi de nombreuses autres aspirations, il était effectivement question de paralyser l’idéologie antisémite et raciste déployée par Hitler, qui ne rencontrait jusque-là aucun obstacle dans la mise en place de son entreprise.

De la même manière, rappelons que la justice s’associe à une égalité des droits selon la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Citons l’article 11 : « - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme… » Une guerre en quête de liberté légitimerait donc le recours aux armes. C’est en tout cas en ce nom que le général Eisenhower motivait ses troupes à l’aube du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944. « …vous anéantirez le joug de la tyrannie que les Nazis exercent sur les peuples d’Europe et vous apporterez la sécurité dans le monde libre. » avait-il fermement déclaré.

On a défini plus tôt la guerre comme un conflit aux multiples horizons. C’est ici la pluralité de ces horizons dont il est question. Car en effet, certaines guerres sont définitivement plus justes que d’autres. Prenons par exemple la crise sanitaire qui se déroule en ce moment dans l’ensemble du monde. « Nous sommes en guerre » a plusieurs fois martelé Emmanuel Macron, président de la République Française, dans son discours ce lundi 16 mars 2020. Discours qui, comme Napoléon l’a pu faire en son temps, a motivé la France à se battre contre le Covid-19. Alors, quoi de plus juste que cette guerre menée collectivement par l’Humanité contre cet ennemi commun et ravageur qu’est le virus ?

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