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La cravate et la montre de Guillaume Apollinaire

Fiche de lecture : La cravate et la montre de Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2022  •  Fiche de lecture  •  1 660 Mots (7 Pages)  •  1 627 Vues

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« La cravate et la montre » de Guillaume Apollinaire. 

Les poètes du 20e siècle recherchent la liberté et souhaitent moderniser l’art poétique apparu dès l’antiquité.

Apollinaire est un poète français très original pour qui l’art doit se rapprocher le plus possible de la vie, de la nature et est un acte de l’imaginaire.

Il aime ainsi jouer entre la modernité et la tradition : c’est cet état d’esprit qui nous vaut son recueil Calligramme. C’est un mot formé de calli : kallos en grec qui signifie la beauté et gramma qui signifie la lettre.

L’écriture devient alors un moyen pour dessiner le monde, comme un poème-image qui rappelle les idéogrammes chinois ou la Dive bouteille de Rabelais (16ème siècle) où le texte était disposé en bouteille. C’est une poésie visuelle où le texte dessine ce dont il parle.

La légende dit qu’avant d’inventer le mot caligramme, Apollinaire voulait prendre comme titre « Et moi aussi je suis peintre » pour montrer l’importance à ses yeux de la fusion des arts (cf ses amis Braque et Picasso qui vont révolutionner la peinture avec des collages et autres procédures). Apollinaire utilise tous les sens des mots comme une leçon de ce qu’est la poésie. Ce poème s’apparente à un tableau.

Etude de « la cravate et la montre » : quel sens donner à l’association des 2 objets ?

Etude visuelle générale

Il s’agit de 2 objets symboles d’entrave et propres aux hommes de la classe sociale aisée de son époque.

La montre : l’homme moderne est un homme pressé qui consulte sa montre tout le temps (cf le lapin d’Alice au pays des merveilles). C’est un rappel de l’angoisse du temps qui passe.

La cravate : accessoire indispensable de l’homme civilité qui implique la gêne du corps et l’asservissement dans un rôle social, la pression qu’imposent les conventions sociales.

Il s’agit de 2 objets peu poétiques, marqués par la vie au quotidien. On peut faire un parallèle avec Baudelaire qui a montré au 19e siècle que la poésie ne venait pas uniquement d’objets poétiques mais qu’elle pouvait transformer le laid en beau (Fleurs du mal).

Le poème se voit comme une devinette, un rébus avec une première difficulté : le sens de lecture. Le calligramme perturbe le sens de lecture habituel surtout la montre qui est un objet circulaire. On ne sait pas s’il y a un ordre de lecture entre la cravate et la montre même si cela est suggéré par le titre. Apollinaire joue avec le lecteur qui s’interroge et cherche comment lire ce poème.

On peut déjà remarquer que le texte pour la cravate est écrit en majuscule et pas celui de la montre. C’est peut-être pour souligner l’importance que la société donne à la cravate.

La montre est dilatée alors que la cravate paraît être plus à l’arrière-plan. Probablement pour montrer l’importance du temps qui pèse sur l’homme et au contraire le côté dérisoire de la cravate en tant que marqueur social : il y a peut-être un message caché qui dit que les hommes ne doivent pas perdre de vue que la plus grande des contraintes reste le temps qui passe.

La cravate

Importance de l’adjectif « douloureuse » mis sur 3 lignes et placé à l’endroit du nœud de la cravate, c’est-à-dire là où l’objet étrangle son porteur. A l’inverse, le verbe « respirer » est tout en bas, au niveau des poumons.

« Porter » a un double sens : non seulement porter comme porter un vêtement, mais aussi une sensation de poids, de lourdeur qui fait écho à la douleur.

« que tu portes et qui t’orne » :  association des 2 propositions relatives avec répétition du son « or »...l’homme accepte le fardeau car il l’embellit artificiellement.

« qui t’orne » : la cravate passe du statut d’objet au statut de sujet.

« ô civilisé » : apostrophe lyrique mais aussi ironie car le « ô » montre l’admiration alors que l’auteur se moque un peu.

« ôte la si tu veux bien respirer » : conseil à l’impératif qui fait penser à CARPE DIEM : tradition antique qui vient d’un poème d’Horace qui se traduit en «cueille le jour » = profite de la vie car elle ne durera pas. Il faut profiter de la vie sans être gêné par les conventions sociales symbolisées par la cravate.

La montre

A droite, il y a une double rangée de mots.

La rangée tout à droite n’est constituée que d’une seule syllabe ce qui crée un rythme régulier et rapide comme le cliquetis de la montre.

L’autre rangée de droite comprend des groupes de 2 syllabes, suggérant un autre rythme un peu plus lent.

Les écritures sur la gauche de la montre sont plus longues que sur le côté droit ce qui conne un effet de perspective à la montre. Le découpage est plus irrégulier, instaurant un désordre dans le rythme allant vers un ralentissement.

Allégorie du battement de coeur : les 1ères heures sont régulières (la jeunesse?) alors que les autres sont plus heurtées (comme un coeur à l’approche de la fin de la vie).

Absence de ponctuation qui rend la lecture encore plus difficile. Si le dessin guide le lecteur, ce sont les mots qui donnent du sens à la disposition même du poème.

Le début est écrit en majuscule et se lit comme une exclamation : « comme on s’amuse bien » au niveau du remontoire de la montre, comme si l’homme se croyait maître du temps qu’il peut remonter alors qu’en réalité les aiguilles tournent. L’auteur instaure une complicité avec le lecteur en s’adressant à lui.

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