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Huis Clos, Sartre - Dénouement

Commentaire d'oeuvre : Huis Clos, Sartre - Dénouement. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mai 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 619 Mots (7 Pages)  •  6 722 Vues

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Texte 2 : Huis Clos, Sartre - Dénouement

        Jean-Paul Sartre est un philosophe et écrivain français du XXe siècle appartenant donc à l’existentialisme,  né le 21 juin 1905 à Paris . C'est un courant philosophique et littéraire qui place au cœur de la réflexion l'existence individuelle, la liberté et les choix personnels. Ses œuvres et ses idées créèrent une nouvelle vision dans le monde lors de la Guerre froide. Après la Libération, Jean-Paul Sartre commença à écrire dans la revue Les Temps modernes et adopta le communisme comme idée politique. Il fut membre du Parti communiste français, du Conseil mondial de la paix et président de l'Association France-URSS. Jean-Paul Sartre critiqua sévèrement Charles de Gaulle et l'action militaire française en Algérie et alla même jusqu'à demander l'indépendance de l'Algérie. Jean-Paul Sartre reçu en 1945 la Légion d'honneur et même en 1964 le prix Nobel de la littérature mais les refusa toutes car elles sont contre ses principes.

  • Jean-Paul Sartre (1905-1980) : écrivain et philosophe français engagé en politique d'extrême gauche. Il est le fondateur de l'Existentialisme. Pour lui « vie et philo ne font qu'un ». Ses romans et ses pièces de théâtre posent effectivement des problèmes d'ordre philosophique.
  • L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire du XXème siècle, qui postule que l’être humain est défini par ses propres actes. Jean-Paul Sartre l’explique par sa formule : "L’existence précède l’essence", ce qui signifie que l’Homme existe finalement par ses actions, dont il est pleinement responsable et qu’il a choisies, ce qui justifie son existence qui, sinon, serait absurde.
  • Huis Clos : pièce de 1943, en 1 acte, avec 4 personnages. Sartre pensait avoir écrit une pièce comique.

Son titre fait référence à l'expression apparue au XVIème siècle : "A huis-clos" qui signifie "toutes portes fermées". Dans cette pièce, Sartre a décidé de fonder son intrigue sur l’absence des traits de caractères des personnages, l’au-delà des règles, et l’absence de l’intrigue elle-même.

Problème : Comment se termine cette pièce aux accents tragiques ?

  1. Un trio infernal.
  2. Un regard comme instrument de torture.
  3. Un destin figé à jamais.

I. Un trio infernal ou le couple impossible :

A/ Le couple d’Estelle et Garcin ne peut pas exister à cause de la présence d’Inès

  • Estelle cherche désespérément l’amour, la protection surtout (vis à vis d’Inès) : « Mon amour ! » (l.26) : il y a l’utilisation du possessif « mon », elle s’approprie Garcin.
  • Mais Garcin refuse de répondre à sa demande : « laisse-moi », il s'éloigne d’Estelle par deux didascalies « abandonne » (l.9) et « repoussant » (l.27).
  • Il y a un jeu sur les pronoms aux lignes 28 et 29 : « moi », « elle », « nous », « je », « t’ », « elle » : il y'a deux personnes distinctes (Estelle et Garcin), ils cherchent à fusionner par le « nous » mais la présence d’Inès « elle » fait que le trio n’est jamais réductible (Garcin, Estelle et Inès).

B/ Inès rappelle le trio qu’ils forment

  • Les liens se sont resserrés : ils se tutoient maintenant (ils sont nus les uns devant les autres, se sont tout dit).
  • « Morte ! » et « ni » sont répétés 3 fois.
  • « Ensemble » et « nous » (l.45) : les trois personnages sont indissociables les uns des autres.
  • Estelle et Garcin reprennent exactement ses paroles (l.48 et 52) : « pour toujours » et reprennent également son rire.
  • Inès montre par la même occasion qu’aucun couple n’est possible, ni elle avec Estelle, ni Estelle avec Garcin.

II. Le regard comme un instrument de torture

A/ Le regard douloureux

  • Il se sent dévoré par les regards : « ces regards qui me mangent… » (l.18) ces mots démontrent l’angoisse de la dévoration, de ne plus s’appartenir, de disparaître dans un autre (dans le regard de l’autre). Il y a une personnification du regard qui apparait comme un ogre.
  • Le regard (comme assailli) exprime cette peur : « tous ces regards » répété deux fois, l’interjection « ah ! » traduit à la fois la surprise et la peur, la didascalie « brusquement » fait référence à la scène d’exposition, où Garcin avait peur que la situation lui saute dessus par derrière.
  • Il y a une didascalie à la ligne 55, Garcin regarde les deux femmes, puis tous les trois tombent assis sur leur canapé : comme le regard de Garcin les avait tués, le regard agit comme une arme.
  • Le regard prend le dessus sur le dire, la dernière didascalie nous le montre : « ils cessent de rire et se regardent ».
  • Le regard de l’autre empêche la mauvaise foi et le mensonge : « tu me verras toujours » (l.6), « tous ces regards » (l.17 et 18), « elle me voit » (l.29), « les regardant » (l.51) : Garcin ne peut pas faire semblant d’aimer Estelle à cause d’Inès qui sait.

B/ Les conséquences de ce regard auquel on ne peut échapper

  • Garcin frise la folie : « Je vous croyais beaucoup plus nombreuses » : serait-il paranoïaque ?
  • Il a une prise de conscience : « l’enfer, c’est les Autres », c’est une expression qui résume à elle seule la pièce : l’enfer ne tient pas des instruments de torture physique (rappel des instruments du mythe judéo-chrétien) mais à la souffrance psychologique infligée par « les autres ».
  • Cette expression est pourtant à nuancer selon les propos de Sartre : elle ne signifie pas que les autres représentent toujours l’enfer, mais dans ce cas précis, oui, puisque Garcin, Estelle et dans une moindre mesure Inès, ne vivent que dans et par le regard de l’autre, ils sont prisonniers de ce regard, ils en dépendent totalement.
  • Or puisque ce regard est négatif (Inès considère Garcin comme un lâche, Garcin repoussé Estelle qui repoussé Inès) alors les trois personnages ont une représentation d’eux-mêmes négative, et insupportable.
  • Garcin est l'archétype de la victime de cet engrenage : tant qu’Inès le traitera de lâche, il vivra l’enfer puisqu’il ne se considérera lui-même que comme lâche, il ne peut pas se voir autrement.
  • Estelle utilise la violence physique, cherche à tuer Inès comme le montrent l’interjection « ah ! », elle marque la rage et les didascalies « coupe-papier » et « plusieurs coups » (l.32), la première utilisation du coupe-papier est un usage détourné de sa fonction usuelle, mais l’objet est inutile puisqu’il ne peut même pas tuer.
  • Inès est agressive : elle margelle l’adjectif « morte » en criant (points d’exclamations), la didascalie (l.41) indique son sentiment : « avec rage » ; elle se frappe elle-même, imitant le geste inutile d’Estelle, pour montrer par l’acte ce qu’elle dit avec les mots
  • Elle est la première à initier le rire final : c’est un rire absurde, peut être de désespoir ou même nerveux, le rire à trois montre l’absurdité de la situation.

III. Un dénouement sans fin ou un destin figé à jamais

A/ L'éternité ou l'éternel recommencement

  • Le monologue de Garcin fait écho à la scène d’exposition avec le bronze, la cheminée et les références aux représentations populaires de l’enfer : circularité.
  • Pourtant Garcin a évolué : « je comprends » (l.14), par opposition à sa naïveté du début « quelle plaisanterie ! » : il a compris le sens de son enfer.
  • Il se méprise lui-même de sa naïveté de départ « le souffre, le bûcher, le gril » : rire de mépris (l.21). 
  • Dans la phrase finale le verbe « continuons » est utilisé, on comprend que l’enfer est éternel.
  • L’adverbe « toujours » du début de l’extrait est repris par chaque personnage en fin d’extrait
  • Le coupe-papier ne coupe pas, on comprend une vie sans coupure, cela fait référence à la scène d’exposition et au « tu me verras toujours » de Garcin.
  • Cet objet est donc hautement symbolique. Les mots « jamais nuit » à la ligne 2 exposent une vie sans coupure.

B/ Un dénouement tragique

  • Il est impossible d’agir : les objets ne fonctionnent pas (coupe-papier qui ne tue pas).
  • Garcin se sent comme le bronze de Barbedienne, immuable figé pour l'éternité : il est un « en-soi », c’est à dire un objet qui ne peut plus changer, il est « réifié » (= transformé en objet).
  • Il est aussi impossible d’agir sur le passé : « c'est déjà fait » (l.44) avec « déjà » mis en évidence par l’italique.
  • Le destin est préfixé « Tout était prévu » (l.15) non pas le destin de sa vie (Sartre disait que l’homme était « condamné à être libre »), mais le destin de sa mort. « Ils avaient prévu » (l.15) : il existe une puissance supérieure, tragique.
  • Mais la transcendante (= puissance supérieure) peut aussi être désignée par « les Autres » puisque la majuscule à « Autres » prouve que l’autre nous dépasse, nous possède, à la manière d’un dieu.
  • Le mot « continuons » renforce la dimension tragique, puisqu'ils vont continuer à exister, sans rien changer, juste à être là, comme le bronze de Barbedienne.
  • Aucune évolution n’est possible, ils ne peuvent que continuer.

Conclusion : 

Nous avons vu 3 personnages incapables de vivre ensembles, que ce dénouement ne permet ni de définir une tragédie ou une comédie. Il est d’une grande singularité puis constatée, qu'ils constituaient une illustration de l’existentialisme Sartrien. Le destin de ces personnages est figé à jamais, ils ne peuvent pas le changer et seront emprisonnés à jamais ensembles. Ce texte met en avant le fait que l’enfer, ce n’est pas forcément dû aux instruments de tortures mais surtout aux autres.

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