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Guillaume Apolinaire, Salomé (Alcools)

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Par   •  21 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  1 361 Mots (6 Pages)  •  9 613 Vues

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LA 10 – Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, Salomé

Pour que sourie encore une fois Jean-Baptiste
Sire je danserais mieux que les séraphins
Ma mère dites-moi pourquoi vous êtes triste
En robe de comtesse à côté du Dauphin

Mon cœur battait battait très fort à sa parole
Quand je dansais dans le fenouil en écoutant
Et je brodais des lys sur une banderole
Destinée à flotter au bout de son bâton

Et pour qui voulez-vous qu’à présent je la brode
Son bâton refleurit sur les bords du Jourdain
Et tous les lys quand vos soldats ô roi Hérode
L’emmenèrent se sont flétris dans mon jardin


Venez tous avec moi là-bas sous les quinconces
Ne pleure pas ô joli fou du roi
Prends cette tête au lieu de ta marotte et danse
N’y touchez pas son front ma mère est déjà froid

Sire marchez devant trabans marchez derrière
Nous creuserons un trou et l’y enterrerons
Nous planterons des fleurs et danserons en rond
Jusqu’à l’heure où j’aurai perdu ma jarretière
Le roi sa tabatière
L’infante son rosaire
Le curé son bréviaire

Histoire du conte biblique de Salomé : Salomé est une princesse juive, fille d’Hérodiade qui a quitté son mari pour épouser Hérode Antipas, son oncle et beau-frère (21 avant J-C | 39 après J-C). Au cours d’un banquet, la jeune fille danse devant Hérode, son beau père ; il est séduit et propose de lui offrir en récompense ce qu’elle désire. Elle demande conseil à sa mère qui exige la tête de Saint Jean-Baptiste, emprisonné pour avoir critiqué l’immoralité du couple régnant.

Introduction

        Guillaume Apollinaire, un poète du XIXème siècle, révolutionne la poésie française en en cassant les codes. Il est novateur par la forme mais reste traditionnel pour le fond, en effet il continue de chanter l’amour malheureux. En 1913, il publie Alcools, un recueil lyrique qui parle de ses amours malheureux (avec Annie Playden ou Marie Laurencin par exemple). Le poème Salomé est une réécriture du mythe de Salomé, une princesse juive, fille d’Hérodiade, qui obtient la tête de Saint Jean-Baptiste après avoir dansé devant son beau père. Nous nous demanderons comment Apollinaire renouvelle le mythe de Salomé. Nous y répondrons en deux parties, tout d’abord nous verrons la réécriture du mythe, puis nous étudierons la modernité poétique du poème.

I. La réécriture de l’histoire biblique

1. Le poème ressemble à une petite saynète. Il y a cinq personnages, Salomé et ses interlocuteurs : sa mère, son oncle(le roi Hérode), le fou du roi et la cour.

2. La danse de Salomé lors du banquet est inexistant dans ce texte, cette ellipse provocatrice. A la place il y a trois autres danses :

  • La première danse (v.1 et 2) : « je danserais » on emploi le conditionnel, c’est l’irréel du présent. Salomé propose de danser pour faire ressusciter Jean-Baptiste, après l’avoir tué par la demande de sa mère. C’est une provocation, car elle se croit plus forte que dieu. On a donc des propos iconoclastes. Elle veut le ramener à la vie parce qu’elle est tombée amoureuse. Mais dans la bible, Salomé a 14 ans et Jean-Baptiste 99ans, ce n’est donc pas possible qu’elle soit tombée amoureuse. L’amour est donc une invention d’Apollinaire, car il doit parler d’amour. Nous avons le portrait d’une jeune fille téméraire et amoureuse.

  • La deuxième danse (v.6) : « quand je dansais dans le fenouil en écoutant » on emploie l’imparfait, c’est un ton nostalgique (le fenouil est une métonymie de la campagne et de la nature). Salomé danse dans le jardin, on voit alors une jeune fille libre émancipée, c’est une atmosphère lyrique. « en écoutant » : elle écoute les paroles séduisantes de Jean-Baptiste, qui est doué pour séduire par sa parole.
  • La troisième danse (v.13 et 19) : C’est une ronde collective et finale qui se passe à l’enterrement. Elle est imaginée par le poète et est ordonnée par Salomé au fou du roi. Le poème commence par une provocation et se termine sur une provocation : nous avons ici une danse joyeuse lors de l’enterrement de celui qu’elle dit « aimer ».  Rupture de ton entre la strophe 3 et la strophe 4. La 3 se termine par : « et tous les lys se sont flétris […] dans mon jardin » : image triste et symbolique de la mort de la nature concomitante de la mort de Jean-Baptiste. A la strophe 4, Salomé appelle à la joie «  quelle meilleure  manifestation de la joie que la danse ? » pour chasser la tristesse et l’idée de mort. Ceci est typique d’Apollinaire, il souffre dans sa vie amoureuse et surmonte sa douleur par un appel à la joie, à la danse (Cf. Nuit rhénane)

3. Mélange de mélancolie et de joie, Salomé est amoureuse et mélancolique, comme Apollinaire. L’image que l’on garde de la Salomé biblique est l’image d’une jeune fille cruelle, associée à la tête sanglante de St JB servie sur un plateau. Ici, elle apparaît  plus humaine ; elle exprime ses sentiments, ses remords (vers 1) et peut-être de l’amour. Elle est triste, ainsi que sa mère qui pourtant n’a pas de raison de l’être. Une des clefs pour comprendre Apollinaire est le mélange de la mélancolie et de la joie.

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