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Eldorado, Voltaire

Commentaire de texte : Eldorado, Voltaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  1 200 Mots (5 Pages)  •  832 Vues

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V L’Eldorado (chap. 18) :

Le commentaire (exemple)

Introduction (rédigée) :

Au XVIII ème siècle, les philosophes des Lumières ont foi dans le progrès humain et aspirent à de nouvelles valeurs telles que le bonheur, l’égalité, la liberté… Ainsi, Voltaire dans son conte philosophique Candide, publié en 1759, critique les maux de la société et propose au lecteur une réflexion sur le bonheur. Cet extrait du chapitre 18 est consacré à la description de l’Eldorado qui constitue une petite parenthèse dans le récit car il se présente comme le pays « où tout va bien » par opposition au monde dans lequel tout va mal (la guerre, l’inquisition, l’esclavage...). Comment l’évocation de ce pays merveilleux permet-elle à Voltaire de remettre en cause la société ? C’est ce à quoi nous tenterons de répondre en étudiant d’abord la description d’un monde parfait. Enfin, nous analyserons la fonction réelle de cette utopie.

Développement (plan détaillé = non rédigé) :

A La description de l’Eldorado

  • Un lieu exotique et d’abondance
  • Champ lexical de l’exotisme : « colibri » ; « eau rose » ; « canne de sucre » ; « girofle » ; « cannelle » ; « pierreries ». Le décor exotique dépayse le lecteur et le transporte dans un univers inconnu.
  • Surenchère de détails : « grands officiers » ; « édifices publics élevés jusqu’aux nues » ; « grandes places ». Tout ce que candide et Cacambo voient leur paraît immense.
  • Profusion de nombres : les expressions « vingt belles filles » ; « ornés de mille colonnes » ; « mille musiciens » ; « mille pas » et l’utilisation de pluriel soulignent l’opulence.
  • L’énumération l. 14 à 19 et les longues phrases mettent bien en évidence les richesses matérielles de ce lieu (édifices, marchés, fontaines…).
  • L’hyperbole « jamais on ne fit meilleure chère » sous-entend que le repas est délicieux.
  • Tout est donc grand et nouveau pour les deux personnages. Leur étonnement devant autant de merveilles est grandissant.

  • Un monde idéal
  • Sur le plan social, les gens sont heureux. Il n’y a pas de différences entre les sexes, mais une égalité parfaite comme le met en relief le parallélisme « les grands officiers et les grandes officières » (féminisation de termes habituellement réservés aux hommes). De plus, les deux visiteurs sont accueillis chaleureusement par la population « les conduisirent aux bains, les vêtirent de robes » ; « les menèrent à l’appartement de la majesté » ; le repas en soirée est tout aussi convivial.
  • Sur le plan politique, le roi est une personne accessible : « qui les reçut avec toute la grâce imaginable et qui les pria poliment à souper ». Les négations « on ne plaidait jamais » et « on lui dit que non » concernant l’absence de justice et de prison montrent que les habitants n’ont pas de vices. La misère sociale n’existe pas.
  • Sur le plan culturel l’Eldorado apparaît comme un espace dans lequel il est agréable de vivre tel que le soulignent les champs lexicaux de l’urbanisme et du luxe « édifices » ; « ornés de (…) colonnes » ; « fontaines » ; « galeries » ; « palais ». Les architectures sont travaillées. Ce pays consacre aussi de grands moyens à la science comme le révèle l’expression « pleine d’instruments de mathématiques et de physique ».
  • Cette civilisation est donc parfaite, c’est une utopie. Voltaire surcharge volontairement la perfection de l’Eldorado pour inciter le lecteur à réfléchir au monde dans lequel il vit.

Transition : Ainsi, la description de ce monde idéal n’est pas gratuite, elle permet à Voltaire de critiquer la société de manière implicite à travers la naïveté des personnages.

B La fonction réelle de cette utopie

  • La naïveté feinte des personnages
  • C’est grâce au point de vue omniscient que nous découvrons le pays à travers les yeux de Candide et Cacambo « on leur fit voir la ville » ; « ce qui étonnait Candide ».
  • La visite de l’Eldorado est organisée en trois étapes qui correspondent aux trois paragraphes pour mettre en évidence les avantages de cette contrée : l’accueil chaleureux des visiteurs, la visite de la ville et le dîner avec le roi.
  • Le narrateur souligne avec humour la naïveté de Candide et Cacambo. L’énumération des interrogations indirectes « si on se jetait à genoux ou ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle » concernant la façon de saluer le roi crée un  effet comique. On sourit aussi de la manière dont ils embrassent le roi « Candide et Cacambo sautèrent au cou de sa majesté » car ils font penser à des enfants.
  • Le narrateur insiste aussi sur l’étonnement des deux visiteurs : « ce qui le surprit davantage » l.22  et la litote « de tout ce qui étonnait Candide, ce n’était pas ce qui l’étonna le moins ».
  • Il utilise le regard neuf de personnages qui découvrent un modèle idéal de société différent du leur.

  • La critique implicite de la France au XVIII ème siècle
  • La monarchie libérale de l’Eldorado s’oppose en tout point avec la monarchie française à l’époque de l’écriture du conte (monarchie absolue de droit divin). Le lexique attribué au roi est mélioratif comme le traduisent les modalisateurs « grâce » ; « poliment » ; « bons mots ». Ce monarque sait être proche de ses sujets « l’usage (…) est d’embrasser le roi et de le baiser des deux côtés » ; « Candide se mit à table entre Sa majesté, son valet Cacambo ». Et il a aussi de « l’esprit ».
  • Le progrès de cette civilisation passe aussi par la culture qui mène à l’épanouissement de l’homme. Contrairement à la France, l’obscurantisme n’existe pas car les sciences se développent sans aucun problème (adverbe d’intensité « galerie (…) toute pleine de »). La science est ainsi associée au plaisir avec le superlatif « le plus de plaisir » et met en valeur l’accès au savoir (référence implicite à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert).
  • Le lecteur peut donc se rendre compte, au travers de cette utopie, des dysfonctionnements de la société française.

Conclusion (rédigée) :

Nous avons donc pu voir comment la représentation de l’Eldorado en monde parfait permet à Voltaire de jouer sur l’implicite pour éviter la censure et faire réfléchir le lecteur sur la France à cette époque et en particulier sur la monarchie absolue. L’Eldorado apparait donc comme un modèle social idéal qui peut guider les hommes vers le bonheur en améliorant leur société. On retrouve ainsi des idées chères aux philosophes des Lumières comme l’égalité, la liberté, la fraternité… Nous pourrions d’ailleurs comparer ce texte avec l’article « Paix » de l’Encyclopédie, écrit par Damilaville à la même époque, qui accusent également les « chefs des nations » du malheur du peuple en voulant faire la guerre pour des « prétextes frivoles ». Les figures d’opposition montrent la nécessité de prendre soin de ses sujets pour être un bon monarque et la première qualité est d’être gouverné par la raison au lieu d’être aveuglé par ses ambitions démesurées.

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