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Eldorado Candide

Commentaire de texte : Eldorado Candide. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 539 Mots (7 Pages)  •  284 Vues

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Commentaire du chapitre 18 de Candide de Voltaire

        L'apologue est une forme d'argumentation indirecte qui vise à divertir tout en faisant réfléchir le lecteur. De nombreux auteurs l'ont utilisé pour faire passer leur message notamment lorsque la censure sévissait encore. Voltaire, philosophe des Lumières a rédigé de très nombreux contes philosophiques dans lesquels il dénonçait les travers humains ou ceux de sa société. Il publie le conte Candide ou l'optimisme en 1759 dans lequel l'auteur critique sa société et la philosophie optimiste de Liebniz, en racontant les  aventures de son jeune héros Candide, confrontés aux malheurs du monde. Dans le chapitre 18, Candide découvre avec son valet Cacambo, le merveilleux pays d'Eldorado, et en particulier le palais  du roi où tout lui apparaît extraordinaire. Quel est le rôle de cette utopie dans le texte ? Nous verrons dans un premier temps ce qui suscite l'admiration et l'étonnement des voyageurs, puis comment Voltaire utilise cette utopie afin de faire la critique de sa propre société.

                                                ***

        L'Eldorado est présenté comme un monde fictif éloigné du monde réel qui procure un sentiment d'évasion au lecteur.

        En effet, dans ce lieu se produisent des événements surnaturels typiques du monde des contes merveilleux : dans ce pays, « les moutons volent » et traînent derrière eux le carrosse de Candide et Cacambo pour les faire parvenir à destination. De même les constructions sont gigantesques et dépassent les proportions humaines ; ainsi « le portail était de deux cent vingt pieds de haut, et de cent de large » (l.2-3) ; « les édifices publics »sont « élevés jusqu'aux nues » (l.16° ; ces précisions hyperboliques permettent d'évoquer la démesure de ce pays merveilleux.

        Par ailleurs ce monde est dépaysant par son exotisme ; ainsi, le narrateur avoue son incapacité à identifier la matière du portail : « il est impossible d'exprimer quelle en était la matière ». Les vêtements dont on recouvre Candide et Cacambo sont faits en « tissu de colibri » (l.7) ce qui donne une impression de richesse, de délicatesse et d'exotisme. De même « les fontaines d'eau rose, celles de liqueurs de canne à sucre » (l..17) et les « places pavées d'une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle de gérofle et de la cannelle » évoquent de façon merveilleuse les sens de la vue,du goût et de l'odorat, et transportent le lecteur dans un monde parfait où tous les sens paraissent comblés, dans une sorte de synesthésie.

        Enfin, ce pays merveilleux est caractérisé par sa richesse et son abondance. La matière du portail a une « supériorité prodigieuse (…) sur ces cailloux et sur ce sable que nous nommons or et pierreries » affirme ironiquement la narration. Cette impression d'abondance est également procurée par la présence de nombreux effets hyperboliques liés à l'usage des nombres, tels que les « deux files » de « mille musiciens » (l.9) au milieu desquels passent les deux personnages pour se rendre auprès du roi, ou « les marchés de m        mille colonnes » (l.17), ou encore la « galerie de deux mille pas » (l.22). Tous ces éléments produisent l'émerveillement des voyageurs comme on peut le voir aux lignes 21 et 22 : « ce qui le surprit davantage, et qui lui fit plus de plaisir». Dans cette phrase du narrateur, on perçoit la volonté de transporter le lecteur dans ce monde parfait, utopique.

        Or, cette utopie n'a pas pour seule ambition de faire voyager le lecteur, elle permet également à Voltaire de faire passer ses idées et de critiquer sa société.

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        L'évocation de ce monde merveilleux  apparaît également comme une critique du réel et comme l'affirmation de quelques valeurs des Lumières.

        La critique porte tout d'abord sur les institutions politiques. Ainsi Voltaire se moque de la distance qui existe entre le roi et ses sujets dans le royaume de France lorsque Cacambo demande comment il faut « s'y prendre pour saluer sa majesté » (l.10-11). Les différentes propositions qu'il fait sont évidemment outrancières et ridicules, et font la satire des « cérémonies » qui ont cours dans les monarchies européennes : « si l'on se jetait à genoux ou ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle ». Derrière la portée comique de cette gradation fantaisiste, il faut voir la satire d'une hiérarchisation extrême de la société française dans laquelle le souverain se tient très au-dessus de ses sujets qui doivent s'humilier devant lui. Dans le pays d'Eldorado, l' »usage est d'embrasser le roi et de le baiser des deux côtés »(l.13). C'est une façon pour le roi de se mettre au niveau de ses sujets, même si l'enthousiasme de Candide et Cacambo apparaît excessif et comique : « Candide et Cacambo sautèrent au cou de Sa Majesté ».Voltaire semble vouloir signifier qu'un roi peut être respecté tout en étant plus proche de son peuple. De même, l'absence de « cour de justice » de « parlement » (l.20) et de « prison » (l.21) peut apparaître comme une critique de la place excessive que prennent ces institutions en France, du fait du manque de libertés et de l'usage abusif de la répression.        

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