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Du Bellay, France mère des arts

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Par   •  16 Septembre 2018  •  Commentaire de texte  •  1 419 Mots (6 Pages)  •  5 874 Vues

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Introduction

Rédigé pendant le séjour romain (1553-1157) au cours duquel le poète accompagna le cardinal du Bellay à la cour du Pape le recueil des Regrets publié en 1558 consigne les différents aspects de la déception d’un poète  qui constate la différence séparant ses représentations de la réalité d’une Rome moderne où règnent les bassesses et l’intrigue. Sous le coup d’une déception et d’un chagrin largement retravaillés par l’écriture poétique, il adresse au pays natal une forme de requête. Le sonnet proposé expose la crainte de se voir également abandonné par le pays natal, cette France dont il fait un éloge triple, que le commentaire du sonnet entreprend de décrire sous tous ses aspects.

La France, une Mère nourricière pour l’enfant égaré

C’est la dimension maternelle que le texte évoque d’abord. La place des accents secondaires dans le premier vers le dit d’ailleurs à sa façon : FRAN/ce, MÈ/re des arts, des AR/mes et des LOIS . Chacun des deux premiers mots, « France » et « mère » qui valent pour deux syllabes sans élision du –e final, fait ainsi l’objet d’une mise en valeur. Cette accentuation confère donc à l’interlocutrice du poète, et par les seuls moyens de l’écriture poétique, une identité bien affirmée de « France » et de « mère », l’une et l’autre étant d’égale importance.

La dimension maternelle nourricière est également affirmée dans les rimes des vers 2/3 où « mamelle » rime avec « appelle ». On retrouve enfin cette dimension maternelle de la France dans des choix lexicaux récurrents tout au long du poème, « tu m’as nourri », le « lait » (vers 2), la « pâture » (vers 12). Entre le « je » poétique et son interlocutrice, c’est le rapport affectif d’une mère à son enfant qui domine donc. Le petit, sans elle et loin d’elle, se reconnaît faible, il est un agneau (le mot revient deux fois) démuni face à « l’hiver », au loup, au vent et au froid (dernière strophe). On remarquera aussi que l’expression de la peur, lisible dans la métaphore filée de l’hiver de froidure et de loups qui structure les tercets, se fait plus intense au moment où la présence de la « France » maternelle et protectrice s’estompe. Aux mentions incessantes du pays natal dans les quatrains, depuis l’apostrophe initiale (reprise plus loin dans « ô cruelle ») jusqu’aux pronoms personnels (« tu m’as nourri », « tu m’as […] avoué quelquefois », « Que ne me réponds-tu ») et aux adjectifs possessifs (« ta mamelle », « ton nom »), répond dans les tercets une seule occurrence (« tes autres agneaux ») de termes inscrivant la présence du pays natal. Comme si le départ de la mère à la fin des quatrains laissait place dans les tercets à l’exposition de terreurs enfantines incontrôlée.

Les choix lexicaux et pronominaux sont donc parlants, de même que les modalités de la plainte : intensité de la souffrance (« je remplis de ton nom les antres et les bois » au vers 4, mention de la « tremblante horreur » qui fait hérisser [l]a peau » au vers 11), mais aussi colère mêlée de ressentiment et de dépit, sentiments que l’on se croit autorisé à exprimer face à un interlocuteur dont on sait confusément qu’il ne peut pas avoir totalement abandonné le sujet de la plainte (« Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau »).

La France, un refuge pour l’exilé

La France n’est pas seulement une figure maternelle, elle est aussi synonyme de valeurs et de symboles  vers lesquelles ce n’est plus seulement l’enfant, mais aussi l’exilé qui se tourne. Le portrait de la France développé dans le vers 1 est à lire dans toute sa dimension polémique. Le poète qui était parti pour Rome, ville de culture (les « arts »), qui fut le siège de l’Empire (les « armes ») et le fondement du Droit (les « lois ») n’a rien trouvé une fois parvenu à destination. Il se tourne donc à nouveau vers un pays natal dont il découvre trop tard qu’il est de toute éternité dépositaire de richesses vainement cherchées sur un autre sol.

Ces attributs constituent la France en une allégorie puissante et protectrice, un pôle de référence qui diffuse dans l’ensemble de l’univers les divers éléments qui concourent à la stabilité du monde en temps de paix (les « arts », les « lois ») ou qui permettent de se protéger efficacement en temps de guerre (les « armes »).   L’« enfant » (vers 5) qu’elle a vu naître et qui s’adresse à elle n’est pas sa seule production – ni sa seule réussite : elle enfante et produit non seulement des hommes qu’elle nourrit et protège (le « troupeau » du vers 14) mais aussi tout ce qui leur permet de vivre en société, de se protéger de l’adversité, et de laisser dans le monde la trace durable de leur domination.

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