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Dissertation de Baudelaire, les Fleurs du Mal

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Par   •  13 Mai 2021  •  Dissertation  •  4 413 Mots (18 Pages)  •  3 455 Vues

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Le recueil des Fleurs du Mal s’adresse aux lecteurs qui ont soif de réalisme cru, de modernité, le tout écrit avec une pointe de romantisme et de lyrisme. Des rappels sur notre vie, parfois durs, comme la mort ou l'addiction, sont les morales à retenir de ces poèmes. Nous nous laisserons surprendre par des descriptions, telles des peintures, tout au long de la lecture du recueil.

Les Fleurs du Mal de Baudelaire dont la première édition est parue en 1857 se constitue de poèmes qui restent à la fois modernes et intemporels bien qu’ils datent du XIXe siècle. Dans la préface de son recueil Baudelaire définit ce que l’on retrouve dans ses poèmes, c’est-à-dire “De la distinction du Bien d’avec le Beau; de la Beauté dans le Mal”. Il ajoute dans “Le Soleil” qu’il est possible d ' "ennoblir le sort des choses les plus viles".

Nous l’avions compris dès la lecture du titre de ce recueil, le but du poète alchimiste est de transformer la boue en or en extrayant la Beauté de la laideur. L’auteur veut sublimer toute chose qui compose sa société, son environnement. Pourtant, dans ses poèmes, Baudelaire montre la laideur du monde qui nous entoure de façon très réaliste. Il y a une part du poète qui cherche à pointer du doigt la vérité sans chercher à l’embellir. Nous pouvons ainsi dire que la poésie baudelairienne a pour objectifs, d’une part de rendre Beau ce qui à nos yeux pourrait être source de dégoût. D’une autre part, sa poésie se doit de dévoiler la vérité, de la montrer, de l’exhiber même si elle répugne ou qu’elle fait peur.

Il est donc légitime de se demander si la poésie sert seulement à embellir, anoblir les choses les plus viles. Autrement dit, dans quelle mesure le recueil Les Fleurs du Mal sublime l’immonde réalité?

Pour y répondre, nous verrons dans un premier temps de quelle façon, grâce à la poésie, Baudelaire fertilise le mal et le malheur. Mais, nous considérerons dans un deuxième temps en quoi la poésie baudelairienne ne correspond pas toujours à la Beauté mais au “Beau” de Baudelaire, témoignant ainsi de la réalité des horreurs qui nous tourmentent. Nous pourrons alors nous demander dans un troisième temps si la poésie a vocation à rendre moralement plus digne et à sublimer la réalité.

Certes, la poésie a pour rôle d’ennoblir ce qui pourrait nous paraître, avant son intervention, affreux, répugnant. Les poèmes sont marqués par la présence du dandysme, qui esthétise le réel.

Tout d’abord, Baudelaire a pour seule quête d’extraire l’or de la boue, en d’autres termes, de sublimer la misère par la Beauté. Le poète va donc mettre en lumière des idées, des personnes et casser l’idée première qu’on s’en fait, pour les valoriser et changer notre regard sur ce qui est évoqué. Par exemple, dans “Allégorie” le poète met en avant une prostituée qualifiée de débauche, de monstre parfois. Mais lorsque Baudelaire la décrit tout change : “Elle rit à la Mort et nargue la Débauche” (v.5); la femme devient forte devant ces allégories et personnifications qui représentaient au départ des fatalités pour elle. La prostituée incarne la Beauté, l’accessibilité à l’or car “elle marche en déesse et repose en sultane” (v.9). Ainsi, c’est en présentant la prostituée comme une femme précieuse que le poète redore son image. Car malgré tout, une prostituée reste une femme à par entière, source d’inspiration et de beauté. De la même manière, dans “A une mendiante rousse”, la mendiante sous les mots de Baudelaire devient d’une beauté égale à une reine : “Tu portes plus galamment/Qu’une reine de roman” (v.10,11). Ce qui n’était qu’une femme mendiant dans les rues sales de Paris devient au fur et à mesure une femme convoitée puisque “maint seigneur et maint Ronsard/Epieraient pour le déduit” (v.38,39). Par ces vers, nous comprenons que le processus alchimique s’est exercé sur cette femme, elle part d’un endroit boueux mais finit convoitée par les plus grands poètes comme de l’or. Encore une fois la femme a été transformée par la Beauté et par le biais de la poésie.

Cependant, ces transformations de femmes aux premiers abords répugnantes n’auraient pu avoir lieu sans l’écriture du poète.

Ensuite, Baudelaire se désigne lui-même comme un alchimiste puisque dans “Bribes” il dit: “J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or”. Ici nous parlons d’une alchimie poétique, qui, par le langage poétique, va transformer le Mal en Beau. Retenons donc que les manipulations chimiques, dans le cadre de la poésie, c’est l’écriture. Par exemple, dans “Le Soleil”, la deuxième strophe est une métaphore filée qui témoigne de l’essentialité du Soleil dans l’alchimie poétique. En effet, il est désigné comme un “père nourricier” (v.9); cette périphrase nous fait comprendre que le Soleil est essentiel comme des parents pour leurs enfants. De plus, Baudelaire se compare directement au Soleil au vers 17 : “Quand, ainsi qu’un poète, il descend les villes”. Ainsi, par le biais de la poésie, le poète transforme et illustre l’alchimie poétique, dans ce poème c’est le Soleil qui devient alchimiste. Il en est de même dans le poème “Le Vin des chiffonniers" dans lequel le chiffonnier est l'alter ego du poète, “comme un poète” (v.6). En effet, le chiffonnier transforme de vieux chiffons en habits, comme le poète transforme la boue en or, puisque leur vin “roule de l’or” (v.6). Ajoutons à cela le vers qui conclut ce poème: “L’Homme ajouta le Vin, fils sacré du Soleil”, qui indique que le Vin, au même titre que le Soleil, symbolise l’alchimie poétique dans ces poèmes. De cette façon, Baudelaire transforme, tel un alchimiste, le processus alchimique en éléments, produits ou personnes. Mais le poète ne se contente pas de parler de l’alchimie poétique, il l’exploite dans certains de ses poèmes pour échapper à la mélancolie, la tragédie, du monde qui l’entoure.

Enfin, la poésie permet de soigner le mal par la Beauté, d’échapper au spleen et au tragique de la condition humaine. Par exemple, le poème “Au lecteur” fait une synthèse des tares qui tourmentent l’Homme, la première strophe du poème est en effet une métaphore tragique de la condition humaine. La strophe suivante est une métaphore de la destinée, une destinée pessimiste et pleine de boue: “chemin bourbeux”(v.7).

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