Des rayons et des ombres

LECTURE ANALYTIQUE : V. HUGO, Les Rayons et les Ombres 

METHODE : LA LECTURE ANALYTIQUE

Introduction

1. a) Victor Hugo est aussi bien un auteur qu’un homme politique engagé (il a été député). Chef de fil du Romantisme, c’est un auteur prolixe qui a laissé à la postérité ses plus belles pages de poésies (La légende des siècles, les châtiments, les contemplations), de romans célèbres (Notre Dame de Paris, Les Misérables) et de pièces de théâtre. (Ruy Blas)

b) Il rédige le recueil Les Rayons et les Ombres en 1840, à l’époque où il rédige ses recueils romantiques comme Les feuilles d’Automne (1831), Les chants du Crépuscule (1835), Les Voix intérieures (1837). Ce recueil clôture la féconde décennie 1830-1840.

c) L’extrait que nous allons analyser est le premier poème de ce recueil ; c’est un extrait de ce long premier poème.

2. Nous allons nous demander quelle vision Hugo a de la fonction du poète, de son rôle dans la société.

3. Nous verrons que pour Hugo le poète doit, tout d’abord, être un visionnaire (I). Il doit être également un guide (II) et enfin, le poète doit servir d’intermédiaire entre le divin et les hommes. (III).

DEVELOPPEMENT  

1. Le poète est un visionnaire

Victor Hugo définit la mission du poète visionnaire, en terme de choix esthétiques, au travers de ce poème

1. Le poète, un visionnaire ; un virtuose de la poésie

a)En effet, par certains aspects, il prouve, au travers de ce poème, que le poète doit/peut rester fidèle aux règles classiques de la poésie.

On trouve, ainsi, par moments, l’alternance des rimes féminines et masculines chère aux classiques « Poète/sacré ; Complète/éclairé » (v. 23 à 26)

Il fait également alterner les rimes croisées (poète/complète ; sacré/éclairé v 23 à 26)  avec les rimes plates (têtes/prophètes v. 5 et 6) et embrassées (impies/utopies ; meilleurs/ailleurs v. 1 à 4) 

Cette variété de rimes, ce travail sur les rimes soulignent sa virtuosité et donc l’exigence esthétique que doit avoir tout poète avec son art.

b) Cependant, Victor Hugo, qui est avec Lamartine l’un des chefs de file du mouvement littéraire du Romantisme, prend certaines libertés avec ces contraintes classiques.

On peut citer en exemple les strophes qui sont des dizains, les vers qui sont des octosyllabes. L’octosyllabe était plutôt utilisé, dans la poésie classique, pour les genres comiques et légers.

Il joue également avec le rythme des vers : il a recours à de nombreux enjambements, qui créent une rupture entre la syntaxe et la métrique : « Le poète en des jours impies/Vient préparer des jours meilleurs » (v. 1 et 2) ; « Lui seul distingue en leurs flancs sombres/Le germe qui n’est pas éclos » (v. 28, 29) : ces enjambements atténuent la pause en fin de vers et renouent ainsi avec la fluidité de la parole. 

On évoquera enfin les topoï (motifs littéraires) propres à l’esthétique romantique, qui s’opposent à ceux de la poésie classique qui puisait principalement ses sources d’inspiration dans la mythologie gréco-romaine.

• la nature  « germe » v.29, « forêts, flots » v. 32
• L’expression des sentiments « amour » v. 13 ;
• La poète, paria de la société, rejeté du reste du monde « insulte » v. 8 ; « on le raille » v. 16 ; « Rit tout haut » v. 21
• Le mysticisme « Dieu parle à voix basse à son âme » (v.31)

2. Le poète a le regard tourné vers le futur

Le poète voit et comprend plus que le commun des mortels. Sa place dans la société fait donc du poète un témoin privilégié de son temps. On peut d’ailleurs relever des termes appartenant au champ lexical du temps «  jours » (v1 ; v.2, v.15) « Avenir » (v.10), « nuit » (v.25) ; « temps futurs » (v27).

Le poète possède une vision particulière contrairement aux autres hommes : non seulement, vers 11 « Il voit » mais même « Lui seul distingue » (v.28). Il peut seul voir au-delà des apparences.

Le verbe « distinguer » est à prendre, ici, dans ses deux sens :

• Distinguer par le sens : le poète voit
• Distinguer par l’esprit : le poète comprendre, analyse, mémorise

Victor Hugo considère le poète comme un visionnaire, car il est également capable de voir le futur « Faire flamboyer l’avenir » (v.10) lorsque les hommes demeurent figés dans le présent ou dans le passé « Quand les peuples végètent ! » (v. 11)

Ce don de voir au-delà des apparences donne au poète la responsabilité de guider les hommes, qui n’ont pas, comme lui, cette même vision du monde.

1. Le poète est un guide.

C’est bien parce qu’il a son regard tourné vers le futur que le poète a ce devoir de guider ses semblables.

1. Le poète instruit les hommes

Ce poème est un poème didactique : il vise à instruire les hommes. Plusieurs aspects soulignent cette fonction didactique

Tout d’abord, le poète s’adresse directement aux hommes, par l’apostrophe « Peuples ! » (v.22). Cette adresse directe aux hommes est reprise par le déterminant possessif « votre nuit » (v.25)

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