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De La Cour, Lecture linéaire

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Par   •  28 Mai 2020  •  Cours  •  1 968 Mots (8 Pages)  •  3 894 Vues

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De La Cour

Jean de La Bruyère (1645 – 1696) – Les Caractères, 1688

Axe de lecture :

Comment le regard naïf d’un étranger permet de faire ressortir les ridicules, les coutumes auxquelles on ne prête plus attention par habitude, brusquement grotesques ?

Jean de La Bruyère

Moraliste français, célèbre pour son œuvre unique « Les Caractères ou Les Mœurs de ce siècle ». C’est un livre composé essentiellement de portraits et maximes, regroupés parfois sous forme de chapitres qui représentent une unité thématique.  Bien qu’il critique les mœurs de la société de son temps et en dépeint les travers, ses observations sur la nature humaine restent intemporelles. J de La Bruyère a recourt à l’imagination et à la fiction pour permettre l’exercice de la pensée critique du lecteur.

Il s’inscrit dans la lignée des moralistes, tout comme Jean de la Fontaine ou François de La Rochefoucault car si son écriture vise à plaire, elle vise avant tout à instruire le lecteur, à lui délivrer une morale. C’est en cela qu’il s’inscrit dans le classicisme, prisant la mesure et refusant l’excès. Il défend la théorie des « Anciens » et se méfie de la nouveauté.

Dans cet extrait, il critique avec férocité les mœurs de la Cour en adoptant une sorte de regard étranger. C’est un portrait original dans le sens où il ne dépeint pas 1 individu mais un ensemble de personnages.

Dans un premier temps les jeunes gens et dans un deuxième les femmes pour finir avec la cérémonie de la messe.

1ère partie du texte  

procédé utilisé : le regard étranger sur une contrée imaginaire.

L1 :

  • l’on parle…
    Le narrateur est dissimulé derrière le ON global et indéfini (Pronom pers Indéfini)
  • d’une région : la Cour est évoquée comme s’il s’agissait d’un pays éloigné dont il précisera la position géographique dans les dernières lignes de cet extrait. 
  • …où les vieillards sont galants, polis et civils ; les jeunes gens au contraire…
    opposition entre les qualités des vieillards et les défauts des jeunes gens qui composent une partie de la population de ce pays imaginaire. Usage de nombreux d’adj qualificatifs. Alors que les premiers sont galants, polis et civils, les jeunes, au contraire, marque de l’antithèse, sont qualifiés de durs, féroces, sans mœurs ni politesse. Défauts et qualité s’opposent en tous points et on constate que les défauts l’emportent car ils sont au nombre de 4.

L2 :

  • Le moraliste affine sa critique en précisant que ces jeunes gens ne se comportent pas de manière habituelle et il les compare à tous les autres jeunes qui se trouvent ailleurs. Leurs mœurs seraient donc propres à ce pays imaginaire uniquement.
  • Il leur reproche d’être déjà dégoûté de l’amour des femmes très tôt et cela lui semble une aberration. Il utilise le terme plutôt mélioratif, le verbe s’affranchir qui signifie être capable de se détacher d’une passion, s’en libérer, pour montrer que ces jeunes hommes sont, prématurément, blasés et ne cherchent plus à connaître l’amour ;
    Serait-ce le signe de trop de galanteries à la Cour ? La Bruyère nous renverrait ici une image proche de celle de Mme de La Fayette qui dépeint les dangers des amours à la Cour et la multiplication des intrigues amoureuses ;

L2 & 3

  • Au lieu de se tourner vers les femmes, ces jeunes gens préfèrent des repas, des viandes… D’un point de vue moral, la comparaison entre la nourriture et la bonne chère comme une alternative à la chair, c’est-à-dire l’amour, parait discutable.

L4

  • A la fin de cette proposition on découvre la mention d’amours ridicules. Nous pouvons nous demander ce que le moraliste veut nous indiquer par ces termes. Est-ce qu’il y a une différence entre les amours sérieux et les amours dits ridicules ? Est-ce une critique des nombreuses aventures adultères ou des amours homosexuelles qui désignerait une partie de la Cour (notamment M. Philippe d’Orléans ; frère du roi, réputé pour ses liaisons masculines et son goût de la fête qui mettait fort en colère la reine).

L4 & 5

  • Nous pouvons faire le lien entre le style de vie de M. Ph d’Orléans et la description faite dans cet extrait avec les mots débauche de la ligne 5,
    les notations paradoxales : ne boire que du vin qui leur est trop doux, du coup ils cherchent des boissons plus fortes les liqueurs les plus violentes usage du superlatif les plus…  comme les eaux-de-vie ou l’eau-forte (référence à l’acide nitrique dont se servent les graveurs pour dessiner dans le cuivre, mélangé à de l’eau cela devient un puissant décapant corrosif, mortel s’il est ingéré).
    Est-ce que La Bruyère dépeint une forme de décadence à la Cour ou le faste était de rigueur. Lorsque Louis XIV s’installe à Versailles, il est entouré que près de 10000 personnes au quotidien !!
    Fait-il référence aux nombreuses tentatives d’empoisonnement à la Cour en nommant un poison toxique capable de tuer l’homme (eau-forte). Il joue avec la parenté du  mot eaux-de-vie qui renvoie à des alcools forts.

2ème partie du texte

Il accuse les femmes de la Cour d’être trop artificielles

L5

  • Précipitent le déclin de leur beauté pour signaler que leur maquillage excessif les enlaidit au lieu de les embellir.

L6

  • Croient l’usage du verbe croire précise qu’elles sont dans l’erreur de jugement
  • Peindre ce verbe sous-entend l’épaisseur du maquillage,

L7

  • l’ampleur de la transformation physique via l’énumération des parties du corps que les femmes de la Cour montrent avec impudeur, notamment leurs épaules, leur gorge, leurs bras… Par cette énumération La Bruyère souligne les transformations des tenues féminines à la Cour (Sous Anne-d’Autriche, régente de son fils Louis XIV les tenues étaient austères, mais dans la seconde moitié du règne du roi Soleil, les costumes avaient changé : manches plus courtes, coiffures plus travaillées, apparition du maquillage).  
  • avec l’usage du verbe étaler, péjoratif car il reflète le comportement amoral des femmes de la Cour, leur volonté de montrer et de plaire, le manque de pudeur de leurs tenues.
  • Comme si… introduit une comparaison qui est un sarcasme car les femmes de la Cour n’atteignent pas leur objectif : celui de plaire.
  • Comme si elles craignaient de cacher l’endroit par où elles pourraient plaire paradoxe  utilisé pour souligner sa critique  de l’impudeur, montrer que les femmes sont très dénudées, que leurs tenues sont impudiques en révélant publiquement, par leurs toilettes, les parties de leur corps jusque-là cachées (bras, poitrine et cou).

L8

  • Les tenues vestimentaires des hommes sont aussi critiquées avec une nouvelle coutume qui choque La Bruyère : il s’agit du port de la perruque. Il qualifie cette dernière de cheveux étrangers. En effet les perruques sont composées de cheveux qui n’appartiennent pas, en propre, à ceux qui les portent et le terme étrangers peut ainsi renvoyer au contexte imaginaire de cette « région » étrange et lointaine qu’est la Cour.

L9

  • Le moraliste reproche au port de la perruque de rendre la physionomie confuse ce qui est présenté comme un défaut contraire à la netteté et aux naturels (cheveux).

L10

  • De plus la perruque est également accusée de modifier l’aspect de la personne qui la porte d’en changer les traits.
  • Elles brouillent les repères et semblent empêcher qu’on connaisse les hommes à leur visage. Est-ce ici une référence à l’expression « Montrer son vrai visage » qui signifie est franc, ne rien dissimuler ?  On retrouve ici les mêmes reproches que ceux formulés à l’encontre des courtisans dans la Princesse de Clèves, des hommes et des femmes qui dissimulent leurs véritables sentiments.

Les apparences prennent ainsi le dessus sur le naturel ce qui est quelque peu contraire à l’esprit de l’honnête homme, le modèle que défendent les moralistes.

3ème et dernière partie du texte

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