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Commentaire composé Maupassant Bel-Ami

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Par   •  17 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  1 065 Mots (5 Pages)  •  742 Vues

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Commentaire composé

(pp 31-32) De « Il tourna vers la Madeleine […] » à « […] aux jours de grandes manœuvres »

Le héros du roman réaliste est souvent malmené. Issu d’une classe moyenne empreinte d’une certaine précarité au XIXème siècle, il s’efforce de survivre dans une société qui connaît une expansion vertigineuse. Aussi il n’est pas rare que les aspirations du héros soient problématisées dans les incipit  par l’expression d’un manque.

C’est ainsi qu’apparaît le héros du roman de Guy de Maupassant, Bel-Ami, écrit dans les années 1880.  Sous les traits de Georges Duroy, un employé de bureau du chemin de fer du Nord, se profile un homme plutôt bien fait de sa personne qui remonte les boulevards parisiens en direction des Champs-Elysées et du bois de Boulogne pour y trouver un peu de fraîcheur. En effet, la chaleur étouffante d’un soir d’été semble accabler le promeneur solitaire et dans l’extrait qui nous intéresse, c’est par l’expression d’une soif tenace que le désir se manifeste.

C’est la raison pour laquelle nous nous efforcerons de montrer que la convoitise exprimée dans l’incipit contient déjà en germe l’ascension sociale de George Duroy. Nous analyserons comment Maupassant s’attelle à insinuer le manque dans la conscience du protagoniste et nous nous attacherons à identifier  les manifestations d’impressions sensorielles pour comprendre comment elles autorisent le lecteur à entrevoir les ambitions du héros réaliste.

Georges Duroy apparaît dans l’extrait comme confondu dans une « foule » dont il suit le « flot ». S’il est en quête de fraîcheur, voire de « rencontre amoureuse », il est avant tout conditionné dans une métaphore filée empruntée au liquide – « le flot, « coulait », « débordaient » -  par le flux massif des promeneurs comme s’il ne pouvait pas s’en extraire. Le fait de suivre dénonce l’incapacité de l’individu à se mouvoir à contre-courant dans une société en pleine effervescence. La thèse d’un héros dont la destinée semble désormais verrouillée annonce que tout ce qui s’ensuit échappe au contrôle de notre protagoniste. Ainsi l’envie de fraîcheur conduit Georges « vers la Madeleine », déterminé vers une Madeleine dont il ignore encore l’identité. Duroy est alors mis à l’épreuve dans la scène que lui inflige Maupassant. La foule dans son entier « coulait accablée par la chaleur », si bien que les cafés sont « pleins de monde », au point de déborder « sur le trottoir », « étalant » ainsi leur public de buveurs « sous la lumière éclatante […] de leur devanture ». Tout est savamment mis en scène afin que notre héros soit dans l’impossibilité de ne pas porter une attention toute particulière à ce spectacle. Le monde étalé dans une lumière éclatante est le meilleur moyen d’annoncer l’imminence du besoin immédiat de Duroy, « l’envie de boire ». Au fil de la métaphore, l’œil est alors attiré par le contenu des verres des consommateurs dont les couleurs varient, attirant ainsi le regard, pour achever sa course sur les « gros cylindres transparents de glace » qui refroidissent « la belle eau claire ». La soif de Duroy est exacerbée par l’opposition entre la chaleur de l’été et le refroidissement des boissons, soulignée dans un chiasme sémantique : en effet, on passe des « cylindres de glace qui refroidissaient » (A) « la belle eau claire » (B) aux « boissons » (B) désormais « froides » (A). Nous assistons alors dans l’esprit du héros à la transformation de « l’envie de boire » en une « sensation délicieuse ». C’est donc à travers une expérience sensible infligée par le milieu environnant – la chaleur, la lumière, les couleurs des boissons – que Georges Duroy éprouve une sensation à laquelle il n’accède qu’en pensée.  Par l’imagination de la sensation de fraicheur que produit le liquide « coulant dans la bouche », le narrateur omniscient nous plonge dans le monde intérieur du héros. Son esprit dès lors activé, Georges Duroy se perd dans des calculs d’épicier eu égard au peu d’argent en poche qui ne l’autorise pas à satisfaire immédiatement sa soif. Le dilemme devient alors cornélien et autorise notre envieux à porter un jugement sur les « hommes qui pouvaient se désaltérer », dont « l’habit » les autorise à occuper les terrasses. Ainsi se transforme son désir en convoitise.

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