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Commentaire Spleen Baudelaire

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Par   •  6 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  1 532 Mots (7 Pages)  •  1 548 Vues

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Spleen « Quand le ciel bas et lourd… », Baudelaire : analyse linéaire

Le poème que je vais vous présenter est extrait de la section « Spleen et idéal » du recueil Les Fleurs du mal, publié en 1857 de Charles Baudelaire. C’est le dernier poème d’une série de quatre poèmes regroupés sous le titre de « Spleen ». Le mot spleen est emprunt de l’anglais et signifie littéralement rate. Selon la médecine ancienne, la rate signifie par métonymie l’humeur noire qui est à l’origine de la mélancolie. En faisant un lien avec le titre de la section, on pourrait donc dire que le poète est prisonnier de sa mélancolie, le spleen, qui l’empêche d’atteindre un idéal. Ce poème est composé de 5 quatrains d’alexandrins, dont les rimes sont croisées. Sous forme de visions, le poète évoque son état d’âme. Je vais maintenant vous faire la lecture de ce poème.

Dans cette analyse linéaire, nous allons voir comment est décrit le spleen qui gagne Baudelaire.

        Dès la 1ere strophe, le Spleen est très  présent. La première image crée immédiatement une sensation d’étouffement. Dans le même vers, quatre termes « bas », « lourd », « pèse », « couvercle » expriment l’enfermement du poète. La comparaison ciel/couvercle est à l’inverse de ce qui est attendu : le ciel est traditionnellement associé à l’infini et à la liberté comme en témoigne l’utilisation des termes « ciel », « horizon », « esprit », « jours ». Mais on constate qu’ils sont immédiatement contrés par des termes qui expriment la fermeture : « couvercle », « ennuis », « cercle », « nuits ». L’impression de pesanteur propre à la migraine  est reproduite ici. Le poète est passif et se réduit à un « esprit gémissant » (v.2). Le spleen se profile à « l’horizon » (v.3) comme une menace lointaine qui s’avance. Le sentiment de douleur est renforcé par l’allitération en « k » : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ». Cependant, la douleur est autant morale que physique, comme l’indique la fin de la strophe « jour noir plus triste que les nuits » v.4 puisqu’il évoque la tristesse. Au lieu d’évoquer l’immensité et l’infini, le ciel semble fermer l’horizon puisqu’il en embrasse  « tout le cercle » v.3.

Dans cette première strophe, on remarque une confusion entre le paysage extérieur (la nature) et le paysage intérieur (l’âme du poète). On voit ce parallèle avec le « ciel bas et lourd » (paysage extérieur) et avec de « longs ennuis » (paysage intérieur). On ne sait pas si le ciel s’harmonise avec son état d’esprit ou s’il souffre parce que le temps est propice à la tristesse. Le « jour noir plus triste que les nuits » évoque en effet un temps pluvieux. L’ennui étreint les journées et la nuit apporte davantage de repos. Le  « jour noir » est d’ailleurs une oxymore qui traduit une vision subjective et pessimiste.

L’idée d’enfermement se poursuit dans la seconde strophe. Le couvercle de la strophe 1 devient un « cachot humide ». De nouveau, on retrouve le paradoxe de l’espace large (ciel, terre) qui provoque une impression d’étouffement propre à l’espace clos. Le spleen a donc le pouvoir de transformer l’univers entier en une structure oppressante où l’esprit du poète est prisonnier. La seconde strophe associe à l’étouffement une impression d’humidité désagréable propre à inspirer le dégoût : la métaphore du « cachot humide » tout d’abord, reprise par « plafonds pourris » à la fin de la strophe.

L’enfermement, ce serait aussi ce sentiment que le Spleen gagne les habitations, les refuges possibles, puisqu’il touche aux « murs » (v.7), aux « plafonds » (v.8).

D’autre part, les idées noires de l’auteur sont exprimées de manière imagée. Il convoque un  certain nombre de visions effrayantes, mais traditionnelles. La chauve-souris est communément associée à la mort, aux cauchemars, mais étrangement elle incarne l’espérance dans le poème. Le spleen a donc également le pouvoir de métamorphoser des idées ou des concepts positifs en idées ou concepts négatifs.  Le deuxième quatrain poursuit la métaphore filée entre le monde et un espace carcéral : « cachot », « murs », « plafonds », « prison ». Le monde devient ainsi une prison angoissante et sans issue. Le participe présent « s’en va battant » insiste sur la durée des efforts inutiles de la chauve-souris qui tourne sans trouver d’issue. Les allitérations en p et en t (« s’en va battant les murs de son aile timide / Et se cognant la tête à des plafonds pourris ») font entendre au lecteur les coups de la chauve-souris contre les murs, renforçant le sentiment d’enfermement. Le spleen empêche donc le poète d’atteindre un idéal. L’assonance nasale en « an » (« changée en un cachot », « Espérance », « s’en va battant », « se cognant ») fait entendre les sonorités du spleen, celles d’une plainte languissante et persistante. A nouveau, la seconde strophe prolonge la métaphore et la fusion entre l’esprit et le paysage. La terre, « changée en cachot humide » (paysage extérieur) l’amène au désespoir (« l’Esperance, comme une chauve-souris… » : Paysage intérieur).

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