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Commentaire Littéraire Dom Juan III, 1

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Par   •  26 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  1 422 Mots (6 Pages)  •  1 286 Vues

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Introduction :
        
        Dom Juan ou le festin de Pierre est une tragi-comédie écrite en 1665 par Molière, inspirée du mythe créé par l’Espagnol Tirso de Molina. Cette pièce nous conte les aventures d’un grand aristocrate espagnol et de son fidèle serviteur, inspiré de la comdia dell arte, Sganarelle. En pleine époque classique, Molière crée une pièce baroque sur le sujet du libertinage. Tout comme Tartuffe,
Dom Juan subit rapidement la censure après quelques représentations. Sganarelle et son maître viennent d’échapper à des poursuivants en se déguisant. Don Juan ressemble à un homme du peuple alors que Sganarelle porte une robe de médecin. Enivré par ce costume, il décide de débattre avec Don Juan sur l’existence de Dieu.

> Lecture

> Qui sort victorieux de cette scène I de l'acte III ? Nous détaillerons l'argumentation du valet de Don Juan, avant de mettre en avant le caractère comique de la scène.

I- L’argumentation de Sganarelle.

A) Opposition de deux opinions.

  • L'extrait débute par une apostrophe sous la forme d'une question introductive et théologique de Sganarelle : « Est-il possible que vous ne croyiez point du tout au ciel ? » (l. 1-2).
    S'ouvre un débat sur l’existence de Dieu qui se poursuit tout du long par l’emploi répétitif du « vous » par Sganarelle pour interpeller Don Juan. Affiche une certaine redondance touchant à son paroxysme l. 26-27 : "
    Vous voilà vous par exemple vous êtes là "
  • Stratégie d’évitement de la part de Don Juan au départ avec des interjections et onomatopées : " Eh ! " (l. 5) ; " Ah ! Ah ! Ah ! " (l. 9). Le silence prédomine.
    «
    Je crois que deux et deux sont quatre » (l. 18) =  marque la dichotomie entre les deux raisonnements. Sonne comme une maxime avec du présent de vérité général > esprit cartésien : exclu la foi au profit d'un raisonnement logique. Met en avant son esprit rationaliste avec le verbe "être" ô combien philosophique.
  • Insistance de Sganarelle qui s'inscrit dans une démarche inquisitrice en  énumérant des points de croyance religieuse : « Ciel » (l. 2) , « Enfer » (l. 4), « diable » (l. 6), « autre vie » (l. 8). L’ambition de Sganarelle n’est pas seulement de prouver l’existence de Dieu. Il souhaite convertir Dom Juan comme un prêcheur qui fait un sermon pour convertir son auditoire : « Voilà un homme que j’aurai bien de la peine à convertir » (l. 10)

B) Un raisonnement "construit".

  • Sganarelle engage sa conviction personnelle : répétition de « je » durant sa tirade : "je vois" l. 19 + 23.  il s’implique « Pour moi » (l. 21)
  • La première phrase de son argumentation = exorde accrocheur grâce à l’emploi de l’ironie : « La belle croyance et les beaux articles de foi que voilà ! » (l. 19) et de l'exclamation.
    La seconde phrase, interrogative = pose
    sujet du sermon : « Votre religion, à ce que je vois, est donc l’arithmétique ? ».
    La troisième phrase reprend un
    topos classique de la Bible et de la littérature religieuse : l’antithèse entre la sagesse (« bien moins sage » l. 21) et la folie (« étranges folies » l. 20).
    Arguments concrets avec des exemples tirés de la nature et du corps humain : énumérations «
    arbres-là, ces rochers, cette terre et ce ciel » (l. 25-26), « ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères » (l. 29-30).
    Conclusion «
    Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose […] expliquer »  (l. 34-35).
  • Dieu =  comme un grand architecte. > Sg. essaie d’universaliser son raisonnement par du présent de vérité générale ou des formules impersonnelles : « Il faut avouer » (l. 20), « on en est bien moins sage »
    (l. 21).

C) La conviction de Sganarelle.

  • Défense d’une conviction fondamentale pour Sganarelle, plusieurs expressions démontrent son incrédulité face à la position de Don Juan : « Tout de même » (l. 6), « Et voilà ce que je ne puis souffrir » (l. 13).
  • Émotion dans les répliques de Sganarelle, qui se voit par la tonalité polémique vis-à-vis de Don Juan : il le harcèle de 6 questions l. 1 à 21.
  • Arrive à se convaincre lui-même qu’il a raison : « quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer » (l. 34-35). Le thème lui tient vraiment à cœur. Cependant, malgré toute son envie, l’argumentation de Sganarelle est trahie par son caractère comique.


II- Une scène comique.

A) Comique de mots.

  • Se voit à travers des expressions inadéquates ou vulgaires : métaphore monde-champignon (l. 24), terme familier « engrossé » (l. 27), périphrase des organes l. 30 : « ingrédients ».
  • Énumération des organes s’arrête brutalement par manque de connaissance de Sganarelle : « ces artères, ces… ce poumon », hésitation/aposiopèse qui réduit la crédibilité du discours.
  • Il se dévalorise lui-même : « Je n’ai point étudié comme vous » (l. 21-22). Fait preuve de fausse modestie avec répétition de "petit" : « mon petit sens, mon petit jugement » (l. 23) > Selon Sg. le savoir est ce qui a détournée son maître de la foi = éloge de l'ignorance.


B) Comique de gestes.

  • Costumes qui transforment les personnages et changent le niveau social : Don Juan vêtu pauvrement, Sganarelle médecin. Propre au Baroque.
  • Accumulation de mouvements dans la dernière réplique qui le rend ridicule = pantomime comique : « Je veux frapper des mains, [...] en arrière, tourner… »
    (l. 37-38).
  • Didascalie : « Il se laisse tomber en tournant » (l. 39) > Chute farcesque & polysémique : réel et métaphorique, représente aussi chute de son raisonnement.

C) Un Don Juan moqueur

  • Superstition populaire du « Moine-Bourru » (l. 11) déclenche l’exaspération chez Don Juan : « La peste soit du fat ! » (l. 12).
  • Manque de réactions de Don Juan au débat proposé par Sganarelle, semble le prendre avec suffisance : réponses lapidaires et sèches.
    Il montre les faiblesses de Sganarelle par son attitude : «
    vous vous taisez exprès » (l. 32).
    La réplique de Dom Juan «
    J’attends que ton raisonnement soit fini » montre la posture libertine du prédateur qui attend la chute de sa proie pour la dévorer. L'antiphrase du terme « raisonnement » souligne aussi le calme de Dom Juan qui se moque silencieusement de son valet.
  • Il joue avec lui et sort finalement triomphant sans avoir dû faire grand chose.

    Conclusion :

            Sganarelle essaye ici finalement d’imiter son maître Don Juan, qui s’amuse des difficultés de son valet, mais il ne possède pas l’aisance du grand seigneur. Son raisonnement s’écroule finalement  par son manque d’éloquence et les pièges de Don Juan qui sort victorieux de cette disputation aux allures parodiques.
    Ouverture : éloge de l’infidélité par Don Juan dans la deuxième scène de la pièce. Argumentation + discours = bcq mieux maîtrisé que celui de Sganarelle qui peine à fournir un point de vue aussi construit pour attaquer le libertinage, et surtout mettre en avant l’existence de Dieu.

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