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Comment Madame de Lafayette parvient-elle à donner, à une aventure humaine ordinaire, la dignité d’une tragédie ?

Dissertation : Comment Madame de Lafayette parvient-elle à donner, à une aventure humaine ordinaire, la dignité d’une tragédie ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Mars 2021  •  Dissertation  •  1 234 Mots (5 Pages)  •  664 Vues

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Pb : Comment Madame de Lafayette parvient-elle à donner, à une aventure humaine ordinaire, la dignité d’une tragédie ?

     Le siècle de Louis XIV est dominé par le classicisme, mouvement dont les valeurs sont l’ordre, la mesure et l’harmonie. Caractérisé par des règles strictes, il a pour double objectif « placers et docere » qui signifie en latin « plaire et instruire ». De grands auteurs marquent cette période tels que Molière, Racine, La Fontaine mais aussi Mme de La Fayette. Cette dernière, de son nom de jeune fille Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, épouse le comte de La Fayette. Elle brille dans les salons mondains par son esprit. Elle ne revendique pas ses œuvres qu’elle publie anonymement et est elle est appelée « Le Brouillard » par ses amis. Elle écrit notamment La Princesse de Montpensier (en 1662) et La Princesse de Clèves (en 1678) en collaboration avec son ami La Rochefoucauld. Ce dernier récit est considéré comme le premier roman moderne. L’auteur y raconte l’histoire d’une femme mariée, le personnage éponyme, qui lutte contre son amour coupable pour le duc de Nemours. Sa passion la mène à des extrémités auxquelles son éducation ne l’a pas préparée.En effet, son enfance fut comblée par l’apprentissage de la bertu par sa mère , Mme de Chartres.

     Nous pouvons alors nous demander en quoi La Princesse de Clèves ressemble à une tragédie classique.

     Dans un premier temps, nous verrons que les caractéristiques d’une tragédie peuvent être illustrées par ce roman d’analyse. Dans un second temps, nous étudierons la manière dont il s’inscrit dans son époque.

     En premier lieu, il est possible de considérer La Princesse de Clèves comme une tragédie selon la définition donnée par Aristote : « La tragédie est la représentation d'une action noble [...] mise en œuvre par les personnages du drame [...] en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise une épuration de ce genre d'émotions ». Tout d’omme la reine dauphine. La grandeur de ces personnages tient également à leur culture et à leur éducation. Madame de La Fayette s’attarde lors du long portrait de son héroïne sur son éducation que lui a dispensée sa mère pendant son enfance en lui peignant l’amour et lui enseignant la vertu. Ces personnages puissants se caractérisent finalement par leur grandeur morale. C’est le cas du Prince de Clèves. Ce personnage conserve sa dignité en toutes circonstances : il aime sa femme sans en être aimé, il souffre de la jalousie en silence. Au moment de l’aveu de sa femme à Coulommiers, il éprouve de l’estime et de l’admiration pour elle. Il insiste pour obtenir le nom de l’amant mais n’y parvenant pas, il ne s’emporte pas. Ces figures apparaissent donc comme des personnages des tragédies antiques.

     Ensuite, la tragédie se caractérise par son registre tragique qui se définit par l’impuissance des héros face à la fatalité. Comme chez Racine, la passion interdit la liberté. Son étymologie latine  « patior » renvoie d’ailleurs à la souffrance. C’est ainsi que l’amour du prince de Clèves peut être considéré comme une maladie, un poison qui va le tuer. En effet, la jalousie amène le prince à interpréter de façon erronée le rapport que lui fournit le gentilhomme qu’il a envoyé espionner la princesse à Coulommiers. Celui-ci lui explique avoir vu deux nuits de suite le duc de Nemours s’introduire dans le jardin, le prince pense aussitôt que sa femme lui a été infidèle. Le soir-même il est pris d’une fièvre qui l’emporte peu de temps après. Le lecteur assiste à l’engrenage tragique qui a mené à cette issue fatale : c’est d’abord l’ordre de Henri II lancé à la princesse de prendre le duc pour cavalier qui apparaît comme une fatalité. Puis la dauphine joue un rôle dans le rapprochement des amants pour récrire la lettre adressée au vidame par Mme de Thémines, mais aussi lors du vol du portrait de la princesse. Enfin, l’aveu de Coulommiers amène des difficultés entre le mari et son épouse. Ce destin funeste les frappe ; la tragédie est donc au service d’une vision pessimiste de la passion amoureuse.

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