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La Science Parvient-elle à La vérité

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Par   •  9 Mai 2015  •  3 888 Mots (16 Pages)  •  4 390 Vues

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La science parvient-elle à la vérité? (dissertation)

La science parvient-elle à la vérité ?

Introduction

On associe spontanément science et vérité, et on a raison de le faire. Quand des vérités établies par une science selon un protocole précis et rigoureux sont contestées au nom de l’opinion ou du préjugé, on sait, bien sûr, que la vérité doit se trouver du côté de la science. Pourquoi ? Parce que les vérités établies par la science font l’unanimité (des savants, dans un premier temps, puis de tous, ou presque, dans un second temps) et parce qu’elles font leur preuve : les prévisions scientifiques sont fiables, la médecine scientifique, par exemple, nous apporte assez souvent la preuve de sa validité, en guérissant ou en prévenant les maladies ; les ingénieurs construisent des édifices et des ponts dont la solidité est avérée, les climatologues font des prévisions réputées fiables.

Faut-il pour autant en déduire que la science « parvient à la vérité » ? Pour cela il faudrait que la vérité soit située dans un lieu ou un espace, ou bien localisée dans une position à laquelle on puisse accéder. Une telle conception de la vérité présuppose que la vérité existe comme une chose ou une réalité, donc préexiste à sa découverte par les savants et les philosophes. Ce présupposé nous semble très contestable.

I. Parvenir à la vérité est l’objectif affiché par la science

On admet habituellement que les thèses scientifiques sont vraies. La vérité est l’adéquation à la réalité. Mais si les thèses scientifiques sont vraies, sont-elles pour autant définitives ? Incontestables ? Et en quoi la recherche de la vérité par les savants se distingue-t-elle de la recherche de la vérité par la philosophie ?

1. Sciences et philosophie

On sait que sciences et philosophie, à l’origine, sont étroitement liées (Au fronton de l’Académie de Platon, on pouvait lire : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ») puis vont se différencier peu à peu mais conserveront toujours en commun cet objectif : tendre vers la vérité. Chez Platon, les maths sont le passage obligé vers ce qu’il nomme l’« anhypothétique » (ce qui précède toute hypothèse) vers quoi s’orientent philosophes et savants, mais sans jamais l’atteindre. La science reste « hypothétique » c’est-à-dire suspendue à des hypothèses (les postulats). Seule la philosophie va au-delà de l’hypothèse, vers la source de toute hypothèse (l’« anhypothétique »), c’est-à-dire le Bien, source de toute vérité et de toute valeur (cf. Allégorie de la caverne, République 7).

2. Mais si la philosophie est « recherche et amour de la vérité », cela signifie qu’elle n’atteint pas la vérité

Car si elle l’atteignait, elle cesserait d’être (« Toute vérité est fausse dès lors qu’on s’en contente » dit Alain). La philosophie, qui est une discipline « spéculative », notamment dans sa dimension métaphysique, progresse très peu, voire pas du tout. Au contraire la science ne cesse d’accumuler les découvertes et d’enchaîner les certitudes fondées sur l’observation, certitudes qui permettent d’agir avec efficacité sur le réel, comme l’a expliqué Kant dans la Préface de la seconde édition de la Critique de la raison pure (voir extrait ci-dessous, texte 1). Donc la science semble détenir des vérités incontestables, contrairement à la philosophie qui vise la vérité sans prétendre pouvoir l’atteindre.

3. Tandis que la philosophie a pour objet « l’être en tant qu’être », la science ne s’occupe que d’un secteur de l’être (« l’être en tant que ceci ou cela »)

La science ne « détient » pas la vérité, en général, mais cherche à établir des vérités dans un domaine restreint (les nombres et les figures, par exemple, pour ce qui concerne les mathématiques, ou les lois de la matière et du mouvement pour la physique).

Conclusion de la première partie

Si la philosophie et la science recherchent toutes deux des « vérités », les philosophes reconnaissent aujourd’hui unanimement - ou presque Ŕ que la science seule fournit des certitudes qui font l’unanimité et qui permettent d’agir sur le réel avec efficacité.

II. Les sciences établissent des vérités mais celles-ci demeurent partielles, provisoires et même contestables.

Si la science détenait la vérité ou les vérités, elle pourrait remplacer la philosophie. On appelle « scientisme » la doctrine qui prétend que la science possède des vérités, a réponse à tout, et peut remplacer la philosophie. Mais le scientisme oublie plusieurs aspects de la question… 17

1. Il ne faut pas dire « la » science mais « les » sciences

Les sciences se répartissent en trois groupes : les sciences formelles (maths et logique), les sciences de la nature, dites sciences exactes, et les sciences de l’homme. Chacune a ses méthodes, son langage, ses critères de vérité. La « vérité » en médecine, qui comporte toujours une certaine part d’incertitude (par exemple dans le cas de l’estimation de la validité d’un vaccin), ce n’est pas la même chose que la « vérité » en maths ou logique. La « vérité » en histoire admet une large part de subjectivité, ce qui est exclu dans les sciences exactes etc.…

2. Il ne faut pas confondre vérité et certitude

Les sciences exactes parviennent à des certitudes. Mais ce sont des certitudes partielles (propres à leur objet), provisoires (remaniement constant des modèles scientifiques) et surtout négatives (chaque progrès scientifique permet d’éliminer une erreur (comme la thèse de la « génération spontanée » d’Aristote, ou celle de l’hérédité des caractères acquis de Lamarck) et donc de se rapprocher de la vérité. La vérité n’est ici qu’approchée, pas « détenue » (voir ci-dessous les textes 2 de Bergson et 8 de Russell). De plus les « certitudes », en matière de sciences humaines, restent toujours problématiques : en fait ce ne sont ni des vérités, ni des certitudes inattaquables, mais des hypothèses fécondes, toujours discutables et discutées (comme ce fut le cas pour les théories de Freud concernant l’inconscient).

3. Les sciences sont d’autant plus fiables qu’elles sont plus abstraites et formelles

Le « plus de rigueur » (de la logique ou des maths) se paie en « moins de sens ».

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