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Citation "Longtemps j'ai pris ma plume [...] cela sert tout de même" de Jean Paul Sartre

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Par   •  22 Mai 2022  •  Dissertation  •  1 527 Mots (7 Pages)  •  2 676 Vues

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Jean Paul Sartre affirme à la fin de son autobiographie, Les Mots (1963) : « Longtemps j’ai pris ma plume pour une épée : à présent je connais notre impuissance. N’importe : je fais, je ferai des livres ; il en faut ; cela sert tout de même. » En quoi cette pensée du philosophe éclaire-t-elle votre lecture d’Olympe de Gouges, et de la littérature d’idées en général ?

En 1789, un des textes les plus célèbres de la littérature d’idée a vu le jour : il s’agit de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cet écrit a fondé les idées de liberté et d’égalité dans l’esprit de la France. Pour certains écrivains, les mots sont un outil de persuasion. Cependant, Jean-Paul Sartre estime l’écriture comme une arme impuissante, mais qui « sert tout de même ». Sa pensée met en lumière le paradoxe de la littérature d’idée : entre inutilité et nécessité. Nous nous demanderons alors si la littérature, et notamment la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, peut être une arme efficace pour défendre des idées ? Notre raisonnement s’appuiera d’abord sur l’efficacité de la littérature pour défendre des idées, puis sur sa fragilité face au combat.

D’un premier point de vue, la littérature peut être efficace pour défendre des idées. La langue a une telle richesse de vocabulaire, de structures, de registres que tous types d’idées, sentiments, revendications peuvent être retranscrits. Le registre polémique est une façon d’exprimer violemment une opinion, une idée. Il marque les esprits, met en avant un sentiment de révolte. Ainsi, dans le préambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges accuse sévèrement les hommes de tyrannie, à l’aide de ce registre, de questions oratoires et rhétoriques. Elle dénonce leur comportement injuste. A la lecture, l’impression est qu’un cri, enfermé depuis des années, retentit enfin. Dans l’adresse aux femmes, elle dénonce ce comportement silencieux de leur part avec le même ton. Le comique permet de dénoncer par le rire, souvent par le biais de l’absurde. Il fait appel à la logique du lecteur. Le fait qu’il réalise lui-même l’absurdité de la situation, et donc qu’il faut la changer, rend la littérature efficace pour défendre l’idée en question. Dans Femmes, soyez soumises à vos maris, Voltaire dénonce l’absurdité de la domination masculine par le biais d’un personnage fictif. Il met en scène un comique de caractère et de situation, pour ridiculiser la soumission des femmes à leur mari. L’ironie est aussi un moyen de faire réfléchir le lecteur, souvent à travers un raisonnement par l’absurde, où l’on soumet les conséquences absurdes de la thèse opposée. Par exemple, Montesquieu, dans son ouvrage De l’esprit des lois, plus particulièrement dans la partie « De l’esclavage des nègres », donne successivement des « raisons » injustifiées pour lesquelles les nègres ont été rendus esclaves. Tout son raisonnement est ironique, et les raisons sont tellement ridicules, que le lecteur s’aperçoit que l’esclavage est injuste. L’utilisation d’un vocabulaire spécifique ou de champs lexicaux adaptés permet de cibler une idée précise, et montre la volonté de l’auteur. Dans Ainsi soit-elle, Benoite Groult utilise le vocabulaire de l’anatomie féminine à foison, pour choquer le lecteur et faire changer les mentalités sur les tabous, en mettant au premier plan ce dont personne ne parle. Olympe de Gouges utilise le vocabulaire politique dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, afin de montrer que ce texte doit rentrer dans la vie politique du pays.

La littérature est également efficace car elle touche le lecteur. En le faisant voyager, dans des récits fictifs, les auteurs peuvent glisser des messages, des critiques, que le lecteur peut intégrer sans trop s’en rendre compte. C’est le cas des contes philosophiques, et notamment de Candide, de Voltaire. Tout au long du périple, des références à Leibnitz, visant à le décrédibiliser font l’objet des réflexions du philosophe Pangloss et de Candide. Voltaire dénonce aussi la violence des guerres, en les décrivant de manière à choquer le lecteur. De ce long périple aboutit également une morale, dernière phrase du conte : « Il faut cultiver son jardin. ». Elle incite le lecteur à réfléchir, après sa lecture. Les contes philosophiques sont un bon moyen de transmettre des idées. La proximité avec le lecteur, permet au texte de mieux toucher le lecteur, cela facilite sa fonction de persuasion ou de conviction. L’écrivaine Chimamanda Ngozie Adichie, dans son discours retranscrit Nous sommes tous des féministes, use de cette proximité. Elle énonce des anecdotes représentant des situations dans lesquelles n’importe qui peut s’imaginer. De même, Olympe de Gouges, dans l’adresse aux femmes de

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