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Barrage contre le Pacifique, Jean Echenoz

Commentaire de texte : Barrage contre le Pacifique, Jean Echenoz. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  923 Mots (4 Pages)  •  797 Vues

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COMMENTAIRE LITTÉRAIRE[pic 1][pic 2]

14, 2012

de Jean Echenoz

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Jean Echenoz est l’uns des plus grands auteurs contemporains, il a reçu 5 distinctions littéraires dont le Prix Goncourt avec Je m’en vais  en 1999.  Il  écrit en 2012, près d’un siècle après la 1ère Guerre Mondiale, son quinzième ouvrage, 14. Dans cet ouvrage, Echenoz nous dépeint l’univers de la Grande Guerre par l’expérience combattante de cinq soldats. C’est à travers une description complète des champs de batailles et de la vie d’un soldat que l’auteur nous livre une critique originale de la guerre.

En quoi le regard à la fois authentique et détourné, délivré par Jean Echenoz nous permet-il de percevoir la Grande Guerre sous un aspect musical et répugnant ?

Nous étudierons tout d’abord, la description de la guerre à travers un regard oblique  et détourné temporellement du narrateur, et une vision en panoramique descendante de l’auteur. Puis, l’expérience de la guerre à travers les différents sens de l’homme. Enfin, nous analyserons le parallélisme complexe effectué par l’auteur entre la guerre et la musique.

Le regard que porte l’auteur sur le récit est particulier. En effet, il faut savoir que Jean Echenoz écrit presque cent ans après le déroulement de cette histoire.  Etonnamment, l’auteur ne nous délivre aucune description abominable de la vie dans les tranchées comme l’ont fait bien d’autres. Il sera écrit que « Tout cela ayant été décrit mille fois », une description de ce type n’est ni envisageable, ni indispensable au récit. Cependant, Echenoz écrira la scène d’une manière bien plus recherchée. Tout au long du récit, l’auteur nous peint le portrait de la Guerre sous la forme de trois plans distincts : la ciel, le champ de bataille, la terre, puis le sous-terre. Au début de l’extrait, le lecteur est plongé dans un ciel où le « perpétuel tonnerre » (l.1) s’impose ; Ainsi qu’un « grand froid confirmé » (l.2) ; ce qui nous laisse penser que l’univers dans lequel le texte évolue, est un univers tumultueux, glacial et brutal. Au confluent du ciel et de la terre, atterrissent des « obus fusants et percutants » le champ de bataille. Puis, des « balles qui sifflent » (l.3), s’échangeant près du sol et à hauteur de l’homme. S’ajoute à la bataille, d’abord « des grenades » (l.4), puis des « lances flammes » (l.4). Enfin, le texte se dirige vers les « les tranchées » (l.6) jusqu’à plonger dans les «tunnels » (l .8). Nous percevons clairement une descente des cieux aux sols, du plus haut au plus bas. Cette vision que donne le narrateur permet au lecteur une immersion la plus totale par une “panoramique verticale“ des plans différents du tableau : du ciel jusqu’aux sous-sols. Finalement, au bout de seulement 9 lignes, le lecteur visualise presque complètement l’univers dans lequel l’auteur essaye de nous plonger.

Néanmoins, Echenoz ne s’arrête pas à la simple structure de la scène qu’il nous peint. Il fait intervenir d’autres sens de l’homme, tels que l’ouïe ou l’odorat. Dans un ciel froid, le tonnerre n’est pas effrayant ou autre mais « polyphonique » (l.2) (polyphonique = du grec polùs, plusieurs et phônê, son ou voix). Les obus n’atterrissent plus mais « percutent le sol ». Les balles « sifflent, claquent, soupirent ou miaulent » (l.3). Ce choix de l’auteur à utiliser ces termes spécifiques ajoute un aspect sonore de chaque action ou phénomène produit. Le narrateur ajoute à cet univers bruyant l’adjectif « sourdement » l.7. Cette adjectif justifiera le fait que dans une guerre monstrueusement bruyante, lorsque « l’ennemi pioche […] au-dessous de cette tranchée » (l.7-8), le son en est étouffé. Suite à l’apparition de l’ouïe de la ligne 1 à 9, l’auteur intègre le sens la vision, l’apparence. Les soldats décrits ici possèdent un couteau dont les couleurs ont disparues. L’éclat du métal du couteau a disparu il a « oxydé, terni, bruni » et ne « luit plus qu’à peine ». Nous lisons le regard d’un homme qui voit des « fusées éclairantes » la misère des « hommes tombés » et dont les dernières teintes étincelantes de son couteau ont disparu. S’entremêle à la vision, finalement, l’odorat. L’ignominie des tréfonds du champ de bataille sont explicitement exprimés par « l’odeur de la pisse, […] leur merde, leur sueur, […] crasse […] et vomi » (l.14) Ces expressions vulgaires expriment la violence des odeurs plus que nauséabondes sur le sol guerrier. De plus, ces « effluves envahissent » alors que les batailles se déroulent « à l’air libre ». Ces descriptions olfactives montrent l’horreur des odeurs prépondérantes des tranchées à travers un langage cru et familier. Grâce à une description mêlant l’ouïe, l’odorat et la vision, le narrateur nous a entièrement plongé dans le corps d’un soldat, nous entendons ce qu’il a entendu, sentons ce qu’il a senti et voyons ce qu’il voit. Malgré le fait d’entendre ce qu’il entend, nous ne cernons pas forcément la musicalité que l’auteur a dissimulé tout au long du texte.

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