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Antigone, Anouilh prologue

Commentaire de texte : Antigone, Anouilh prologue. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 277 Mots (6 Pages)  •  647 Vues

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Antigone – Anouilh – Prologue

Auteur et œuvre : En août 1942, un jeune résistant, Paul Collette, tire sur un groupe de dirigeants collaborationnistes. Nourri de culture classique, Anouilh songe alors à une pièce de Sophocle, qui pour un esprit moderne évoque la résistance d'un individu face à l'État. Il la traduit, la retravaille et en donne une version toute personnelle. Moderniser le mythe antique devient une mode caractéristique de cette période d’incertitudes et d’instabilité qui a commencé en Europe entre les deux guerres mondiales. Orphée, Œdipe, Electre connaissent une nouvelle vie. Ici : L’extrait à étudier est le « Prologue » de la pièce qui en devient d’ailleurs curieusement un personnage

Problématique : Quel est l’intérêt de cette réécriture ?

Plan :

  1. l’intrigue et les personnages
  1. Un « Prologue » omniscient qui joue le rôle du chœur antique
  2. Présentation des personnages
  3. Suggestion de l’intrigue

  1. La réactualisation du mythe
  1. L’actualisation du mythe antique et de la pièce de Sophocle
  2. La démythification des personnages et La « surthéâtralisation » 
  3. Des échos de la situation contemporaine 
  1. L’intrigue et les personnages
  1. Un « Prologue » omniscient qui joue le rôle du chœur antique
  • Un monologue qui décrit au présent les personnages présents sur scène avant que l’action ne commence et qui suggère l’intrigue : Tout d’abord Antigone est pointée du doigt « c'est la petite maigre qui est assise là-bas », puis Créon est mentionné, et vient Ismène et Hémon : « Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l'heureuse Ismène, c'est Hémon ». Enfin, après avoir été mentionné 2 fois, Créon  nous est présenté : « Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c'est Créon ».
  • L’intrusion dans la conscience des personnages, celle d’Antigone (« elle pense », 2 fois), de Hémon : « Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, »
  • La connaissance de la tragédie qui va se jouer : prolepses (avec tous les futurs proches : « elle pense qu’elle va mourir tout à l’heure » et analepses (récit au passé de la soirée où Hémon préfère Antigone à Ismène, hors extrait, l’allusion à Œdipe)
  1. Présentation des personnages
  • Antigone : une anti-héroïne dans laquelle sommeille l’héroïne tragique. C’est le personnage éponyme : titre + l’histoire d’Antigone
  • Antigone est solitaire ; elle a un "sourire triste", des "yeux graves", elle est "noiraude", "renfermée", "maigre" et "petite",  tous ces adjectifs qualifiant Antigone esquissent l'image d’une anti-héroïne, d’un personnage différent, à l’écart, étranger pourvu pourtant d’une étrange et incompréhensible séduction. Mais dans une espèce de métamorphose, l'Antigone du mythe va " surgir… se dresser seule en face du monde", et devenir vraiment une héroïne tragique et pathétique.
  • Les autres personnages sont vus par rapport à elle, et en opposition avec elle :
  • Ismène, sa sœur, l’incarnation de la beauté, de la sensualité et de la joie de vivre
  • Hémon, son fiancé, séduit davantage par la profondeur d’Antigone que par la frivolité « éblouissante » d’Ismène qui pourtant lui ressemble
  1. Suggestion de l’intrigue
  • Le spectateur sait ce qui va se passer, le dramaturge joue de connivence avec lui et de sa connaissance du mythe antique, (« ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone ») mais sa curiosité est aiguisée par de multiples artifices du dramaturge : comment cela va-t-il se passer ? L’auteur nous distille des histoires dans l’histoire d’Antigone, comme la scène de bal entre Ismène, Hémon et Antigone ou les réflexions de Créon, qui nous incite à poursuivre. Car même si on connait le mythe, il y a là des nouveautés qui nous attirent.
  • Une tragédie : la mort est fixée d’avance. Horreur et pitié pour la protagoniste (catharsis) mais aussi les autres personnages : Hémon : « Il ne savait pas qu'il ne devait jamais exister de mari d'Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir. »
  1. La réactualisation du mythe
  1. L’actualisation du mythe antique et de la pièce de Sophocle
  • La façon de présenter les personnages fait penser à une présentation du quotidien. Comme une présentation en arrivant à une soirée ou un repas où l’hôte nous présente sommairement les invités que l’on ne connait pas : Cette actualisation se fait au moyen de présentatifs : « c'est la petite maigre qui est assise là-bas », « Le jeune homme … c'est Hémon, le fils de Créon », « Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c'est Créon » + après chaque présentation, la phrase d’après = la fonction (« c’est le roi », ou « Il est le fiancé d'Antigone ») comme nous avons l’habitude de la faire dans la vie avec le métier par exemple.
  • Les anachronismes dans le décor et chez les personnages. : didascalie initiale : « Ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes. »
  • Le langage : l’oralité, la familiarité, voire la trivialité : « il a été trouver Antigone », « il a retroussé ses manches » + Présentatif « Voilà », deux fois : tic du langage parlé. « Mais il n’y a rien à faire » + Constructions clivées : « et voilà, maintenant, lui, il allait… » + répétitions : « Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone ». Autant de marque du langage parlé qui actualisent le mythe.
  1. La démythification des personnages et La « surthéâtralisation » 
  • La description en fait des anti-héros, des personnages du monde contemporain d’Anouilh ; ils sont démythifiés. Créon = homme fatigué de son travail, qui se lève tout de même chaque matin, Antigone en « maigre jeune fille noiraude et renfermée »
  • Surthéâtralisation :
  • Jeu, voire confusion entre fiction et narration, entre les comédiens, saisis juste avant le spectacle, dans les coulisses, et les personnages : « Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure… elle pense qu’elle va mourir. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout ». Le théâtre se dit lui-même dans une mise en abyme. L’illusion théâtrale est détruite.
  • Confusion du temps du spectacle et du temps réel (cf. Ionesco) : qui n’avons pas à mourir ce soir »
  • Le public : Sollicitation constante d’un public cultivé qui connaît le mythe et est curieux de sa réécriture « nous » englobe le Prologue et les spectateurs : « de nous tous…, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir »
  1. Des échos de la situation contemporaine 
  • Antigone = image de la résistance
  • Antigone d'Anouilh fut composée en 1942 et jouée pour la première fois en 1944 dans un Paris occupée. Relisant la version de Sophocle pendant la guerre, l'écrivain eut « un choc soudain» Il se mit donc à ré-écrire la pièce « avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. » 
  • C'est à un acte de résistance qu'Anouilh doit l'idée de travailler sur le personnage d'Antigone. En août 1942, un jeune résistant, Paul Collette, tire sur un groupe de dirigeants collaborationnistes au cours d'un meeting de la Légion des volontaires français (L.V.F.) à Versailles, il blesse Pierre Laval et Marcel Déat. Le jeune homme n'appartient à aucun réseau de résistance, à aucun mouvement politique ; son geste est isolé, son efficacité douteuse. La gratuité de son action, son caractère à la fois héroïque et vain frappent Anouilh, pour qui un tel geste possède en lui l'essence même du tragique. Nourri de culture classique, il songe alors à une pièce de Sophocle, qui pour un esprit moderne évoque la résistance d'un individu face à l'État. Il la traduit, la retravaille et en donne une version toute personnelle.

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