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Analyse La Moustache Emmanuel Carrère

Commentaire de texte : Analyse La Moustache Emmanuel Carrère. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Septembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 688 Mots (11 Pages)  •  2 503 Vues

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Séquence 1 : Le personnage de roman

Problématiques abordées :

  • Un personnage énigmatique, indécidable
  • Une œuvre entre le réalisme et fantastique comiquye/tragique
  • La construction et le traitement particulier du temps (boucle)
  • Un motif mouvant, insaisissable, de la folie
  • Du roman au cinéma, l’adaptation au grand écran par E.Carrère

Biographie :

Il naît à Paris 16ème en 1967 et est issu d’une famille très aisée, son père est ingénieur et sa mère, Hélène Carrère d’Encausse est académicienne. Il fait ses études à Janson-De-Sailly puis à Science Po Paris. De 1980 à 1982 il vit et travaille deux ans à Surabaya (Indonésie) pour son service national en coopération, essentiellement à enseigner le français. Il publie son premier roman L’Amie du Jaguar en 1982, et se consacre à l’écriture de La Moustache durant l’année 1985 dont il réalisera l’adaptation cinématographique en 2005. En parallèle de sa carrière d’écrivain, Carrère vit également de critiques cinématographiques.

  • 1993 : Je suis vivant et vous êtes morts (biographie de Philip K.Dick)
  • 1995 : La classe de neige
  • 2000 : L’Adversaire (à partir de l’affaire Jean Claude Romand de 1993)
  • 2000 : film Retour à Kotelnitch
  • 2009 : D’autres vies que la mienne, adapté au cinéma par Philippe Lioret, avec Vincent Lindon. 
  • 2011 : Prix Renaudot, pour sa biographie romancée de l’écrivain et homme politique Edouard Limonov, avec qui il a vécu 3 semaines à Moscou.

La Moustache, œuvre intégrale

Extrait n°1 : L’incipit, du début à « Ils étaient mariés depuis cinq ans ».

Suggestions de problématiques :

  1. A quel type d’entrée en matière avons-nous affaire ici ? Début in medias res ou descriptif ? (Roman réaliste plein de vivacités riche en implicite et en non-dits, en ellipses).
  2. Cette ouverture du roman est-elle représentative des thèmes et des évènements à venir dans la suite du livre ?
  3. Cet incipit apporte-t-il au lecteur les informations essentielles en termes de cadres, d’action, de personnages ?
  4. Le lecteur est-il placé devant un texte humoristique et léger, ou grave et inquiétant ? Un univers stable et rassurant de couple modèle, ou une atmosphère lourde et menaçante ?

  1. Un univers d’apparence calme
  1. Un incipit in medias res

La première phrase de l’ouvrage « Que dirais-tu si je me rasais la moustache ? » est une interrogation énoncée par un des protagonistes, le lecteur a la sensation d’être lui-même interrogé. Nous sommes plongés au cœur d’une conversation, nous ne savons pas encore qui parle, et à qui cela est adressé. Cela provoque un effet de surprise, amenant le lecteur à se poser les questions suivantes (où ? quand ? qui parle ? à qui ?).

 Le premier mot narré par le narrateur est « Agnès », qui est le prénom de la femme du personnage principal, venant du grec agnê, qui signifie « pureté ». Il nous est très facile de visualiser le cadre de l’action ; une femme riant gaiement sur un canapé, bavardant avec son mari. En à peine quelques lignes, Carrère dresse l’environnement de ces deux personnages, dans lequel le lecteur est directement plongé.

  1. Un cadre de vie agréable

Nous avons affaire à un couple appartenant à la bourgeoisie parisienne. L’omniprésence des détails sur l’environnement du couple dès les premières lignes nous annonce le décor du récit (« canapé du salon », « baignoire », « baignoire encastrée », « miroirs »).  

  1. Un couple complice

Le couple marié depuis 5 ans (« ils étaient mariés depuis cinq ans) semble bien s’entendre ; on imagine la scène : un couple riant gaiement dans un appartement parisien. De plus, le souci que porte le protagoniste à son image, et à l’avis que porte sa femme sur ce dernier l’importe, car c’est la première à qui il demande son avis sur un éventuel rasage d’une « éventuelle » moustache, qu’il effectuera une fois que celle-ci s’absentera. De plus, cette dernière semble s’amuser de cette pilosité et l’attention qu’y accorde son mari, en se moquant « tendrement » de lui. (« Performant »).

  1. La quête d’une stabilité

  1. L’omniprésence des détails

La majorité de cet extrait narre la façon avec laquelle le protagoniste entretient sa barbe. Le matin, cette routine est dite « dépourvue de toute solennité », contrairement au soir, où cette routine, ou ce « rite vespéral » semble presque sacrée et représente un véritable moment de « détente ». En effet, tout est contentieusement réfléchi ; aucun détail n’est laissé au hasard. On ne sait pas si le protagoniste se donne vraiment tout ce mal pour se raser, où si ce sont les mots employés par le narrateur comme « avec soin », « expédiait » « veillant », « disposant », « étalant longuement », « prenant garde », « vespéral », qui provoquent un effet d’importance, de véritable solennité. L’omniprésence des détails à travers la procédure du rasage peut provoquer dans un premier temps un effet rassurant, bien que cela semble fortement tourner vers l’obsessionnel.  

  1. Un protagoniste d’apparence détendu

On apprend que le protagoniste a arrêté de fumer, mais qu’il tient tout de même à fumer une seule cigarette par jour, peu après le repas du midi. Ce détail peut laisser entendre, une certaine faiblesse face à la tentation, voir un petit côté sadique, celui de toujours se laisser tenter, pour en redemander encore plus, car au cours du récit, celui-ci se remettra progressivement à fumer. Le personnage prend visiblement du plaisir à se raser (« calme plaisir »), et ce depuis son adolescence et son entrée dans le monde du travail, comme s’il s’agissait d’un véritable moment de césure, au sein de l’univers stressant de ce dernier, même si l’on saura, que c’est cette même pilosité, faisant à l’origine l’objet d’une véritable détente (« son exercice zen », « l’unique plage de médiation vouée à la connaissance de soi »), provoquera par la suite une anxiété et une angoisse des plus conséquentes, qui remettront tout le passé de ce dernier, qui deviendra un profond étranger face à lui-même.

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