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Parler est-ce le contraire d'agir ?

Commentaire de texte : Parler est-ce le contraire d'agir ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  2 005 Mots (9 Pages)  •  1 859 Vues

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Sujet : Parler, est-ce le contraire d’agir ?

L’une des caractéristiques qu’à l’homme est de pouvoir parler. Parler c’est pouvoir communiquer, s’exprimer. Ce qui implique nécessairement la présence d’autrui : un auditeur, un récepteur. Ainsi par la parole nous essayons de communiquer les uns avec les autres, d’échanger, de partager, de transmettre nos idées, nos intentions, nos ressentis, nos connaissances…. Nous pouvons alors, nous demander, est-ce que par la parole cela permet à l’homme de ne pas agir ? Agir consiste à être actif, à faire quelque chose, à avoir une activité qui transforme plus ou moins la réalité. Notons ici, qu’il est important de ne pas confondre « agir » qui demande souvent une modification avec le terme d’« intention » qui n’en demande pas. Dès lors, est-ce que lorsque « je dis », « je n’agis pas » ? Ou alors est-ce son contraire ? Est-ce que lorsque « je ne dis pas », « j’agis » ? Le terme « contraire » suppose l’opposé. Et en cas de réponse négative à la question, cela suppose la recherche d’une différence, ou d’une équivalence.

A la question : parler, est-ce le contraire d’agir ? La réponse spontanée, immédiate est oui. Car combien de fois avons-nous entendu, ce sont de « beaux parleurs » ou alors « les paroles s’envolent ». Cependant dans certains cas, cela a pu faire avancer les choses, cela a pu modifier la réalité. Il semble donc que la parole soit dotée d’une certaine puissance.

Nous verrons dans une première partie que la parole en soi est action et est un moyen d’action. Puis dans une seconde partie, nous verrons que la parole est le contraire de l’action. Enfin dans une troisième nous essayerons de voir s’il existe un certain « pouvoir » ou « super pouvoir » qu’à le langage sur la réalité.

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Dans cette première partie, nous allons tout d’abord essayer de voir en quoi la parole est-elle en soi une action ? En effet, pour parler, pour communiquer cela implique qu’un échange de signes ou de messages soit établi. Que ces échanges soient volontaires ou involontaires, conscients ou inconscients, entre 2 êtres vivants ou entre deux groupes. L’on peut alors se demander : est-ce de tout repos pour l’émetteur ? Ce dernier doit penser avant de parler, faire des choix, réfléchir, puis faire l’effort de structurer ses idées. Il doit aussi mettre en mouvements ses muscles, utiliser une partie de son énergie, pour pouvoir articuler, sortir des sons, construire des phrases. Ce qui implique une certaine activité de sa part.

De plus, la parole peut également être en soi une action, lorsque l’on doit prendre la parole devant un auditoire. Cela peut être le cas pour un professeur, un présentateur de télévision, un politicien, un étudiant passant un oral devant un jury…  Est-ce que cela implique de la part du locuteur de rester passif ? Il doit se mobiliser, être acteur, mettre en œuvre toute sa vitalité pour s’exprimer, construire des phrases à partir de mots prononcés qui ont un sens, se dévoiler, se faire comprendre. Cela implique du courage, de la volonté, d’être actif. Et tout en se dévoilant de la sorte, est-ce que cela n’impliquerait pas de se créer une identité personnelle ? Par la parole, cela permet de montrer ce à quoi nous aspirons, cela permet de montrer que nous sommes uniques, singulier, original et ce même à travers le temps. L'identité personnelle repose sur le travail de la mémoire qui lie entre elles les expériences vécues et qui permet de savoir qui je suis. Cela demande donc au travers de la parole de l’énergie.

L’on peut alors se demander si cette parole qui est en soi une action n’est-elle pas aussi un moyen d’action ? John Austin, philosophe anglais du 20ème siècle, met en avant le langage comme action. Il montre que dans certains contextes l’exécution d’une action consiste à dire certains mots. Par exemple comme lors du sacrement d’un mariage : dans le fait de dire « je vous déclare mari et femme ». On peut alors se demander, par quelle magie, une simple phrase a-t-elle pour effet de proclamer et d’avoir pour conséquence directe l’union d’une femme et d’un homme ?  Par le fait d’énoncer, le prêtre réalise l’état de chose qui décrit. C’est ce que Austin appelle un énoncé performatif. Performatif vient de l’anglais « to perform » qui veut dire qu’il y a une action que l’on a accompli. Le fait de dire, « je vous déclare mari et femme », rend l’énoncé vrai à partir du moment où cela est prononcé. Il y a donc des cas ou par la parole on peut créer des réalités qui sont des réalités très particulières, comme des mariages, des baptêmes, des transferts de propriétés,…. Des choses de types institutionnelles. Austin montre bien qu’en parlant on peut accomplir des actes : parler c’est donc agir. Cela a un effet sur l’autre et intervient dans la réalité.

La parole est donc bien en soi une action et un moyen d’action. Elle aurait la capacité de produire des actes. Cependant suffit-elle à être dans toutes les circonstances aussi perspicace et efficace ?

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En effet, si parler c’est d’être actif et si dans certaines circonstances le fait de dire rend vrai l’énoncé, la parole n’est-elle pas parfois le contraire de l’action ? Les mots suffisent-ils à faire changer les choses en toutes occasions ? Si demain, je décide de marier un couple d’amis par les liens de mariage, est-ce que le fait d’énoncer, de dire « je vous déclare mari et femme », va faire qu’ils seront mariés ? Les mots suffiront-ils à rendre vrai cette réalité ? Prenons un autre exemple, dans l’armée, si un soldat ordonne à son général de nettoyer les latrines. Ses mots suffiront-ils à faire que le général accomplisse cet ordre ? La réponse est bien évidement non, mes mots prononcés, comme les mots du soldat, n’auront aucune action dans la réalité. Il y a donc des choses que l’on peut créer en les disant, mais pas toutes les choses. Car cela dépend du statut, de l’importance du contexte, de la bonne personne... Il y a donc des réalités pour lesquelles cela fonctionne et d’autres non.  

De plus, s’il est vrai que les mots ne suffisent pas à faire changer les choses en toutes occasions, suffisent-ils à la réalité d’un projet ? les politiciens lors de leurs campagnes électorales, ou présidentielle réalisent-ils leurs ambitions par le simple fait d’énoncer leurs promesses politiques ? Les sportifs de haut niveau, battent-ils leur record ou gagnent-ils par le simple fait de l’énoncer ? En réalité, les mots, les intentions ne suffisent pas. Ils sont impuissants à modifier et à concrétiser des choses. La parole sert ici plutôt, à plaire, à s’attirer la sympathie, à motiver, à faire rêver, à manipuler, car avec la parole tout est possible. Ne dit-on pas c’est « plus facile à dire qu’à faire » ?

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