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Peut-on considérer, comme le disait Napoléon, que Le mariage de Figaro, c’est la révolution en action ?

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Par   •  11 Janvier 2020  •  Analyse sectorielle  •  1 206 Mots (5 Pages)  •  897 Vues

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Peut-on considérer, comme le disait Napoléon, que Le mariage de Figaro, c’est la révolution en action ? Beaumarchais écrit cette pièce en 1784, soit cinq ans avant la Révolution française, tandis que Napoléon juge la pièce bien après ces faits. Pour comprendre ce sujet, il faut définir deux termes : d’une part « révolution » qui évoque un bouleversement, un changement majeur, et d’autre part « en action » qui se réfère à l’une des règles des trois unités au théâtre. Une révolution sociale serait-elle en cours sous les yeux du spectateur ? De ce fait, nous pouvons nous demander si cette œuvre a bouleversée les code de l’époque. Nous verrons dans un premier temps en quoi cette œuvre est une révolution en action. Puis, nous considérerons dans quelle mesure elle reste néanmoins limitée.

Dans le cadre des mœurs de l’époque, il n’est pas surprenant que cette œuvre soit une révolution en action. En effet, elle annonce un nouveau genre théâtral.

Beaumarchais fait émerger dans sa pièce le « drame bourgeois ». Ce nouveau genre présente une peinture réaliste des milieux bourgeois, en mettant en avant l’importance des classes sociales et en se moquant des bourgeois et des nobles. Il hisse également le personnage du valet au rang de personnage principal, entre registre comique et tragique. Dans Le mariage de Figaro, c’est le valet Figaro qui est à l’honneur et toute l’intrigue ne vise qu’à tourner son maître en ridicule. Nous pouvons par exemple citer la scène 5 de l’Acte III, où Figaro déconcerte le Comte en lui faisant croire qu’il parle anglais alors qu’il ne connaît que le seul mot god-dam. Cette scène montre le côté malicieux de Figaro.

De plus, le drame bourgeois rompt avec la règle classique des trois unités, car l’unité de lieu n’est pas respectée puisque chaque acte de la pièce présente une pièce différente du château du comte. Le fait que Beaumarchais s’affranchisse des règles classiques témoigne du fait que le théâtre est en pleine mutation. Par ailleurs, le dramaturge introduit des éléments autobiographiques, notamment dans l’acte III scène 15 lors du procès qui est fait à Figaro à la demande de Marceline. Cette dernière se réfère au jugement de Beaumarchais lui-même, cherchant à obtenir l’héritage de sa seconde femme. Cette porosité entre théâtre et vie réelle était inusitée en théâtre classique.

Beaumarchais introduit certaines idées des Lumières dans son œuvre : il critique la noblesse en remettant en question ses privilèges. Dès la scène d’exposition, il est question de la prima nocte, ancien droit que le comte veut rétablir. Il veut l’exercer sur Suzanne, domestique et fiancée de son valet Figaro, alors qu’il avait aboli. Le comte souhaite s’octroyer la primeur de la nuit de noces. De plus, le monologue de Figaro de la scène 5 à l’acte III pointe la différence de régimes politiques entre l’Angleterre et la France. Figaro loue l’Angleterre comme si c’était le pays où l’on ne manquait de rien. Ce monologue met en valeur la monarchie constitutionnelle anglaise, à l’époque, très appréciée et d’ailleurs souhaitée par les Lumières. En comparaison, la monarchie absolue française était remise en question. Beaumarchais exploite donc ce point sensible afin d’attaquer directement la politique de l’époque. Dans le texte original, il a multiplié les insolences adressées au régime.

Entre 1778 et 1780 la pièce fut présentée aux comédiens de la Comédie française qui la reçurent avec enthousiasme. Cependant, pour prévenir les oppositions, Beaumarchais sollicita un premier censeur. Après quelques modifications du texte, celui-ci fut autorisé. Mais Louis XVI se fit faire une lecture privée de la pièce, et sa réaction fut violente. En effet Beaumarchais faisait se tenir l’action en France et ciblait la Bastille dans le monologue de Figaro (acte III, scène 5). Un nouveau censeur refusa la pièce, Cependant, l’opposition du roi excita l’intérêt des grands, et Beaumarchais multiplia les lectures privées. Il faudra trois nouvelles censures avant que le roi ne donne son autorisation. Ce fut un immense succès.

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