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Peut-on dire de l’histoire qu’elle est une science impossible et un savoir nécessaire ?

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Par   •  26 Mai 2020  •  Dissertation  •  3 663 Mots (15 Pages)  •  721 Vues

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S’il est indéniable qu’une société se construit à partir d’un passé commun et par un projet d’avenir partagé, il semble cependant difficile d’accorder à l’histoire, un statut. En effet, l’histoire recouvre de la réalité de ce qui s’est passé, de ce qui se passe et de ce qui se passera par la connaissance élaborée par l’historien. Immédiatement, il semble donc que l’histoire est un savoir nécessaire. Cette idée renvoie au terme de mémoire historique, lié à ce que l’on appelle des « événements historiques ». On distingue par là un processus par lequel l’historien étudie les époques antérieurs de l’histoire humaine afin de reconstituer la réalité objective des événements du passé. Dans les sens du mot histoire, il s’agit bien de penser un processus de restitution des faits. Il convient ainsi de revenir à l’étymologie puisque le mot grec historia signifie recherche, enquête. Lorsque le mot histoire est au singulier, il est souvent employé pour désigner une histoire au sens générale c’est l’histoire d’un pays. Au pluriel, les histoires se rapportent à des récits inventés, sens renvoyant à l’expression courante « raconter des histoire ». La différence entre ces 2 sens du terme réside dans le fait qu’au singulier, il a pour objectif de reconstituer la réalité des événements du passé, tandis qu’au pluriel, il provient du fruit de l’imagination. Il ne faut pas oublier que le sens primaire du terme, désignait tout ce qui était dignes de curiosité, dignes de rester en mémoire. C’est pour cela que l’on parle encore aujourd’hui d’histoire humaine. Ainsi, en prenant l’histoire, sous l’angle d’une discipline scientifique, son sens se rapproche du sens premier du terme. Raymond Aron le montre lui-même, le concept d’histoire s’applique selon 2 significations différentes : la réalité historique et son récit objectif dans le temps, et la connaissance scientifique que l’homme élabore à propos de ce récit. L’histoire de l’homme contient alors un double sens. En effet, les hommes font l’histoire à partir de la connaissance qu’ils ont de leur passé. Dire que l’histoire est un savoir nécessaire, c’est en effet, présupposer que l’historien enquête sur une connaissance passé dont on ne peut se dispenser. L’usage de cette connaissance est requise pour atteindre la conscience historique. Dans l’opposition histoire/science, l’enjeu est de savoir si l’histoire peut-elle prétendre à une certaine forme de scientificité. Il est vrai, l’histoire se définit comme la discipline visant à la connaissance des faits relatifs au passé de l’homme tandis que la science désigne un type de connaissance qui semble se caractériser par son universalité : elle doit être toujours vraie, et vraie pour tous. De cette caractéristique découle le caractère nécessairement objectif du discours scientifique. La science serait ainsi une connaissance reposant sur des critères précis de vérification de ses résultats. En ce sens, la forme verbale « peut-on » signifie un processus qui consiste à indiquer la notion de possibilité ou de droit d’un sujet. Ici, la question est de savoir s’il est possible, si cela est juste, si l’on a le droit de dire que l’histoire est un savoir nécessaire et une science impossible. Se demander si l’histoire est une science impossible, c’est se demander si l’objectivité scientifique de l’historien ne se heurte pas à la nature particulière de son objet. En effet, on aurait tendance à se dire que l’histoire est une discipline scientifique : classée parmi les sciences humaines, elle se distinguerait des autres types de sciences par son objet, à savoir le milieu humain. Mais que faut-il entendre par « impossible » ? Le mot prend ici tout son sens : il désigne un caractère qui contredit l'ordre logique ou physique. Une « science impossible » pourrait être une

science qui ne peut pas en être une, ou une connaissance qui vise à la scientificité mais à laquelle il manque un critère de scientificité. D’où les conjectures : l’histoire est-elle vraiment une science ? Qu’est-ce qui au contraire pourrait empêcher la connaissance historique d’accéder au statut de science ? Mais si l’histoire ne peut pas être une science, que pourrait-elle être ?

Le sujet nous invite donc, dans un premier temps à penser que l’histoire est une science impossible dans la mesure où la nature de son objet lui interdit d’être une science. En effet, le discours de l’historien porte sur un milieu humain dont, au contraire d’un milieu naturel qui se caractérise par sa constance dans le temps, il semble impossible d’en dégager des lois. Or, si la science se définit comme une connaissance identifiant des rapports de causalité entre des faits, il semble que l’histoire ne puisse être une science. C’est ce que souligne Schopenhauer lorsqu’il dit : « Seule l'histoire ne peut vraiment pas prendre rang au milieu des autres sciences, car elle ne peut pas se prévaloir du même avantage que les autres : ce qui lui manque en effet, c'est le caractère fondamental de la science, la subordination des faits connus dont elle ne peut nous offrir que la simple coordination. Il n'y a donc pas de système en histoire, comme dans toute autre science. ». De ce fait, Schopenhauer explique que si l’histoire était une science, ces événement historiques nouveaux ne pourrait se rapporter à aucun système. Or, une telle science n’en est pas une, dès lors que la science se définit par sa capacité à comprendre, à interpréter des faits à partir de lois. Il est vrai que l'histoire a en vue d'expliciter les causes, et par là de rendre intelligibles les faits qu'elle étudie : l'historien de la Première Guerre mondiale aura a cœur, par exemple, de mettre au jour les diverses conditions et causes de ce conflit, et l'enchaînement causal des événements au sein du conflit lui-même. Toutefois, ceci ne suffit pas encore à faire de l'histoire une science véritable, car, ainsi que l'écrivait Cournot : si « il n'y a pas d'histoire, dans le vrai sens du mot, pour une suite d'événements qui seraient sans liaison entre eux, il n'y a pas non plus d'histoire là où tous les événements dérivent nécessairement et régulièrement les uns des autres, en vertu de lois constantes », autrement dit, là où règnent la nécessité et l'universalité. En effet, au contraire des critères évoqués plus haut, l'histoire ne porte pas sur un objet nécessaire et universel, puisqu'elle étudie des événements qui sont toujours singuliers et contingents. Par exemple, il n’y a eu qu’une seule Seconde Guerre mondiale ( dans la mesure où toutes les guerres ne se ressemblent pas ) et elle n’auraient

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