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Le sujet est-il transparent à lui-même ?

Analyse sectorielle : Le sujet est-il transparent à lui-même ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Septembre 2021  •  Analyse sectorielle  •  2 638 Mots (11 Pages)  •  380 Vues

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a conscience est un état et une activité de l'esprit qui signifie étymologiquement « savoir avec ». Un être conscient, c'est un être qui se représente avec lucidité son propre état, mais aussi l'ensemble des objets qui l'entourent. La conscience peut s'opposer : à l'inconscience, c'est-à-dire l'état dans lequel est une personne qui dort ou un individu imprudent, qui néglige les conséquences de ses actes ; à la non-conscience, qui caractérise la plante ou n'importe quel objet inanimé ; à l'inconscient, au sens psychanalytique du terme. Avoir conscience de soi, c'est sentir et savoir que nous sommes les sujets de nos actions comme de nos représentations. Dans quelle mesure l'homme possède-t-il cette capacité à se connaître soi ? Le sujet est-il transparent à lui-même ? Qu'est-ce que la conscience est en mesure de connaître du moi ?

I. La dispersion du moi, première difficulté de la conscience

• Dans son célèbre texte des Pensées intitulé « Qu'est-ce que le moi ? », Pascal cible le problème de la dispersion du sujet dans le temps. Il se demande ce que l'on aime dans une personne quand on l'aime d'un amour véritable, ce qui revient à s'interroger sur ce qu'est la personne que l'on aime. Ce ne peut être le corps, sans quoi l'amour s'effacerait à la suite des ravages de la petite vérole. Ce n'est pas non plus la raison, l'intelligence ou la mémoire de l'individu, car on peut les perdre sans se perdre (on peut par exemple continuer d'aimer son parent qui aurait perdu la raison). « Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps ni dans l'âme ? », demande Pascal, qui démontre ainsi que le moi est difficile à cerner. « On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités empruntées », écrit-il. Cela revient à dire qu'il n'y a rien qui définisse le sujet en propre. Les qualités de l'individu ne font que changer à travers le temps, ce sont des « qualités empruntées », car on les porte pour un temps, puis on s'en défait. Le moi semble ainsi être une illusion, le sujet se disperse et l'on ne voit pas où poser le regard de la conscience pour se connaître.

Descartes, dans la première des Méditations métaphysiques, doute de l'existence de tout ce qui existe. Puisque les sens humains trompent parfois (l'homme est sujet aux mirages), on ne peut affirmer que ce que l'on ressent existe ; puisque la raison peut aussi tromper (erreur de raisonnement, de calcul…), on ne peut davantage affirmer l'existence des choses connues de la raison. Le sujet ne peut rien connaître de lui avec certitude, ni ses qualités physiques ni ses qualités intellectuelles. Peut-être même son existence entière pourrait-elle être remise en doute. Pourtant, il existe bien une certitude dont le sujet puisse prendre conscience. Dans la seconde des Méditations métaphysiques, Descartes apporte la preuve de l'existence du sujet grâce à l'expérience de la conscience rationnelle que l'on appelle cogito. Quand je doute, il n'y a qu'une chose qui demeure quel que soit l'objet dont je doute : le je qui doute. Je ne peux jamais arrêter de douter : même lorsque je doute que j'existe, le je qui doute continue de penser. L'existence du sujet ne peut donc jamais être remise en cause : aussi longtemps que je pense, j'existe. Ce regard réflexif sur soi, c'est ce que l'on appelle la conscience : avoir conscience de soi, c'est se penser soi-même, réfléchir à ce que l'on est. C'est donc la conscience qui dégage la certitude que la faculté de penser crée l'unité du sujet : le sujet ne se dissout pas dans le devenir, l'individu ne tombe pas dans le néant, parce qu'il y a une unité rationnelle de la pensée. La conscience rationnelle dégage une certitude : « Je suis une chose qui pense, c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison, qui sont des termes dont la signification m'était avant inconnue. »

Exercice n°1

Exercice n°2

II. La conscience mémorielle : l'unité du sujet à travers le temps

• Dans son Essai sur l'entendement humain, Locke s'interroge sur l'identité personnelle. Son questionnement ne porte pas seulement sur ce qui nous qualifie en tant qu'êtres humains en général, comme a pu le faire Descartes, mais aussi sur ce qui nous qualifie en propre, ce qui explique le « soi » (self). Qu'est-ce qui explique que l'on puisse dire d'un petit enfant et d'un vieillard qu'ils sont la même personne, une personne unique ? C'est la mémoire, qu'il appelle consciousness (que l'on traduit par « conscience »), c'est-à-dire le fait d'avoir le souvenir de tous ces états que l'on a traversés et de les lier entre eux. Autrement dit, c'est une faculté proprement humaine que de pouvoir constituer un sujet, parce qu'en se prenant pour objet de réflexion, en se disant « Je me souviens de tel et tel souvenir », on peut établir que c'est le même je qui a été conscient de tous ces états, aussi variés soient-ils.

C'est pour cela que le terme employé par Locke n'est pas memory : il ne s'agit pas seulement d'avoir le souvenir (on resterait un agrégat d'états divers), il s'agit d'être conscient d'avoir été l'acteur de chacun des états que l'on a traversés. C'est donc la mémoire consciente qui crée la personnalité propre. L'enjeu est d'ordre moral : la conscience n'est pas un principe moral (un tel emploi est un abus de langage) mais un principe ontologique permettant d'affirmer qu'une personne est la même malgré le temps qui passe. De la conscience mémorielle des actes résulte donc la responsabilité morale : je suis responsable de ce que j'ai fait il y a trente ans, et je ne peux invoquer l'argument qui consiste à dire : « Je ne suis plus le même?! » En effet, affirmer ne pas être responsable de ses actes reviendrait à nier sa propre humanité.

Exercice n°3

Le Caravage, Narcisse

Le Caravage, Narcisse

DR

III. Une connaissance de soi inégalée

• Au-delà de la personnalité psychologique, c'est un éclairage particulier sur nos actes que permet la conscience selon Bergson. Il y a une grande différence entre saisir un objet, courir ou parler, et voir ou entendre quelqu'un

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