LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Web, bien commun

Cours : Web, bien commun. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mars 2023  •  Cours  •  1 705 Mots (7 Pages)  •  167 Vues

Page 1 sur 7

Introduction :

Le Web est devenu un outil essentiel pour la communication, la collaboration et l'accès à l'information. Dans son ouvrage "Culture numérique", Dominique Cardon explore le concept du Web en tant que bien commun. Le chapitre 2 de l'ouvrage est consacré à cette question. Il décrit le Web comme un réseau décentralisé et ouvert qui permet aux individus de créer, de partager et d'accéder à une grande quantité d'informations. Dominique Cardon discute également de la façon dont le Web a évolué depuis ses débuts en tant que système de gestion de documents jusqu'à devenir une plateforme pour la participation sociale et politique. Ainsi, l’objectif de cet exposé est d'analyser le contenu de ce chapitre et de mettre en évidence les arguments avancés par Cardon en faveur du Web en tant que bien commun.

Avant d’analyser l’oeuvre de Dominique Cardon en détail, voici une courte vidéo qui permet de comprendre la vision du Web du sociologue français:

Analysons d’abord l’histoire du web et l’oeuvre de Dominique Cardon dans leur ensemble:

Initialement, le web est un réseau de liens hypertextes qui créent des routes entre les pages de différents sites, permettant à l'utilisateur de naviguer de document en document sans avoir besoin de les classer. Contrairement à la tradition des bibliothécaires, qui consiste à classer les documents dans des catégories et sous-catégories, le web permet à chaque auteur de définir les autres documents de son voisinage. Chaque internaute qui crée un site web peut donc le relier comme il le souhaite à d'autres sites. Voici la source de l'auto-organisation des communautés en ligne, de la dynamique des innovations ascendantes et de la notion d'intelligence collective. Cette idée a une longue genèse, remontant à un visionnaire belge, Paul Otlet, qui a créé une bibliothèque universelle réunissant tous les savoirs en classant les connaissances selon un principe autre que celui des métadonnées, mais à partir de leur contenu. Le web est ainsi un bien commun héritant de l'esprit libertaire d'internet.

Dominique Cardon relate les débuts du web, qui connaît une période d'expansion et de promesses entre 1995 et 2000, surnommée la "nouvelle économie", caractérisée par l'émergence de start-ups du web et la création des premiers portails tels que Yahoo. Cette période se termine avec l'éclatement de la bulle spéculative et la prise en charge des connexions au réseau par des opérateurs privés. Bien que les pouvoirs publics aient une politique volontariste, ce sont les acteurs privés qui investissent et développent une nouvelle gamme de services de connexion pour les utilisateurs. Cette période est cruciale pour la compréhension de la nouveauté numérique et la naissance du web comme une promesse marchande visant à révolutionner la vieille économie et les marchés traditionnels.

Par ailleurs, l’histoire du web présentée par Dominique Cardon nous apprend que la plupart des grandes innovations du web sont nées de rien ou de pas grand-chose, sans avoir été issues de la recherche universitaire ou des grandes entreprises. Ces innovations émergent souvent de la périphérie et sont amenées par des acteurs marginaux, des passionnés, des petits chefs d'entreprise, des geeks, bref des utilisateurs dits “avancés”. L'article fournit plusieurs exemples d'innovations, telles que l'Internet Movie Database, Craigslist, Wikipédia, Twitter et les premières grandes entreprises du web telles que Google et Facebook, créées par des étudiants de grandes universités américaines. L'auteur suggère qu'il est important d'observer attentivement la trajectoire des innovations numériques pour comprendre leur évolution.

Plus tard, dans les années 1980, les logiciels libres se développent, en opposition aux logiciels propriétaires tels que Microsoft. L'auteur aborde les contributions de personnalités telles que Richard Stallman, créateur de la Free Software Foundation, qui a développé le projet GNU en réponse à la commercialisation d'UNIX. Les logiciels libres garantissent quatre libertés à leurs utilisateurs : leur utilisation, étude, modification et distribution. Pour que cela soit permis , il est nécessaire d'accéder au code source du logiciel, ce que les logiciels propriétaires ne permettent pas. Les logiciels libres sont protégés par des licences spécifiques, appelées copyleft, dont la première est la General Public Licence (GPL), créée en 1989 par la Free Software Foundation de Richard Stallman. Cette licence exige que si l'on modifie un logiciel libre, on partage également ses modifications en donnant accès aux sources de la nouvelle version du logiciel. La philosophie des logiciels libres est basée sur la liberté de l'utilisateur et l'accessibilité du code source, et leur développement a contribué à la naissance de la culture hacker et des communs numériques.

Pour illustrer la pensée de Dominique Cardon sur le Web en tant que bien commun, prenons l’exemple de Wikipédia, devenue l'une des entreprises collectives les plus audacieuses jamais réalisées sur le web. L'encyclopédie en ligne est un exemple parfait de bien commun, d'innovation ascendante et d'intelligence collective. La grande originalité de son fonctionnement est de permettre à une foule d'internautes de produire des contributions d'une qualité surprenante sans que l'on ait vérifié leurs compétences au préalable. Le fondateur, Jimmy Wales, avait initialement prévu de demander à des experts de chaque domaine d'écrire des articles pour son projet Nupedia, mais a rapidement réalisé que les experts n'étaient pas disposés à contribuer gratuitement. Larry Sanger, qui avait été chargé de rassembler les articles, a toutefois créé un site de discussion au sujet des articles appelé Wikipédia, où les internautes ont commencé à produire des contributions très pertinentes sans être des experts du domaine. Jimmy Wales a alors changé la philosophie de son projet, abandonnant Nupedia et les experts diplômés pour faire de Wikipédia une encyclopédie à laquelle tous et n'importe qui peuvent contribuer sans vérification aucune des qualités ni des compétences. La compétence n'est pas consubstantielle à un statut ou à un diplôme, c'est une qualité que l'on démontre par la pratique. Les articles et les contributeurs se sont rapidement multipliés, jusqu'à faire de Wikipédia l'un des sites les plus consultés du web. Bien qu'il y ait eu des voix qui se sont élevées pour dire qu'il n'était pas raisonnable de confier la production des connaissances à la foule, une enquête de Nature de 2005 a montré que les articles de Wikipédia sont globalement fiables comparés à ceux de l'encyclopédie Britannica. La réussite de Wikipédia prouve qu'il est possible d'ouvrir à tous la production de la connaissance, à condition qu'il existe des règles fortes pour que la communauté s'auto-gouverne. L'un des aspects les plus intéressants de l'analyse de l'intelligence collective des internautes est que pour que le tout soit plus intelligent que la somme des parties, il faut que des mécanismes de régulation orientent le comportement de chacun.

...

Télécharger au format  txt (11.4 Kb)   pdf (43.8 Kb)   docx (290.5 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com