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Justice: « Quand La Loi Est Injuste, Il Est Juste De La Combattre - Et Peut-être Juste, Parfois, De La Violer »

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Par   •  10 Juin 2012  •  2 180 Mots (9 Pages)  •  2 762 Vues

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Dans son Petit traité des grandes vertus, André Comte-Sponville décrit la justice comme la valeur qui prévaut sur toutes les autres, définie par Aristote comme la « vertu complète ». Or, il se trouve rapidement face à une distinction de cas entre la Justice, sous sa forme institutionnelle, réglée par autres juges et lois ; et la justice, au sens moral du terme. Il en arrive même à la conclusion que « Quand la loi est injuste, il est juste de la combattre – et peut-être juste, parfois, de la violer ». Or, ceci soulève le problème d'une Justice qui ne serait pas réellement au service du juste en soi. On peut alors se poser cette question : dans quelle mesure peut-on qualifier de légitime la transgression de la Loi ? Pour essayer de répondre à cette question, nous nous appuierons sur Les raisins de la colère, de John Steinbeck, Les Choéphores et Les Euménides d'Eschyle, ainsi que les Pensées sur le justice de Pascal. Dans un premier temps nous verrons à quel point l'institution juridique apparaît comme légitime et justifie le pouvoir qu'on lui confère. Puis, nous verrons ensuite, comment cette Justice tant respectée peut tout à fait se contester et peut être sujet à l'indignation ou la révolte.

Tout d'abord, l'institution juridique se présente comme un « maillon » indispensable à nos sociétés occidentales, et tout à fait légitime, que ce soit pour instaurer une représentation concrète de la justice ou pour la faire appliquer.

Celle-ci est avant tout un outil de justice qui présente des avantages certains par rapport à une justice faite directement par les hommes eux-mêmes. En effet, lors d'un procès, chacune des parties arrête d'essayer de se faire justice par soi-même, ne pouvant le faire efficacement à cause de la subjectivité dont chacun fait preuve. C'est là tout le mérite de confier cette responsabilité à un arbitre, ou ici un juge. C'est exactement ce à quoi en vient Athéna dans Les Euménides, lorsque, ne se considérant pas assez objective pour juger de la situation d'Oreste, elle décide de conférer ce pouvoir au tribunal de l'Aréopage qu'elle pense alors plus apte à juger ce cas. De plus, on voit bien que les lois et les règles sont, à la base, créées, non pas pour profiter au plus fort, au plus puissant, ou au plus riche, mais bien pour faire valoir l'intérêt du plus de personnes possibles. Cette institution est donc bien vue comme juste par la majorité du peuple. C'est dans ce sens que Pascal affirme dans ses Pensées que les coutumes (ici les lois, les règles), sont suivis par le peuple non parce qu'elle sont coutumes, ou simplement raisonnables, mais parce qu'il les croit justes. Sinon cela ne serait que simple tyrannie. C'est donc la volonté de justice même du peuple qui s'exprime à travers les tribunaux. On a alors bien un outil de justice permettant de faire des jugements de valeur objectifs et au nom du plus grand nombre.

En outre, l'institution juridique est également un moyen de maintenir la paix dans les sociétés. Cette fonction apparaît même comme la principale de la Justice: instaurer des lois dans le but de maintenir une certaine « paix civile ». En effet, même si l'on peut concéder que certaines lois ne peuvent paraître justes à tout le monde, elles ont le mérite de maintenir un ordre, car il n'existe aucun droit en dehors de celui que nous confèrent les lois. C'est le même cas qui se présente lors d'un procès puisque la sentence du juge, quelle qu'elle soit, sera accepté à l'avance par les deux parties, ce qui empêche alors au partie « perdant » de contester cette décision. Il n'y a alors pas de violence pour essayer d'imposer son point de vue à l'autre. Même Pascal, admet que, malgré ses défauts la Justice a l'avantage d'assurer la paix dans les sociétés. Il exprime cela dans les Pensées sur la justice lorsqu'il décrit la succession d'un roi. Il se demande alors pourquoi choisir le premier fils de la reine, car il n'y a « rien de raisonnable là-dedans ». Mais si personne n'avait décrété au préalable qu'il fallait qu'il en soit ainsi, chacun essayerait de se montrer le plus vertueux, le plus habile pour succéder au roi, et cela entraînerait de nombreuses disputes. C'est en ce sens que les lois se légitiment car, comme Pascal l'affirme, « la raison ne peut mieux faire, car la guerre civile est le plus grand des maux ». De plus, on retrouve cette idée selon laquelle il revient aux hommes d'établir des lois réglant leur monde pour éviter une anarchie, un chaos, dans Les raisins de la colère de Steinbeck, puisqu'on voit bien que les migrants qui vivent dans le camp du gouvernement de Weedpatch, ont ressentis le besoin de se créer leurs propres lois pour assurer la paix et le bien être dans le camp. L'institution judiciaire est donc bien un outil qui permet de contenir de nombreux conflits et de maintenir une certaine harmonie dans les cités ou les sociétés.

Enfin, il n'est pas dur de faire une analogie entre les lois instaurées par les hommes dans les états ou les cités, et celle instaurées par les hommes à travers la religion et les divers Dieux. En effet, pour les croyant, les lois de(s) Dieu(x), ou devrait-on plutôt parler de morales, se doivent d'être respectées, autant que celles instaurées par l'Etat. On retrouve cette notion dans la première partie des Choéphores lorsque les personnages invoquent à plusieurs reprises l'Erinye pour qu'elle fasse appliquer sa loi, ici celle de venger la mort d'Agamemnon. On voit également que les personnes craignent les réactions des Dieux lorsqu'ils n'agissent pas selon leur volonté, avec par-exemple lorsque Clytemnestre essaye de se rattraper des sacrilèges qu'elle a effectué en offrant des libations à Agamemnon. Pour Pascal, la seule vraie justice est amenée par Dieu, et les hommes ne peuvent la connaître que par Lui. Il exprime notamment cela dans les Pensées sur la justice lorsqu'il dit « l'homme sans la foi ne peut connaître le vrai bien, ni la justice ». On détecte bien ici, l'importance que donne Pascal à Dieu dans la détermination du juste et de l'injuste. La foi peut donc être une face tout à fait aussi légitime de la Justice que l'institution Juridique elle-même.

On a donc bien une Justice qui se justifie par de nombreux aspects: elle permet notamment de rendre une certaine justice et d'établir une « paix civile ». Mais les justifications qu'on en donne sont-elles plus importantes que les contestations que l'on peut en faire et quelles sont celles-ci?

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