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Les individus sont-ils égaux face à l'école ?

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Par   •  16 Octobre 2020  •  Compte rendu  •  1 404 Mots (6 Pages)  •  445 Vues

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SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES

Depuis longtemps, la France semble être un pays où l’origine sociale d’un individu pèse grandement sur son destin scolaire. Nous rencontrons aujourd’hui Monsieur BERTINI, sociologue pour nous parler du sujet, l’idée étant de déterminer si la réussite scolaire d’un individu est, aujourd’hui en France, influencée par son milieu social.

J.B.- Bonjour M. BERTINI. Vous êtes sociologue, professeur à la Faculté de Rennes et vous avez écrit un ouvrage sur la réussite scolaire.
Tout d’abord, quelle est la réalité du terrain ? Pouvez-vous nous éclairer ?

M.BERTINI-  À la rentrée 2019, dans l’ensemble des établissements publics et privés du second degré, plus d’un élève sur trois est enfant d’ouvriers, de retraités ou d’inactifs (35,4%). Cette proportion s’élève à plus d’un élève sur deux dans les formations professionnelles en lycée (53,0%) et à plus de sept sur dix en Segpa qui sont des classes adaptées (70,9%).  Aujourd’hui encore 30% des élèves dont les parents sont ouvriers sont jugés comme ayant un niveau scolaire faible contre 10% pour les élèves dont les parents sont cadres supérieurs.Cela signifie clairement que l’origine sociale des élèves conditionnent l’orientation des enfants et des jeunes. Les trajectoires scolaires restent déterminées par un phénomène que nous nommons en sociologie la socialisation.

J.B. - Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la socialisation M. BERTINI ?

M.BERTINI- La socialisation est le processus au cours duquel un individu apprend à vivre en société, durant lequel il intériorise des normes et des valeurs, et par lequel il construit son identité psychologique et sociale. Les normes, ce sont les règles de conduite qui encadre nos comportements de façon explicite comme le règlement intérieur d’un établissement scolaire, ou de manière implicite comme les règles de politesse. Les valeurs, ce sont des idéaux de comportement à atteindre comme la tolérance par exemple.

.J.B.- Quels sont les agents qui permettent la socialisation ?

M.BERTINI- Les deux principaux agents de socialisation sont la famille et l'école. Spontanément, la famille, qui est un intermédiaire entre la société et l'individu, tend à reproduire les inégalités sociales en transmettant la culture d'un groupe social. On peut trouver plus tard dans la vie les médias, les pairs et le monde du travail. L’école est un agent de socialisation essentiel dans la vie d’un individu.

J.B. - Cette socialisation est-elle la même pour tous les élèves ?

M.BERTINI- Non, la socialisation n’est pas le même pour tous. Elle varie selon les milieux sociaux des personnes, et même selon leur genre. C’est ce que nous appelons la socialisation différenciée. Elle dépend de la diversité des configurations familiales. Mais pas seulement.  Au cours de sa vie, un jeune va fréquenter des groupes différents, sa famille, l’école, ses camarades aux horizons variés, son équipe de football, ….. Ces groupes n’ont forcément pas des normes et des valeurs homogènes.

J.B.  Mais tous les parents quelle que soit leur origine sociale n’ont-ils pas la même volonté de réussite pour leurs enfants ?

M BERTINI- Evidemment que oui mais ce n’est pas aussi simple. La socialisation est liée aux conditions de vie et à la culture du groupe social dans lequel un élève évolue. Et à ce titre, tous les élèves ne sont pas égaux.

J.B.- Comment pouvons-nous expliquer ces inégalités ?

M.BERTINI- Elles s’expliquent par plusieurs raisons. Les enfants de milieux favorisés ont intériorisé dès le plus jeune âge des normes et des valeurs contrairement aux enfants issus de milieux moins élevés. Les parents de milieux favorisés se mobilisent davantage pour la réussite scolaire de leurs enfants. Les parents d’origine sociale modeste vont accepter plus facilement que leurs enfants fassent peu d’études. Les parents qui ont des revenus plus élevés peuvent donner de meilleures conditions d’études à leurs enfants. Enfin, nous pouvons observer qu’il y a aujourd’hui en France une reproduction sociale des catégories socio-professionnelles : les enfants issus de milieux favorisés ont plus de chance de devenir cadres que les enfants d’ouvriers.

J.B.- Pouvez-vous nous donner des exemples de conditions d’études que les parents ayant des revenus plus élevés donnent à leurs enfants ?

M.BERTINI- On trouve diverses conditions telles que les cours particuliers, le fait qu’ils aillent en école privée où il y a un taux de réussite plus élevé. Ils auraient également plus de chance d’avoir des logements où ils auraient des chambres individuelles : disposer d’un espace à soi pour faire ses devoirs compte aussi dans la réussite scolaire.

J.B.- Vous dites si je comprends bien qu’un enfant d’ouvrier ou d’agriculteur n’a pas la même probabilité de sortir fortement diplômé du système scolaire qu’un enfant d’ingénieur ou d’avocat.

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