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Notions De géopolitique

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Par   •  28 Décembre 2012  •  1 632 Mots (7 Pages)  •  848 Vues

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PALESTINE : POUR UNE CURE DE VÉRITÉ

À qui de droit (janvier 2007)

« Le processus diplomatique ne s'est pas suffisamment préoccupé des évolutions sur le terrain et de leurs conséquences. - Quelle évolution? - D'abord la colonisation ». C'est ce qu'avait répondu en son temps le médiateur américain, M. Dennis Ross, à un journaliste qui l'interrogeait sur la principale erreur commise à Camp David en 2000.

Sept ans plus tard, il serait dommage que la même distraction réserve aux négociateurs les mêmes déconvenues. De 1994 à 2000, le nombre de colons juifs dans les Territoires palestiniens avait effectivement doublé. Depuis les accords d'Oslo, autant d'Israéliens se sont implantés en Cisjordanie que durant les vingt-cinq années précédentes. À l'heure où s'évoque de nouveau une conférence internationale, il serait néfaste de renvoyer derechef pour la bonne bouche l'état des lieux, ou la réalité actuelle. Inutile de nommer une commission. Ce relevé existe déjà, et plutôt dix fois qu'une (aucun conflit au monde n'étant aussi bien documenté, cartographié et archivé). L'OCHA (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs), dépendant de l'ONU, tient à jour des cartes évolutives et précises des territoires en dispute, avec photos, recensements, graphiques, etc. Le vision¬nage prend une heure de temps, mais permet d'économiser les sempiternelles déclarations de bonnes intentions.

Que montre cette séquence? Que les bases physiques, économiques et humaines d'un « État palesti¬nien viable » sont en voie de disparition, en sorte que le « Two-States solution », le « divorce juste et équitable » (Amos Oz), le territoire partagé entre deux foyers nationaux, l'un plus petit que l'autre, démilitarisé, mais souverain, viable et continu, ressemblent désormais à des mots creux, à écrire au futur antérieur. On pourra contester que le point de non-retour soit atteint, en faisant valoir que si les Israéliens ont gagné la bataille territoriale (seulement 22 % du territoire palestinien au moment du mandat britannique échappe encore à leur contrôle), les Palestiniens gagneront la bataille démographique. On pourra opposer la stupéfiante « résilience » des populations locales au calme rouleau compresseur qui, se hâtant lentement, met à exécution le plan Allon de 1968 et le « plan routier 50 » de 1984. Il n'en ressort pas moins des « évolutions sur le terrain » que:

1. La clôture de séparation n'a pas vocation, comme on le croit, à tracer une frontière peut-être illégale (puisque englobant plus de 10 % de la Cisjordanie) mais ayant au moins valeur, pensait-on, de démarcation internationale en pointillé.

2. Il est bien vrai (comme l'a dit Ehud Olmert à la radio de l'armée israélienne le 20 mars 2006) que les frontières stratégiques d'Israël se trouvent sur le Jourdain. La vallée a été déclarée « terre d'État» dans sa quasi-totalité (700 000 dunams). Le grignotage de la zone intermédiaire permet déjà, en quelques endroits, d'aller de la Méditerranée au Jourdain sans entrer en Palestine.

3. Les nouvelles routes dites de contournement est-ouest, sacrifiant l'ancien axe nord-sud, dessinent clairement la carte d'un territoire en voie d'annexion admettant trois ou quatre bantoustans arabes (Jenin, Ramallah et Jéricho). Enclaves congestionnées, avec des ressources naturelles promises à épuisement, et déterminant donc à terme un exode plus ou moins massif (déjà, une bonne partie des élites, notamment chrétiennes, s'expatrient).

4. Avec la construction du mur, la judaïsation en cours de Jérusalem-Est, et surtout la reconfiguration de la municipalité, les condamnations réitérées de l'ONU, de pure forme, n'ont aucune incidence sur la poursuite de la mainmise sur l'ensemble de la ville.

L'écart entre ce qui est dit, parce que nous souhaitons l'entendre (retraits locaux, assouplissements des permis, levée d'un barrage sur vingt, inflexion du ton, etc.), et ce qui est fait sur le terrain, et que nous répugnons à voir (maillage des colonies, constructions de ponts et tunnels, encerclements des localités palestiniennes, expropriations des terres, destructions des maisons, etc.), prend les proportions les uns diront d'un double jeu, les autres d'une schizophrénie. Le vieux « un dunam de plus, une chèvre de plus » se passant hors caméra, sans faire événement et mieux encore sans « diktat colonial » explicite, personne ne se formalise, à supposer qu'il s'informe (difficile si l'on ne vieillit pas sur place). « Judée-Samarie » est le nom donné à la Cisjordanie par les cartes et les manuels scolaires israéliens, où l'effacement de la Ligne verte de 1967 est désormais un acquis légalisé, comme vient de le décider la Knesset en refusant la proposition d’une ministre de l'Éducation travailliste.

Plus qu'un hiatus épisodique entre le de facto et le de jure, c'est une méthode et une tradition qui remontent aux premiers pas du Yichouv, celles du fait accompli, et qui se sont toujours révélées payantes (l'État était là avant qu'il soit déclaré et reconnu, en 1947, tout comme l'armée) : un théâtre à deux scènes, où l'une, l'internationale, voit la redite de mots vagues au flou avantageux (retrait, coexistence, État), mais où les choses sérieuses (implantations, routes, tunnels, nappes aquifères) se passent à côté, sur le théâtre d'opérations qui décidera à terme (sans publicité).

Connaissant

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