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Moments De télévision : Ni Le Texte Ni Le Public

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Par   •  5 Avril 2013  •  1 707 Mots (7 Pages)  •  2 149 Vues

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John Fiske a grandi en Grande-Bretagne où il a étudié dans la prestigieuse université de Cambridge. Ce chercheur a enseigné en Australie et en Nouvelle-Zélande avant de s’installer aux Etats-Unis. En 2000, il a reçu le titre de professeur émérite de l’université du Wisconsin au sein de laquelle il a enseigné pendant douze années. Il y dirigeait le département des arts de la communication. Il est l’instigateur des Cultural Studies en Australie où il fut professeur dans les années 1980 à l’université de Curtin et aux Etats-Unis.

Fiske rejette la notion de « public » et préfère celle de « publics ». Il y a pour lui plusieurs publics issus de milieux sociaux différents ayants leurs identités propres. C’est ce qu’il aborde dans le texte que nous allons étudier, il y présente pour la première fois la « démocratie sémiotique » qui lui vaudra tant de critiques. Il s’intéresse à la réception et appui sa réflexion sur les travaux de Stuart Hall avec son modèle codage/décodage qu’il reprend en le confrontant avec la théorie du braconnage culturel de Michel de Certeau. Il s’inspire aussi des travaux de Roland Barthes et son « plaisir du texte ».

Dans cet article , Fiske décrit le public comme un décodeur de programmes grâce à sa capacité sémiotique, c’est-à-dire sa faculté à interpréter les signes, c’est le sens de sa formule de « démocratie sémiotique ». Il adopte une définition très large du « texte » qui désigne pour lui un large éventail d’objets et de pratiques. Il entend par texte « une construction signifiante de significations potentielles opérant à plusieurs niveaux ». De plus, de part sa mobilité, son instabilité et les articulations avec d’autres textes, le « texte » n’est pas figé et comprend aussi une intertextualité. En postulant « la textualité de la télévision et l’intertextualité du processus de fabrication de sens et de plaisir » et en plaçant le spectateur au centre avec « sa propre histoire et sa propre subjectivité », Fiske réinvestit le public, les publics du pouvoir.

Le titre de cet article « Moments de télévision : ni le texte ni le public » traduit le rejet de l’auteur de la délimitation absolue entre production, texte et réception.

Parmi sa bibliographie, notons que J. Fiske a publié « understanding popular culture

» (1987) et « television culture » (1987) dans lesquels il reprend la notion de braconnage développée par de Certeau ainsi que « Reading television » avec J. Hartley en 1996.

Pour conclure, Fiske est un penseur majeur dans le courant des Cultural Studies qui s’inscrit dans le post structuralisme. Son analyse de la réception, en investissant le texte de plusieurs niveaux de significations tout en attribuant au public un pouvoir sémiotique presque illimité lui a valu de très nombreuses critiques et un certain discrédit de la part de ses pairs l’accusant entre autre de « populisme », d’ « anarchisme », de « textualisme », et de tous les maux dont souffrent les cultural Studies. Or l’analyse de Fiske résolument optimiste, faisant l’apologie des cultures télévisuelles, s’inscrit comme un élément important dans les recherches sur l’ethnographie des publics.

Moments de télévision : ni le texte ni le public

John Fiske, 1989

Nous avons longtemps gardé en image le spectateur comme passif.

L’écran de télévision serait le texte et le spectateur le public. Fiske nous signale que le public de télévision n’est pas une catégorie sociale, une classe, une race ou un genre, il est donc impossible de le catégoriser puisqu’il y a différentes façons d’être un public selon le

moment. Un texte télévisuel n’est pas un tout unifié qui émettrait un message vers son « public ». La télévision fabrique du sens, c’est la textualité. L’intertextualité quant à elle correspond au processus de fabrication de sens et de plaisir. Cette notion n’existe que si le spectateur y introduit sa propre histoire et sa propre subjectivité.

Ces deux notions entrainent l’abolition de la distinction entre le « texte » et le « public ». L’auteur nous propose une analyse des multiples activités culturelles ayant lieu devant un écran.

Dans un premier temps, l’auteur s’intéresse au spectateur. Fiske nous explique que les théories idéologiques et hégémoniques de la culture populaire surestiment la force des déterminations et sous-estiment le pouvoir du spectateur. « Regarder la télévision est un processus de fabrication de significations et de plaisirs, déterminé par deux ensembles de forces conjointes. » Ces deux forces sont l’ordre social avec la subjectivité du spectateur et le textuel avec la textualité de la télévision. Elles entretiennent des liens très étroits et s’interpénètrent. La société capitaliste est hétérogène et se divise en subcultures et en groupes. L’auteur s’appuie sur la subjectivité nomade de L. Grossberg : « le sujet spectateur socialement constitué peut occuper différents espaces au sein du domaine qu’il juge le plus approprié à tel ou tel moment de production de significations ou de plaisirs passé devant la télévision. »

Dans un second temps, John Fiske aborde le sujet de la télévision comme bien de consommation culturel.

L’auteur va distinguer deux économies : une économie financière où circule la richesse avec des programmes et de la publicité et une économie culturelle qui véhicule du plaisir et de la signification. Dans ce modèle économique, la marchandise et les productions deviennent producteurs d’audience qui est revendue aux annonceurs. Il s’opère donc un changement

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