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Résumé d'argumentaire sur "les rites comme actes d'institutions" de Pierre Bourdieu

Résumé : Résumé d'argumentaire sur "les rites comme actes d'institutions" de Pierre Bourdieu. Recherche parmi 303 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2025  •  Résumé  •  1 466 Mots (6 Pages)  •  7 Vues

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Pierre Bourdieu, sociologue français du XXe siècle et figure de la pensée critique

contemporaine, publie en 1982 "Les rites comme actes d'institution" dans les Actes de la

recherche en sciences sociales, revue scientifique qu'il a fondée en 1975. Cet article s'inscrit

dans le cadre théorique de la sociologie de la domination symbolique que Pierre Bourdieu

développe tout au long de son œuvre, et propose une théorie des mécanismes sociaux de

légitimation et de consécration. L'auteur y développe une réflexion sur la fonction sociale

des rituels, dépassant et critiquant l'analyse classique d'Arnold Van Gennep sur les rites de

passage[1]

. Ce texte, issu d'une communication présentée au colloque sur "Les rites de

passage aujourd'hui" qui s'est tenu à Neuchâtel les 5, 6 et 7 octobre 1981, constitue une

contribution à la compréhension des processus de reproduction sociale et de naturalisation

des hiérarchies. L'article représente également une généralisation théorique des analyses

que Pierre Bourdieu a développées dans ses travaux sur les écoles d'élite, comme il

l'indique en référence à son article "Épreuve scolaire et consécration sociale" publié en

septembre 1981 dans la même revue[2]

.

La thématique centrale porte sur la fonction sociale des rites et la construction des

différences légitimes dans l'ordre social. Bourdieu interroge le rôle que jouent les rituels

dans l'établissement et le maintien des divisions sociales. Il expose comment les rites

contribuent à instituer et à naturaliser des divisions sociales arbitraires en les faisant

apparaître comme naturelles et légitimes. La question centrale qui traverse l'ensemble de sa

réflexion peut se formuler ainsi : par quels mécanismes les rites parviennent-ils à

transformer des séparations sociales construites et contingentes en distinctions qui

semblent inscrites dans l'ordre naturel des choses ? La thèse centrale que défend Pierre

Bourdieu est que les rites de passage sont avant tout des rites d'institution qui consacrent et

légitiment des frontières sociales arbitraires en les faisant apparaître comme naturelles et

nécessaires. C'est pourquoi il propose de parler plutôt de rites de consécration, de rites de

légitimation ou simplement de rites d'institution, terminologies qui reflètent selon lui la

fonction sociale de ces pratiques rituelles.

Pierre Bourdieu développe une critique méthodologique de la notion de "rite de passage"

introduite par Arnold Van Gennep et réactivée par Victor Turner. Il reproche à cette théorie

anthropologique classique de dissimuler l'un des effets les plus significatifs du rite en

insistant de manière excessive sur la dimension temporelle du passage, sur le mouvement

d'un état à un autre. Selon Bourdieu, le rite opère une séparation plus profonde et durable : il

sépare ceux qui l'ont accompli non pas de ceux qui ne l'ont pas encore accompli, mais de

ceux qui ne l'accompliront jamais, établissant ainsi une distinction permanente et définitive

entre deux groupes sociaux clairement délimités. Prenant l'exemple de la circoncision,

Pierre Bourdieu montre que ce rituel sépare le jeune garçon non pas principalement de son

enfance ou des autres garçons encore enfants, mais bien du monde féminin dans son

ensemble, c'est-à-dire de sa mère et de tout l'univers symbolique, social et culturel qui s'y

rattache et qui lui est associé.

Le rite consacre ainsi la différence entre hommes et femmes, il l'institue socialement

en tant que différence légitime et naturelle, inscrite dans l'ordre des choses. L'auteur

[1] Pour les rites de passages : A. Van Gennep, les rites de passages, 1981, Edition Picard

[2] P. Bourdieu. Epreuve scolaire et consécration sociale. In: Actes de la recherche en sciences

sociales. Vol. 39, septembre 1981. Grandes et petites écoles. pp. 3-70

mobilise le concept de "magie sociale" pour expliquer comment les rites parviennent à

accomplir cette opération qui consiste à produire du discontinu, des catégories séparées et

étanches, à partir du continu, c'est-à-dire à partir de différences graduelles et quantitatives.

Selon son analyse, tout rite a pour fonction essentielle de légitimer et de consacrer une

frontière qui est en réalité arbitraire, tout en faisant oublier et méconnaître son caractère

arbitraire et en la faisant reconnaître et accepter comme légitime, naturelle et nécessaire.

Il illustre cette idée centrale par l'exemple des concours scolaires et académiques :

entre le dernier candidat admis et le premier candidat refusé, le concours établit des

différences radicales, absolues et définitives qui transforment une infime variation de

performance

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