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Mycologie pratique à l'officine

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Par   •  25 Janvier 2022  •  Thèse  •  6 345 Mots (26 Pages)  •  221 Vues

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MYCOLOGIE PRATIQUE A L’OFFICINE

(Extrait de ma thèse de docteur en pharmacie,
présentée à la Faculté de pharmacie de Montpellier le 24/09/2015)

A l’heure actuelle où la profession de pharmacien vit une profonde réforme de ses missions, il est bon de s’interroger sur la place que représentent nos savoir-faire en diagnose de champignons à l’intérieur de notre rôle d’acteur de prévention en Santé Publique, et donc notre contribution à la baisse des intoxications fongiques.

  1. LES INTOXICATIONS PAR CONSOMMATION DE CHAMPIGNONS
  1. Statistiques 

Chaque année en France depuis 2010, l’Institut de Veille Sanitaire[1] (InVS) réalise une surveillance des intoxications par les champignons, grâce aux enregistrements obtenus par les Centres Anti-Poison et de Toxico-vigilance (CAPTV) et par le réseau OSCOUR®[2].

Ainsi pour la saison actuelle : du 29/06/2015 au 30/08/2015, le nombre de cas d’intoxications enregistrés s’élève à 212, sans aucun décès ni cas grave jusqu’à fin août. La saison n’est cependant pas terminée. Chaque année les CAPTV dénombrent environ trois décès et une vingtaine de cas problématiques. Concernant les cas actuels, ils ont été observés principalement en Aquitaine (47 cas), Midi-Pyrénées (36 cas) et Rhône-Alpes (27 cas), mais toutes les régions sont concernées. A elles seules ces trois régions rassemblent plus de 50 % des intoxications. Quant aux trois régions où le nombre d’intoxications est le plus faible, ce sont la Lorraine (1 cas), les DOM-TOM (1 cas) et la Basse-Normandie (2 cas) [13].

Parallèlement, pour l’année 2014, 460 cas ont été enregistrés entre le 30 juin et le 21 septembre. Ils ont eu lieu principalement en Midi-Pyrénées (13,6%), Pays de la Loire (13,1%) et Rhône-Alpes (13,1%). Parmi ces cas d’intoxication, 16 ont été classés graves, y compris un cas fatal, dû à un syndrome phalloïdien. De plus, ces cas graves sont imputables à des espèces connues pour être toxiques, et pourraient donc être évités en faisant contrôler au préalable les espèces avant de les consommer [14].

En 2014, ces intoxications ont augmenté par rapport à l’année 2013, qui comptabilisait 265 cas sur la même période (et au total 1233 cas entre le 01/07/2013 et le 31/12/2013). Il est vrai que les situations graves ont tout de même diminué, puisqu’on notait en 2013, 18 cas graves et 3 décès.

L’existence de ces intoxications reste malgré tout préoccupante en termes de santé publique. Nous allons donc maintenant chercher à connaître quelles en sont les causes, et proposer des conseils pouvant être prodigués pour les éviter.


  1. Causes d’intoxications

Les intoxications sont à différencier de la simple indigestion, due à des repas successifs de champignons, ou en grande quantité, comme pour tout autre aliment.

Cependant la clinique peut être ressemblante, car une indigestion entraîne des troubles digestifs apparaissant en 2 à 3 heures. Les champignons sont d’emblée par leur composition, des mets peu digestes. Et on a répertorié des cas allant jusqu’à l’occlusion intestinale, pour des espèces réputées bons comestibles, telles que la girolle (Cantharellus cibarius), [15] ou encore la trompette des morts (Craterellus cornucopioides) [16]. C’est ici la surconsommation des champignons, souvent insuffisamment cuits, et même insuffisamment mâchés, qui en est responsable [17].

Les vraies intoxications se classent en deux grands groupes, selon que les agents responsables sont des facteurs internes (toxicité spécifique) ou externes aux champignons (toxicité indirecte ou acquise).

  1. Facteurs externes aux macromycètes

Les empoisonnements suite à un repas de champignons, peuvent être causés par des facteurs totalement étrangers aux toxines fongiques  [18], [19] :

  1. Toxicité par dégradation du champignon

La dégradation naturelle (vieillissement) ou causée par une décongélation lorsque les conditions climatiques se radoucissent, ou même lors du transport dans de mauvaises conditions après la récolte, amène les champignons à subir des contaminations microbiennes (par bactéries ou micromycètes). Dans ces conditions, certaines espèces conservent malgré tout une assez belle apparence, du fait de leur texture fibreuse et coriace : ils se dessèchent sans pourrir. C’est le cas de Clitocybe geotropa « Tête de moine ».

Les circonstances de ces intoxications relèvent donc du non-respect des règles de cueillette.

  1. Toxicité par pollution de l’environnement
  • Due aux pesticides

Ce sont des substances chimiques comprenant les engrais, insecticides, fongicides, herbicides et rodonticides. Ils sont utilisés fréquemment dans les activités agricoles ou urbaines (champs, prairies et vignes traités par épandage de produits phytosanitaires, parcs et jardins publics)…

  • Due aux métaux lourds

Ils contaminent l’air et le sol, à proximité des activités humaines et industrielles (décharges, incinérateurs d’ordures ménagères, industries chimiques, aéroports, routes et parkings). Les champignons ont la capacité d’accumuler les toxiques décrits auparavant, et certaines espèces auront des toxiques de prédilection :

  • Mercure et cadmium chez les Agaricus sp. tels que A. campestris,
  • Thallium, arsenic (Laccaria amethystina), plomb (Macrolepiota rhacodes et Lepista nuda).
  • D’autres les accumuleront tous (Cantarellus lutescens et Cantarellus tubaeformis).

  • Due à la radioactivité

Par la radioactivité [20], [21], suite notamment au passage du nuage dû à la catastrophe de Tchernobyl en 1986 (et probablement Fukushima en 2011). Les champignons sont des bio-indicateurs, témoins du taux de contamination ambiant. Ce sont les êtres vivants qui concentrent le plus les radioéléments, en particulier le Césium 137, marqueur de contamination nucléaire, qui n’existe pas à l’état naturel. Sa demi-vie est de 30 ans ! Il faudra donc près de trois siècles pour l’éliminer complètement. Les zones les plus contaminées en France sont les régions de l’Est (principalement Vosges, Mercantour et surtout la Corse). En 2011 la contamination variait de 15 à 5000 Bq/kg de macromycètes. Or le seuil de tolérance est fixé à 600 Bq/kg. De plus cette toxicité reste imperceptible des consommateurs.

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