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Les enjeux politiques de l’éducation populaire.

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Par   •  4 Janvier 2019  •  Dissertation  •  1 925 Mots (8 Pages)  •  556 Vues

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Les enjeux politiques de l’éducation populaire.

D’après Isambert-Jamati, l'éducation est un « processus de développement et de perfectionnement des individus sous l'action d'autrui » (Types et fin de l'éducation. Encyclopædia Universalis).

On décrit l'éducation comme populaire, lorsqu'elle touche le plus grand nombre, c'est à dire la population de masse. L'éducation populaire fut au cour de l'histoire, vecteur de grands changements et fut longtemps une priorité pour des institutions tel que l'église catholique ou le parti communiste. Mais aujourd'hui, on constate que par son institutionnalisation le mouvement est dépendant des services publics et malgré la forte professionnalisation des pratiques d’éducation populaire à travers le métier d’animateur socio-culturel durant ces quarante dernières années, il semble que le mouvement perd du terrain. Quelles rôle et valeurs prétend défendre l'éducation populaire moderne ? Dans un premier temps nous verrons, quelles sont les valeurs et les missions que porte historiquement l'éducation populaire ? Pour ensuite voir, quelles sont les thématiques que cible le mouvement pour atteindre ces objectifs, ce qui nous permettra de faire un rapprochement avec l'animation socio-culturelle aujourd’hui.

Pour comprendre ce qu'est l'éducation populaire, il faut obligatoirement faire un parallèle avec la notion de "classes sociales" car les deux sont indissociables. En effet, quand on parle de classes sociales, on considère qu'une société est divisée en plusieurs groupes d'individus dont le rang social est différent. Jean Cazneuve nous explique très bien ce concept dans son ouvrage "Les classes sociales, Encyclopædia Universalis" en écrivant: « Les situations qui sont faites aux individus dans une société, quelle qu'elle soit, ne sont pas toutes semblables et, de ce point de vue, on peut les classer ». Évidement, le texte nous permet de comprendre que de nombreuse inégalités sont présentes au sein de ce système et que dans les sociétés modernes ces inégalités interviennent à plusieurs niveaux : « Ces différences de situation peuvent tenir soit de la fortune, soit à la profession, soit au niveau d'instruction... » (Jean Cazeneuve). Cette idéologie permet de voir l’éducation populaire comme un outil visant à réduire ces inégalités sociales.

Encore faut-il prendre conscience du rapport de force qui existe entre les classes sociales. On observe souvent une "classe dirigeante" minoritaire qui, exerce sa domination sur une "classe populaire" qui elle, est majoritaire et forme le peuple. Ce « rapport dominant et dominé » est détaillé par le sociologue Pierre Bourdieu, il est clairement décrit dans l'un de ses schémas (« La distinction, Critique social du jugement »), démontrant que les individus qui cumulent un fort capital culturel et économique dans une société, font partie des catégories socio-professionnelles les plus prestigieuses (Cadres du public et du privée, ingénieurs, profession libérales...). A contrario, on constate que ceux qui possèdent un faible capital économique et culturel, occupent des professions très modestes (Employés, ouvriers, salariés agricoles...). Cet écart social, résulte d'une trop grande « division du travail », cela était déjà décrit par Adam Smith au 18 e siècle (« Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations »,1776). Au 19 e siècle avec l'industrialisation des sociétés modernes, ce phénomène s’accélère, le savoir et les compétences sont segmentés et par conséquent sont moins accessibles à tous. Karl Marx et Fredriech Engel qui ont étudiés les sociétés capitalistes de l'époque, nous parlent d'une inévitable "lutte des classes" entre "le prolétariat" représenté par la masse ouvrière et "la classe bourgeoise" qui possèdent le capital ("le Manifeste du Partie Communiste,1847). Mais pour rendre cette lutte légitime au yeux de la classe dominé, il faudra qu'elle prenne conscience de son existence et des injustices qu'elle subit. C'est ce que nous décrit encore Karl Marx dans son livre "Misère de la philosophie" où il dit : « Cette masse se réunit, elle se constitue en classe pour elle-même. Les intérêts qu'elle défend deviennent des intérêts de classe. » et montre que l'on passe alors d'une "classe en soi" à une "classe pour soi".

Ce qui nous amène, à mon sens, à définir un des objectifs de l’éducation populaire : elle doit permettre au peuple de prendre conscience de sa condition et des inégalités qu'il subit. Mais cela passe inévitablement par la transmission du savoir, c'est ce qu'affirme Bénigno Caceres dans son texte (Histoire de l'éducation populaire,1964) ; « Il est vite apparue qu'une telle entreprise était inséparable de la démocratisation du savoir ». C'est tout de même un savoir particulier que l'on ne peut pas apprendre de façon formelle, pour moi l'éducation populaire relève d'une « formation générale de l'individu et visant à lui faire acquérir des connaissances dans tous les domaines, lui permettant de comprendre son environnement et de s'y adapter, voire de le transformer » (Pierre Besnard, « L'animation socioculturelle », 1985). Quand on comprend cela, on se rend compte au final que l'éducation populaire est un outil permettant aux plus nombreux de s'émanciper. L'émancipation va être ici l'idée qu'un individu puisse se libérer de son appartenance à sa classe sociale et des représentations liées à celles-ci, pour pouvoir évoluer dans la société. Concernant les plus modestes, Bénigno Caceres dirait que c'est une « condition essentielle de leur dignité ». Une fois ce travail atteint, c'est à ce moment la qu'il est possible d'agir et surtout d'agir en groupe afin de faire basculer le rapport de force entre les classes. En effet, si l'éducation populaire fait bien son travail, elle donne des outils à l'individu pour avoir un esprit critique et d'analyse sur son environnement, il lui est donc possible de comprendre que c'est la classe populaire qui a l'avantage du nombre, ce qui lui permet de comprendre qu'il y a un intérêt à agir de manière collective. Dans cette perspective, une classe majoritaire, pourra se mobiliser afin de réalisé un grand changement au niveau social, politique et économique, c'est ce que nomme Franck Lepage (Extrait 3), des "Modifications d'ordre institutionnel".

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