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Le pouvoir en question : de la domination à la révolution chez Marx et Foucault

Dissertation : Le pouvoir en question : de la domination à la révolution chez Marx et Foucault. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Octobre 2017  •  Dissertation  •  5 166 Mots (21 Pages)  •  943 Vues

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Gabrielle Arruabarrena                                                                                              ARRG10599606

Sociologie politique

SOC3071

Le pouvoir en question : de la domination

à la révolution

chez Marx et Foucault


        Marx est un point de repère pour ceux qui s’intéressent aux grandes questions de la société sous l’angle de la production et de l’exploitation. Foucault l’est aussi pour ceux qui questionnent l’homme par l’homme dans les organisations, les institutions, dans la famille etc. Le holisme relatif de Marx s’oppose donc radicalement au nominalisme de Foucault. De plus, si Marx n’a pas eu la chance de lire Foucault, Foucault a décortiqué les travaux de Marx, dont il en fait principalement la critique. Foucault lance même le défi suivant « À un marxiste qui me dit que le marxisme est une science je réponds: je croirai que vous pratiquez le marxisme comme une science le jour où vous m’aurez montré, au nom de cette science, en quoi Marx s’est trompé ». Mais pourtant, des similitudes analytiques les rapprochent, en suivant un fil conducteur et directeur : le concept de pouvoir.

        Mais alors, dans quelles mesures pouvons-nous dire que malgré leur distinction radicale sur nombre d’aspects, Marx et Foucault ont partagé des interrogations similaires d’une part, et d’autre part, des réponses divergentes certes, mais en suivant un fil conducteur analogue? Dans le premier temps de notre analyse (I), nous nous efforcerons de distinguer les théories de la domination chez Marx (A) et Foucault (B), ainsi que leur méthode d’analyse de la domination. Dans le second temps de notre analyse (II), nous aborderons la domination sur le marché, la domination dans les organisations (A) et la domination dans les discours (B). Enfin, dans le troisième temps de notre analyse (III), nous tenterons de comprendre les différentes réponses apportées à la domination, de la lutte (A), la la résistance, en passant par la révolution (B).

  1. Les théories de la domination

A. Holisme et matérialisme historique chez Marx

        Dans la société entendue par Marx, les contraintes économiques, idéologiques, politiques s’imposent aux individus. En ce sens, la pensée de Marx s’inscrit dans une approche holiste. Selon lui « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience »[1]. L’individu est déterminé par les structures. La structure est ce qui en se reproduisant constitue une forme stable de la société, et la forme stable est le rapport de force entre deux classes, impliquant domination et exploitation. En ce sens, la pensée de Marx s’inscrit dans une approche structuraliste de la société.  

        Dans la conception matérielle de l’Historique proposé par Marx, l’Histoire est constitué de l’ensemble des modes de production, et son moteur principal est la lutte des classes. Ces modes de production de la vie matérielle conditionne les modes de vie social, politique, intellectuel et spirituel. Mais que sont ces modes de production? Ils sont constitués par la combinaison des forces productives (matérielle et humaine) et des rapports de productions (division du travail, répartition des biens, rapport de propriété, rapport juridique). Marx a distingué trois modes de production. Le premier est le mode de production antique, dans lequel le rapport de domination est l’esclavage. Le second est le mode de production féodal, dans lequel le rapport de domination est le servage. Le dernier est le mode de production capitaliste, dans lequel le rapport de domination est le salariat ou le prolétariat. Marx avait prédit que l’histoire de la domination allait s’arrêter là, laissant place au communisme. Nous savons ce qu’il en est. Camus écrivait à propos du matérialisme historique que sa tache ne pouvait être « que d'établir la critique de la société présente; [et qu’] il ne saurait faire sur la société future, sans faillir à l'esprit scientifique, que des suppositions »[2].

        Comme nous l’avons indiqué précédemment, le matérialisme historique implique que le mode de production conditionne la vie individuelle et collective. C’est ce que Marx explique dans sa préface à la Contribution à la critique de l’économie politique[3], selon lui, « Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience »[4]. C’est l’infrastructure de la société qui détermine la superstructure, c’est donc ce qu’il appelle la « vie sociale, politique et intellectuelle »[5], c’est-à-dire, la religion, la philosophie, le droit, les idéologies, les systèmes politiques… C’est ce rapport de causalité entre infrastructure et superstructure qui permet de parler de matérialisme. Berthelot[6] qualifiera cette conception d’architectonique du social, en référence à Aristote[7], qui définissait l’architectonique comme étant une le rapport hiérarchique d’une science à une autre, sachant que les objectifs de la seconde se trouvent soumis aux objectifs fondamentaux de la première.

B. Nominalisme, Foucault

Foucault appréhende l’État comme étant un lieu de violences et de consentements, où se jouent des micro-relations de pouvoir entre les individus. Le pouvoir est immanent à l’ensemble des rapports sociaux, des relations sociales. Dans un entretien avec la revue Hérodote il répondait « En fait, le pouvoir dans son exercice va beaucoup plus loin, passe par des canaux beaucoup plus fins, est beaucoup plus ambigu, parce que chacun est au fond titulaire d'un certain pouvoir et, dans cette mesure, véhicule le pouvoir »[8]. Il ne nie pas que l’Etat soit un lieu de pouvoir à part entière, mais selon lui, il ne faut pas trop insister sur son rôle.

        1/Le pouvoir : un fil conducteur chez Foucault

Michel Foucault avait été invité à l’Université Catholique de Louvain dans le cadre d’un entretien avec André Berten en 1981[9]. Ce dernier, en introduction, lui a demandé quel était le fil conducteur de son oeuvre. Foucault, perplexe, a répondu qu’il ne le saurait qu’au moment où il arrêterait d’écrire. Néanmoins, c’est par l’étude de différentes organisations (pénitentiaires, psychiatriques, etc.) qu’il a pu aborder le concept de pouvoir, qu’il définit comme étant « une relation entre deux individus, et une relation qui est telle, que l’un peut conduire la conduite d’un autre ou déterminer la conduite d’un autre – la déterminer volontairement en fonction d’un certain nombre d’objectifs qui sont les siens »[10]. Selon Foucault, le pouvoir se rapproche du gouvernement, « au sens très large ». Gouverner une société, tout comme gouverner une seule personne, implique une relation de pouvoir dans laquelle le gouvernant détermine la conduite du gouverné en suivant des « tactiques » stratégiques. Finalement, le fil conducteur de l’oeuvre de Foucault selon Foucault serait « la gouvernementalité au sens large, entendue comme ensemble des relations de pouvoir et techniques qui permettent à ces relations de pouvoir de s’exercer, dit-il, c’est cela que j’ai essayé d’étudier »[11].

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