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Pouvoir et domination

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Par   •  11 Juillet 2020  •  Dissertation  •  2 720 Mots (11 Pages)  •  1 202 Vues

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Pouvoir et domination

        En août 2017, le président Vladimir Poutine s’est offert des vacances en Sibérie. Ce fut par ailleurs l’occasion de publier plusieurs photos de lui : torse nu à cheval, pêchant virilement… Il cultive ainsi son image d’homme fort et charismatique, tenant fermement les rennes d’un Etat puissant.

        Le pouvoir peut être définit comme l’exercice d’une autorité passant par la contrainte, ainsi il serait sociologiquement amorphe selon Max Weber. Il existe différentes approches du pouvoir. L’approche substantialiste du pouvoir le considère comme un objet, il peut donc être possédé comme dilapidé. L’approche institutionnaliste se rapporte, elle, aux Institutions et à l’Etat ; tandis que l’approche interactionniste considère d’abord le pouvoir comme une relation entre un émetteur et un récepteur. Pour cet exposé, nous nous concentrerons principalement sur l’approche interactionniste. De plus, l’exercice du pouvoir n’est pas pérenne : en effet, en reposant sur la contrainte, il induit un conflit latent destiné à aboutir une révolte. Tandis que la domination, elle, est selon Max Weber, « la chance pour des ordres spécifiques de trouver obéissance de la part d’un groupe déterminé d’individus ». C’est aussi la capacité à surmonter les règles ou à les détourner. A l’inverse du pouvoir, elle est l’aboutissement d’un processus de légitimation : en effet, l’exercice de l’autorité étant justifié, le récepteur se base sur la croyance en ce en cette capacité à exercer une coercition. Celui ci est alors consentent et accepte cette domination pour un ou plusieurs motifs.  Ainsi, toute domination est artificielle : les dominants doivent constamment revendiquer une légitimité, sous peine d’être démis de leur position de supériorité. Il existe trois formes de légitimité : traditionnelle, légale-rationelle, charismatique ; que nous expliciterons au cours de l’exposé.

         Le pouvoir est insociable de la société, il a toujours été exercé et a muté en même temps que les sociétés se sont transformées.

        Du pouvoir à la domination, quelles formes peut prendre l’exercice d’une autorité et quelle en sont ses conséquences ?

        Après avoir montré que la légitimation est un processus nécessaire à l’exercice pérenne du pouvoir, nous parlerons des effets de la domination et de la lutte à mener pour la rendre plus transparente.

I - La légitimation comme condition nécessaire à l'exercice d'un pouvoir dans le temps

        La légitimation est le processus qui transforme le pouvoir en domination, ainsi la domination étant consentie par les dominés,  le pouvoir peut s’exercer sans risquer d’être renversé. Cette légitimité peut être de différentes natures, celles-ci sont développées par Max Weber.

  1. Légitimation traditionnelle

        La domination traditionnelle est une forme de domination fondée sur la croyance dans une caractéristique sacralisée des rites et des coutumes qui fixeront les règles de la vie publique. Elles constituent des règles de la vie passée qui se transmettent de génération en génération. Du fait de leur caractère traditionnel, ces « habitudes », conduisant au maintient d’un pouvoir, sont consenties et participent même souvent à la socialisation primaire : ainsi, les normes et valeurs qui gravitent autour de cette domination sont intériorisés par les dominés, et sont jugées intangibles, immémoriales. Le pouvoir n’est donc pas nécessairement organisé de manière rationnelle. De nombreuses dominations ont été légitimées traditionnellement. Ainsi Pierre Clastres, dans « Echange et pouvoir : philosophie de la chefferie indienne », ayant étudié le rapport au politique de sociétés primitives d’Amérique du Sud, démontre que les chefs détiennent une légitimité traditionnelle : la coutume veut que celui-ci soit choisi pour ses talents oratoires, pour son habileté à la chasse ainsi que pour sa capacité à apaiser les tensions et à être charitable. Si le chef manque à une de ces quatres caractéristiques, il est immédiatement démis. De la même façon, la monarchie de droit divin, jusqu’à l’aube du XVIII ème siècle, a entretenu des rites, des symboles et des coutumes (comme le sacre dans la cathédrale de Reims) qui ont permis d’instaurer une légitimation traditionnelle lui permettant d’exercer une domination pendant plusieurs siècles.

        B) Légitimation légale rationnelle

        Dans La dynamique de l’occident, Norbert Elias théorise les mécanismes par lesquels l’Etat est apparu et comment celui ci s’est procuré sa légitimité. En parallèle de l’acquisition des monopoles fiscaux et militaires, qui s’entretiennent réciproquement, sur un territoire de plus en plus large, le Roi nomma des nobles, chargés d’appliquer ses lois : c’est la naissance de l’administration. Celle-ci s’est étendue, spécialisée, bureaucratisée et rationalisée. La légitimation de la domination devient concrètement légale-rationelle lorsque Louis Phillipe se proclame en 1830 « Roi des français » en même temps que s’enracinent les pratiques parlementaires. La domination légale rationnelle  caractérise donc notre modernité politique. Elle désigne toute forme de domination fondée sur la croyance en la légalité, en la rationalité, selon un calcul coût / avantages, des titres et des décisions revendiqués par les autorités politiques centrales. Elle s’appuie sur un droit abstrait, impersonnel, censé guider l’ordre social. L’obéissance est dépersonnalisée, elle n’est plus vouée à un être mais à des institutions, jugées rationnellement bénéfiques pour le bien commun. Pour exister ce pouvoir a besoin d’un état-major dense, ramifié, rationnel, d’où l’invention de la fonction publique, de ses concours, du statut de fonctionnaire. La légitimation légale-rationnelle s’applique aussi dans le système scolaire, comme le montre Pierre Bourdieu. Ainsi le professeur exerce une forme de domination sur ses élèves : ils lui obéissent et reconnaissent en lui une forme de légitimité légale-rationelle, admise par les parents, qu’ils ont intériorisé dès la petite enfance, à travers des codes tels que le niveau de langue, le respect… Cette situation permet la transmission de savoirs tant que la légitimation est continue.

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