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Extrait de: « La sociologie de Max Weber » introduction

Cours : Extrait de: « La sociologie de Max Weber » introduction. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Novembre 2016  •  Cours  •  1 427 Mots (6 Pages)  •  1 341 Vues

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INTRODUCTION

« La réception de l'œuvre de Weber en France a été tardive, malgré l'attention que lui avait accordée Raymond Aron dès la fin des années 1930 [Aron, 1938a, 1938b]. Les premières traductions datent en gros des années 1960 [Le Savant et le Politique, 1959 ; L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, 1964 ; Essais sur la théorie de la science, 1965 ; Le Judaïsme antique, 1970 ; Économie et Société  I, 1971]. Toutefois, durant ces années où le marxisme et le structuralisme fournissaient les grands paradigmes autour desquels s'organisaient les débats dans les sciences humaines, le parrainage d'un Raymond Aron [1967] ou d'un Julien Freund (un des premiers traducteurs et commentateurs de Weber en France [1966, 1990]) inscrivait l'œuvre wébérienne dans le contexte de débats théoriques et politiques très éloignés de ceux qui avaient présidé à l'élaboration de celle-ci, et ce décalage a pesé sur son interprétation et sa réception. Aron, et Freund plus encore tendaient à faire de Weber un adversaire de Marx, au plan scientifique aussi bien qu'au plan politique  : la « sociologie compréhensive » de Max Weber paraissait fournir les moyens d'édifier une sociologie de l'action (opposée à la sociologie des structures) se recommandant de l'« individualisme méthodologique » (opposé au holisme) et et supposée entretenir des relations d'affinité avec le libéralisme politique. Les voix dissidentes qui suggéraient que les positions théoriques de Weber et de Marx n'étaient pas aussi antagoniques ont été à l'époque peu entendues. Si l'on ajoute à cela qu'une grande partie de l'œuvre wébérienne est constituée par une sociologie des religions, genre peu en vogue durant les décennies 1960-1980 (où la conviction était répandue que les religions avaient définitivement cessé de faire histoire), on a quelque idée des raisons pour lesquelles la traduction des écrits de Weber a connu un temps d'arrêt après la parution du premier volume d'Économie et Société [1971]. L'enseignement en sociologie ou en sciences politiques se limitait généralement à L'Éthique protestante, à quelques éléments convenus tirés de sa méthodologie (l'individualisme méthodologique, l'idéal-type) ou encore à la typologie des formes de légitimité.

La publication d'une traduction française du texte La Ville en 1982, de même que celle de la Sociologie du droit en 1986, dues l'une et l'autre à des initiatives individuelles, indiquaient certes un renouveau d'intérêt pour l'œuvre wébérienne. Mais c'est seulement à la fin des années 1980, et plus nettement durant les années 1990, que la situation s'est fondamentalement modifiée. Le vide laissé dans le champ théorique par le retrait du marxisme et l'essoufflement des paradigmes structuralistes, l'influence de Pierre Bourdieu, qui a toujours opposé une interprétation intégrant les traditions durkheimienne et wébérienne à l'antagonisme stylisé par d'autres courants de la sociologie française [Bourdieu, 1971], l'insatisfaction croissante à l'égard de sciences sociales de plus en plus tournées vers l'expertise plutôt que vers la réflexion critique, une conjoncture marquée par un intérêt renouvelé pour les effets sociaux et politiques des religions sont autant d'éléments qui ont favorisé une nouvelle réception de l'œuvre de Weber. La parution en français du recueil Sociologie des religions [1996], de Confucianisme et Taoïsme [2000], d'Hindouisme et Bouddhisme [2003], venant s'ajouter aux traductions, anciennes et nouvelles, de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme [1964, 2000, 2003] et à celles du Judaïsme antique [1970, 2010], permet désormais au lecteur français d'accéder à l'ensemble de la sociologie des religions de Max Weber. La parution des uvres politiques [2004], choix de textes politiques de Weber parmi les plus importants, a comblé une autre lacune. À  ces deux massifs, sociologie des religions et écrits politiques, il faut ajouter la traduction de quelques autres textes, Économie et société dans l'Antiquité [1998], la Sociologie de la musique [1998], La Bourse [1999], qui permettent d'apprécier la diversité des intérêts et des compétences de Weber. Aussi différents que soient à première vue les champs de recherche dans lesquels Weber est intervenu (sociologie des religions, théorie politique, économie et histoire économique, méthodologie des sciences sociales, sociologie du travail, sociologie de l'éducation, sociologie de la musique), les analyses qu'il développe à leur propos sont constamment guidées par quelques questionnements clés qui confèrent à son œuvre une unité remarquable. L'œuvre wébérienne est incontestablement portée par ce que l'on appelle aujourd'hui un « programme de connaissance ». Le travail de traduction initié à partir des années  1990 et qui se poursuit aussi aujourd'hui a été accompagné par des propositions d'interprétations

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