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Les Naufragés

Mémoire : Les Naufragés. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Février 2014  •  8 080 Mots (33 Pages)  •  539 Vues

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SMAALI Mohamed

CE2

DECLERCK Patrick

LES NAUFRAGES

UF 3

INTRODUCTION : UNE ECRITURE DU NEANT ?

Patrick Declerck a passé un peu plus de quinze ans à s’intéresser aux clochards de Paris. D’abord, de 1982 à1985, en tant qu’ethnographe, assistant de recherche à la Maison des sciences de l’homme. Ensuite, de1986 à1987 comme psychanalyste à la Mission France de Médecins du Monde, où, sous les auspices de Bernard Kouchner alors président de l’association, il créa, en avril 1986, la première consultation d’écoute spécifiquement réservée à cette population en France. Enfin, de 1988 à 1997, en tant que consultant au Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre, institution spécialisée dans l’accompagnement de ces populations. Durant ces années, il a réalisé entre 1500 et 2000 entretiens et il assisté à plus de 5000 consultations de médecine données à Nanterre par le Dr Patrick Henry qui y avait fondé; en 1984, la première consultation médicale en France, réservée aux sans abri. De 1993 à 1995, il a fait partie de l’équipe de Xavier Emmanuelli, successeur de Patrick Henry, et nommé, par la suite, secrétaire d’ Etat à l’Action humanitaire, en 1995. Il a suivi les clochards dans la rue, dans les centres d’hébergement, à l’hôpital.

Ce récit est celui du cheminement de la conscience, de sa conscience, à travers ce qui, peu à peu, s’est révélé être une manière de voyage initiatique. Il a voulu pour ces hommes sans paroles, sans histoires et sans traces, ériger une sorte de monument . Un mémorial qui leur ressemble un peu. On trouvera ci-après, deux parties et un épilogue. La première -Routes- tente de raconter le monde des clochards. La seconde –Cartes- s’essaie, à l’aide des concepts de l’ethnologie, de la psychiatrie et de la psychanalyse, à le penser.

PARTIE 1 : ROUTES

Les clochards sont, à Paris, entre 10 000 et 15 000 à vivre dans la rue de façon habituelle et installée. Autour de ce noyau dur gravite une population instable et plus hétéroclite, composée de jeunes en dérive, de toxicomanes, de prostitués occasionnels des deux sexes, de sortants de prisons ou d’hôpitaux psychiatriques. Bref, des êtres en crise et en rupture de liens sociaux, économiques et culturels, qui côtoient les extrêmes de la désocialisation, sans cependant s’y abandonner encore tout à fait. Ces compagnons de route de la clochardisation, souvent abrités dans les foyers et centres d’hébergement, sont probablement environ deux fois plus nombreux que les clochards eux-mêmes, soit entre 20 000 et 30 000. En cette année 2001, il y aurait donc ainsi à Paris entre 30 000 et 45 000 personnes qui révèleraient peu ou prou des problématiques de la désocialisation.

Les dispositifs institutionnels viennent au secours de l’évanescent. Il y a un Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre (ex maison de Nanterre), situé à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Paris , qui existe depuis 1887. Sa gestion par la Préfecture de Police a pris fin en 1989. La Maison de Nanterre est alors devenue Centre d’accueil et de soins hospitaliers(CASH) de Nanterre, avec le statut d’établissement public de la ville de Paris. Malgré tout, le préfet de police reste président du conseil d’administration.

En 2001, le CASH de Nanterre comprend un centre d’accueil qui héberge environ 400 personnes, une maison de retraite(500 lits), un centre d’hébergement et de réinsertion sociale(CHRS, 100 lits), le Centre d’hébergement et d’assistance aux personnes sans abri(CHAPSA, 250 lits) renforcé)par l’antenne médicale(qui regroupe une consultation médicale ambulatoire et sociale ainsi que 50 lits d’infirmerie) , et l’hôpital Max- Fourestier(290 lits) fruit de nombreux aménagements qui , au fil du temps, ont transformé l’infirmerie de la prison en hôpital général. Si tout le monde peut y être admis , une bonne partie des lits sont occupés par des sans abri adressés par les autres service du CASH.

Les clochard qui fréquentent Nanterre y sont amenés par la Brigade d’assistance aux personnes sans abri(BAPSA) . Ce service de la Préfecture de Police, crée en 1955, a pour mission de ramasser les SDF dans les rues de Paris et de les amener à Nanterre. Avant la réforme du Code pénal de 1992, le vagabondage étant considéré comme un délit (article 269), le ramassage était donc, jusqu’à cette date, coercitif et sa légitimité juridique assurée. Depuis lors, on ne parle plus de « ramassage », mais de « recueil social » qui, en principe, ne transporte plus que des volontaires.

Le système fonctionne de la façon suivante : une personne est ramassée à Paris (dans la rue par la BAPSA, dans le métro par le Recueil social de la RATP) par les équipes de ces services, surnommés les « bleus » à cause de la couleur de la combinaison qu’elles ont portée pendant des années. Elle est amenée au bus au Centre d’hébergement et d’assistance aux ^personnes sans abri(CHAPSA) du CASH de Nanterre, pour y passer la nuit, ou une partie de la journée. Elle pourra se laver, se nourrir et se faire soigner à la consultation. Si son physique le justifie, elle pourra occuper un lit d’infirmerie , plusieurs jours ou quelques semaines. Si besoin est, elle pourra être hospitalisée sur place.

Elle peut aussi demander à être admise au centre d’accueil si son comportement ne paraît pas, à priori, incompatible avec le respect du règlement (alcoolisme ou toxicomanie incontrôlable, violences, troubles psychiatriques graves et manifestes), et s’il y a de la place – ce qui ne va pas de soi, car les demandes sont nombreuses- elle sera acceptée intégrée, il faudra alors travailler à un poste lié au fonctionnement logistique de l’institution (brancardier, cuisinier, jardinier…) pour un salaire moyen –en 2001- de 800 frs par mois.

Indépendamment de ce dispositif Nanterre/Ramassage qui s’adresse aux plus chronicisés des sans abri, Médecins du Monde (depuis 1986) et le Samu social (depuis 1994) offrent à Paris, comme dans le reste de la France, consultations médicales et soins infirmiers, et, pour qui est du Samu Social,

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