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Le Secteur Informel

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Par   •  9 Mai 2013  •  9 737 Mots (39 Pages)  •  1 567 Vues

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Publié dans la revue ENSAIOS FEE, Fundaçao de Economia e Estatistica Siegfried Emanuel Heuser, Porte Alegre, Brazil. Les tableaux sont reproduits.

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LE SECTEUR INFORMEL EN AFRIQUE,

UNE CROISSANCE QUI N'EST PAS FORCEMENT SIGNE DE MARGINALISATION

Jacques CHARMES , Directeur de recherche IRD, Professeur à l'Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines et responsable de l'axe soutenabilité des modes de vie au C3ED.

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1- Principes et éléments de la nouvelle définition internationale

2- La lente et inexorable montée du chômage et de l'emploi informel en Afrique, au cours des deux dernières décennies.

2.1- Niveau et évolution des revenus salariaux et non salariaux dans le secteur informel

2.2 - La question de l'accumulation dans le secteur informel

RÉFÉRENCES

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Le concept de secteur informel a pris naissance au début des années 70, servant à désigner les activités de petite taille essentiellement destinées à procurer des revenus de subsistance aux nouveaux citadins des métropoles du Tiers Monde qu'un exode rural amplifié par la modernisation, sinon par l'industrialisation, avait tendu à multiplier. Par la suite, la notion s'est étendue à l'ensemble des petites activités qui, du fait de leur origine traditionnelle ou de leur caractère récent et spontané, sont restées en marge des législations et des diverses formes d'enregistrement, notamment statistiques.

La découverte du concept au début des années 70 (Hart, 1973 ; ILO, 1972) ne fit que révéler aux économistes et sociologues du travail l'importance d'un phénomène que les comptables nationaux avaient bien dû prendre en considération dans leurs estimations du PIB, à grands renforts d'hypothèses et de méthodes indirectes. Ces petites activités "hors enquête", hors "collecte statistique" et que l'on rangeait jusqu'alors sous le vocable de secteur "traditionnel", se trouvaient ainsi projetées dans le champ des conceptions de la population active.

Ces activités que l'on découvrait avec un certain intérêt puisque, du fait de leur facilité d'accès et de leur flexibilité, elles jouaient un rôle d'atténuation du chômage ouvert pour des migrants livrés à la vie urbaine par un exode rural particulièrement important, n'avaient-elles pas préexisté même à l'emploi salarié dont l'apparition moderne et récente avait entraîné l'invention du chômage (Salais et alii, 1988) : celui-ci fut lié au départ à la perte (entraînant la recherche) de l'emploi salarié, les travailleurs indépendants et familiaux n'ayant qu'à s'installer et à décider de travailler, fût-ce en étant sous employé, pour ne pas se trouver désoeuvrés et inoccupés.

Mais on considérait aussi ces activités avec une certaine condescendance doublée de tolérance : n'étaient-elles pas vouées à disparaître avec la modernisation, l'industrialisation et l'inéluctable généralisation du salariat ?

Pendant deux décennies (1970 à 1990), le concept nourrit ainsi de nombreuses polémiques, parfois utiles et parfois vaines, qui ne détournèrent pas les statisticiens et les organismes officiels de collecte statistique de se lancer dans des enquêtes et des mesures du phénomène, d'autant plus que, loin de disparaître, le secteur informel connaissait une importance croissante en terme d'emploi et de PIB, à la faveur de la crise.

Et même dans les pays développés, la persistance de la crise a provoqué des effets qui, sans être identiques ni même assimilables à ceux observés dans le monde en développement, se sont traduits par des ajustements de grande ampleur et ont bouleversé les structures de l'économie et de la société : dans des pays où les activités traditionnelles avaient été depuis longtemps presque totalement absorbées par le salariat, on a vu les entreprises de petite taille et le travail indépendant connaître un certain regain et reprendre de l'importance, en comparaison avec un emploi salarié devenu moins dynamique et parfois même stagnant ou en décrue.

Ainsi, parallèlement et indépendamment de l'économie souterraine et du travail clandestin et non déclaré, se développaient des activités qui peuvent expliquer que les pays industrialisés se sentent également concernés par une définition du concept de secteur informel ; d'autant plus d'ailleurs que les efforts d'un pays comme l'Italie pour mesurer la pluriactivité - autre forme que prend le phénomène - en montraient l'ampleur non négligeable.

Après avoir rappelé les origines et les éléments de la nouvelle définition internationale du secteur informel, on montrera les signes de son inexorable croissance sur le continent africain au cours des deux dernières décennies, avant de fournir quelques indices du dynamisme et des espoirs que recèle ce phénomène et qui empêchent de l'assimiler à une simple tendance à la marginalisation dans le processus de mondialisation.

-1- Principes et éléments de la nouvelle définition internationale

La conceptualisation statistique suit en général l'évolution économique et sociale avec une période de retard. Le cas de l'emploi informel ne fait pas exception à la règle. L'invention du chômage n'interviendra que bien après que le phénomène ait commencé à faire des ravages, cependant que le sous-emploi apparaîtra parmi les concepts de population active après sa découverte par les économistes et son intégration dans les modèles de développement. Il n'y a rien là qui doive étonner. Il importe que de larges discussions, des débats approfondis et des expériences de collecte aient eu lieu bien avant qu'un concept économique ne débouche sur une proposition de norme statistique que l'on recommandera aux divers pays d'adopter.

C'est la Conférence internationale des statisticiens du travail, institution non permanente se réunissant depuis 1923, à dates irrégulières et sous les auspices

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