LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Evolution de la notion d'entrepreneur et de firme

Dissertation : Evolution de la notion d'entrepreneur et de firme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Décembre 2015  •  Dissertation  •  3 272 Mots (14 Pages)  •  783 Vues

Page 1 sur 14

«Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. »

Cette citation de Charles Darwin aurait très bien pu s'appliquer à la notion d'entrepreneur. Cette notion, prononcée pour la première fois il y a plus d'une dizaine de siècle, a évolué au fil du temps et au gré des courants idéologiques. Aujourd'hui, l'entrepreneur est automatiquement relié à la figure du chef d'entreprise, voir au mythe du self-made-man, mais ce ne fut pas le cas tout au long de son histoire. Il est alors intéressant de voir comment ce concept s'est teinté des apports de chaque courant de pensée, s'est modifié, jusqu'à devenir aujourd'hui une notion controversée qui partage toujours les économistes.

Dans quelles mesures l'évolution de la notion d'entrepreneur s'est-elle adaptée, au fil du temps, à une conception particulière du système économique ?

I – De sa genèse à l'affirmation de l'entrepreneur comme agent économique à part entière

Le terme d' «entrepreneur» est évoqué pour la première fois au Moyen-Age chez les scolastiques, une école de pensée qui tente de réconcilier la philosophie antique et l'enseignement chrétien médiéval, on citera notamment Thomas d'Aquin, figure emblématique de ce courant. Olivier de Serres, à la fin du XVIème siècle, place la recherche de profit comme objectif premier de l'entrepreneur. Il s'inscrit dans la lignée scolastique dans le sens où ce profit doit être «digne» et «modéré» par opposition aux néo-classiques et la maximisation des profits. La notion d'entrepreneur est donc maintes fois évoquée jusqu'au XVIIème siècle, d'autant plus que les exemples précédents ne sont pas exhaustifs, mais elle n'est toujours pas définie. Le premier, historiquement, à tenter de donner une définition est Pierre Lepesant de Boisguilbert en 1707 où il fait déjà de l'entrepreneur un personnage important de l'économie mais à qui il donne un rôle négatif de personnage égoïste. Richard Cantillon, généralement considéré comme le premier à avoir apporté une réelle définition, s'inspire de De Boisguilbert et dans son Essai sur la nature du commerce en général, publié en 1755, explicite le rôle de l'entrepreneur comme acteur important du processus économique. Mais Cantillon apporte une nouvelle variable, fondamentale et fédératrice, au concept d'entrepreneur. Selon lui, c'est cet homme qui garanti l'incertitude liée aux contraintes du marché et à la fluctuation des prix. L'entrepreneur peut être de nature diverse comme il l'explique dans les premiers chapitres de son Essai mais ici il prend l'exemple du fermier, contraint de verser des sommes fixes d'argent au propriétaire tandis qu'il ne connaît pas le prix de vente de ces produits, c'est donc lui qui assure les risques liés aux clients et aux prix. Adam Smith, économiste classique et libéral, apporte sa propre conception de la fonction de l'entrepreneur, ni en opposition ni en lien avec celle développée par Cantillon. Pour lui l'entrepreneur se différencie du capitaliste au sens où le capital qu'il utilise ne lui appartient pas mais il reste un «capitaliste par procuration» puisqu'il a pour fonction d'accumuler du capital.

Entre son premier emploi au Moyen-Age et la fin du XVIIIème siècle, la notion d'entrepreneur commence à s'enraciner. Malgré des définitions floues et disjointes, il en ressort que la figure de l'entrepreneur est devenue une pièce maîtresse de l'économie. Sa fonction reste cependant imprécise puisqu'elle est partagée entre recherche de profit, garant de l'incertitude et accumulation de capital.

Jean-Baptiste Say, au tout début du XIXème siècle, marque un tournant dans l'histoire de la notion d'entrepreneur puisqu'il lui attribue une fonction explicite et entame timidement une définition de qui pourrait être l'entrepreneur. Say explique que la fonction principale de l'entrepreneur est de combiner les facteurs de production et de les organiser. Il s'inscrit alors dans le sillage des classiques comme son contemporain David Ricardo ou Adam Smith et s'inspire de la théorie des 3 facteurs de production que sont la terre, le travail et le capital pour développer sa vision de l'entrepreneur. Voilà pourquoi il retiendra ces trois facteurs lorsqu'il explique que la mission de l'entrepreneur est d'harmoniser les 3 facteurs de production. Les néo-classiques ne retiendront que le travail et le capital, même si ce dernier pourra être divisé en sous-éléments. Say, comme ces prédécesseurs, ne parvient pas réellement à définir qui est l'entrepreneur mais il nous apporte des caractéristiques que l'on doit pouvoir retrouver chez cet homme. Il nous dit pour commencer que c'est un «catalyseur», soit un élément qui provoque une réaction, c'est quelqu'un qui en quelque sorte bouleverse le cours des choses. Cet entrepreneur est également un «homme civilisé», un rassembleur d'hommes. Bien qu'évasif, l'apport de Say est le premier à tenir compte du caractère psychologique de l'entrepreneur, qui n'est plus vu comme une entité mais un individu réel. Deux ans après la mort de Say naissait Léon Walras, théoricien de l'équilibre général. Il ne faut pas oublier cette dimension dans l'analyse de Walras car la théorie de l'équilibre général, très présente dans ses travaux est la clef pour comprendre sa vision parfois qualifiée de paradoxale. En effet, Walras distingue trois types de capitaux : fonciers, personnels et mobiliers. Il assimile chacun d'entre eux à un personnage, respectivement le propriétaire, le travailleur et le capitaliste. Puis il introduit un nouveau personnage : l'entrepreneur. C'est celui qui est chargé de rassembler, d'organiser puis de vendre un produit grâce à des services producteurs, il assure donc la liaison entre les marchés, ce qui lui confère un rôle important. Ce postulat fut maintes fois qualifié de paradoxal puisqu'il ne donnait plus une place proéminente à l'entrepreneur mais lui assignait simplement le rôle d'agent de liaison. Mais replacé dans le contexte de la théorie de l'équilibre général, basée sur une économie d'échanges purs, la coordination de ces échanges devient fondamentale, tout comme la place de l'entrepreneur. Là où Walras dénature ce concept c'est lorsqu'il dit que «les entrepreneurs ne

...

Télécharger au format  txt (21.8 Kb)   pdf (204 Kb)   docx (16 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com