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Croissance et économie numérique

Dissertation : Croissance et économie numérique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Août 2016  •  Dissertation  •  2 111 Mots (9 Pages)  •  1 537 Vues

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« Croissance et économie numérique ».

« Le passé n’éclairant plus le présent, l’esprit de l’homme marche dans les ténèbres ». Cette phrase de Tocqueville pourrait résumer les difficultés rencontrées par la littérature économique lorsqu’elle cherche à appréhender un phénomène encore récent mais qui induit des bouleversements et des transformations de taille dans nos économies, nos sociétés et nos modes de vie. Ce phénomène, c’est la révolution numérique qui, sur bien des aspects, présente des effets contradictoires. Pour certains, le numérique représente une menace pour la cohésion sociale, détruit des emplois et n’induit que de faibles gains de productivité. Pour d’autres, au contraire, il est un formidable facteur de croissance qui permettrait de relancer durablement les gains de productivité, globalement à la peine dans les pays de l’OCDE depuis les années 1970.

Ce qui doit désormais être tenu pour certain, c’est que le numérique constitue un aspect essentiel du fait économique, si bien que l’on peut parler aujourd’hui d’économie numérique. Les contours de cette dernière sont néanmoins flous et couvrent des réalités diverses et parfois très différentes. Pour prendre en compte cette réalité multiple, il faut prendre en compte trois catégories d’acteurs. L’économie numérique, c’est d’abord le secteur TIC (technologies de l’information et des communications) au sens de l’OCDE (matériels et composants électroniques, services informatiques et logiciels…). C’est ensuite les secteurs utilisateurs de TIC qui utilisent ces technologies pour gagner en productivité mais dont l’activité préexiste à l’émergence des TIC (banques, tourisme, santé…). Enfin, il existe des activités dont l’existence est liée à l’émergence des TIC (services en ligne, jeux vidéo...).

L’enjeu principal pour l’économie de demain sera de faire contribuer l’avènement de l’ensemble de ces activités à la croissance. Celle-ci peut être définie comme l’augmentation soutenue de la production de biens et services sur un territoire. La croissance mondiale a connu un choc négatif important suite à la crise de 2007 et sa reprise depuis 2010 demeure inégale et fragile. Dans un tel contexte, le numérique constitue une piste sérieuse de relance durable.

Ainsi, il faut s’interroger sur l’opportunité de mener une politique du numérique pour relancer la croissance. Si tel devait être le cas, quelles formes cette politique devrait-elle prendre ?

L’économie numérique semble être la voie incontournable permettant d’échapper au scénario de stagnation séculaire (I). En conséquence, il est indispensable que les pouvoirs publics trouvent les moyens d’une politique numérique au service de la croissance (II).

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I – L’économie numérique pour conjurer le scénario de stagnation séculaire ?

Avec la crise, la croissance mondiale semble être durablement ralentie (A). La révolution numérique est potentiellement un nouveau moteur de croissance (B).

A – Le ralentissement de la croissance après les récentes crises économiques et financières.

La crise financière qui a débuté en 2007 aux Etats-Unis et qui s’est par la suite transformée en crise économique globale a durablement impacté l’économie mondiale et principalement les pays de l’OCDE. Certains pays sont même entrés en récession (Grèce, Espagne, Italie, France en 2009…). Depuis 2010, la croissance mondiale est repartie mais de manière disparate selon les pays. Si les Etats-Unis et le Royaume-Uni semblent avoir retrouvé le chemin de la croissance, la situation de la France ou de l’Amérique latine parait beaucoup plus incertaine. A titre d’exemple, la moyenne des taux de croissance français entre 2009 et 2015 est de 0,3%. Avec un taux de chômage qui stagne autour de 10%, son économie est en équilibre de sous-emploi.

Plus inquiétant encore, la plupart des moteurs de la croissance au niveau mondial semblent être en panne. Les ménages, qui cherchent à se désendetter (suite aux pertes de revenus liées au chômage et à la dégradation de leurs patrimoines), ne soutiennent pas assez efficacement la consommation. Face aux mauvaises anticipations des entrepreneurs, l’investissement est également déprimé ce qui engendre une baisse de la production. Les Etats, qui cherchent à réduire leurs déficits, surtout en Europe, ne compensent plus le déficit d’investissement privé. Enfin, la baisse de la demande mondiale engendrée par cette mauvaise combinaison de facteurs, entraîne un reflux des échanges impactant principalement les pays exportateurs, c’est-à-dire les émergents (Chine, Amérique latine, Inde) mais également des pays européens (Allemagne, Suède).

Un certain nombre d’observateurs, comme Larry Summers ou Robert Gordon, voit dans ces phénomènes l’avènement d’une période de stagnation séculaire, durant laquelle la croissance serait nulle ou ne progresserait que très faiblement. Les prophètes de la croissance nulle identifient en effet plusieurs « vents contraires » empêchant la progression de la croissance : endettement des Etats, vieillissement de la population, dividende démographique, explosion des inégalités au sein des nations, contrainte environnementale, ralentissement des gains de productivité. Le spectre de la stagnation est une préoccupation ancienne – le terme est évoqué pour la première fois par Alvin Hansen suite à la crise des années 1930 – présente dès les premières réflexions économiques portant sur la croissance (Smith, Ricardo, Malthus). Pour Solow par exemple, l’accroissement du travail et du capital est contraint par l’accroissement de la population et converge vers un sentier de croissance nul. Néanmoins, Solow démontre que le progrès technique, en entraînant une déformation de la production, peut faire repartir la croissance à la hausse. Son intuition sera plus tard confirmée empiriquement par les travaux de Carré, Dubois et Malinvaud qui démontrent que le progrès technique joue pour moitié dans l’augmentation du taux de croissance.

Les déterminants de la croissance mondiale sont aujourd’hui sclérosés. Le développement du numérique pourrait entraîner une déformation de la production propre à relancer la croissance.

B – Le numérique, nouveau moteur de croissance.

Le numérique constitue indiscutablement un progrès technique. La question qui demeure est de savoir si son ampleur est telle qu’il puisse relancer efficacement et durablement la productivité. Pour Robert Gordon par exemple, les TIC ne contribueraient que faiblement à la productivité globale des facteurs (PGF). Les défenseurs des TIC se défendent en répondant que les statistiques ne permettent pas encore de refléter véritablement l’apport des TIC à la productivité. Ce qui est certain, c’est que la croissance des Etats-Unis dans les années 1990 est principalement due au rôle de leader qu’occupaient les entreprises étatsuniennes dans le secteur des TIC (Microsoft, Apple…). Les chiffres de l’OCDE  démontrent également que les TIC jouent un rôle positif sur la croissance. En effet, la croissance totale du nombre d’emplois dans l’OCDE est ancrée à la croissance des TIC dans la même zone entre 2005 et 2008. La forte récession des TIC en 2009 s’est accompagnée d’une réduction du nombre d’emplois. En outre, depuis 2010, l’emploi dans le secteur des TIC est en progression relativement constante.

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