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La loi psychologique fondamentale

Dissertation : La loi psychologique fondamentale. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Mars 2022  •  Dissertation  •  2 669 Mots (11 Pages)  •  749 Vues

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La loi psychologique fondamentale est-elle toujours valide ?

« Je crois être en train d’écrire un livre de théorie économique qui va largement révolutionner - non pas, je suppose, tout de suite mais dans les dix prochaines années - la façon dont le monde pense les problèmes économiques. » Observant les dommages causés par la grande dépression et, convaincu que les hommes devraient s’adonner à la poursuite du bonheur, Keynes, s’adressant à son ami George B. Shaw en 1935, une année avant la publication de son œuvre principale The General Theory of Employment, Interest and Money pense pouvoir marquer un tournant dans la façon dont l’individu pense l’économie globale. Entre la publication de son ouvrage et aujourd'hui et notamment après la crise des subprimes de 2008, ou encore la crise liée à la propagation de Covid-19 dans le monde, de plus en plus de chefs d’Etats orientent leur politique économique de façon keynésienne en tentant de stimuler la demande.

Keynes énonce la loi psychologique fondamentale en indiquant “qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu”. En d’autres termes, Keynes distingue une propension marginale à consommer qui augmente en fonction du revenu disponible, mais également une consommation incompressible qui est la consommation autonome de l’agent économique. A travers la loi psychologique fondamentale, Keynes cherche à comprendre comment la demande peut évoluer en fonction des fluctuations économiques. Bien que les travaux de Keynes aient été pionniers de l’économie moderne, ces derniers ont été remis en question plusieurs fois au fil des années, entre autres, en raison du paradoxe de Kuznets, c’est-à-dire l’observation que la proportion marginale à consommer reste étonnamment stable au fil des ans, bien que le revenu augmente à l’échelle globale. Parmi les critiques de cette théorie se dressent des économistes tels que Milton Friedman, qui considère que l’agent consommerait en fonction d’un revenu permanent. Un autre critique de Keynes, est émise par Franco Modigliani, qui met en exergue l’idée que la consommation s’explique selon la théorie d’un cycle de vie, et que celle-ci serait un phénomène fluctuant au fil du temps. Il s'agit ici donc d’un débat fondamental sur les théories de la consommation, où certains pensent que les revenus futurs influencent la consommation d'aujourd'hui et d’autres rétorquent que le passé et le présent tracent dans une certaine mesure les frontières entre l'école keynésienne et l’école néoclassique de la consommation. Vu qu’une grande partie des politiques économiques dites Keynésiennes actuellement mises en œuvre pour le contexte de la crise sanitaire se construisent autour la reconnaissance d’une tendance moins que proportionnelle des agents d’augmenter leur consommation avec une croissance de revenu, il paraît valable de s’interroger sur la validité continue de ce postulat, que Keynes appelait avec confiance “loi”. Plus loin, bien que la loi psychologique fondamentale permette un aperçu très intuitif des comportements de consommation des agents économiques (expliquant par exemple la moindre partie des revenus consommés par les plus riches), une formule aussi élégamment simple ne paraît-elle pas trop réductrice ? Par exemple, le paradoxe de la stabilité relative de la proportion marginale à consommer au fil du temps, n’est-elle pas la réfutation de la thèse ? Quel est alors l’intérêt d’une loi psychologique fondamentale qui s’avère comme simple et intuitive, mais qui, en fin de compte, reste incomplet face à la complexité de notre monde ?

 Pour traiter ces questions, il semble pertinent d’opposer les théories de la consommation de Keynes de celles de ses critiques, comme par exemple F. Modigliani, M. Friedman, J. Duesenberry, pour enfin considérer et comparer leurs véracités conceptionnelles respectives. Vu que pour quelques-uns de ces économistes, les conséquences et présupposés de leurs modèles sont étroitement opposés à celles de Keynes, la validité du loi psychologique fondamentale peut-elle se prouver à l’encontre de son opposition? Bien qu’un tel cadre théorique semble pertinent pour réfléchir aux origines de ces théories. Se poser la question : “la loi psychologique fondamentale est-elle toujours valide ?”, implique en sciences économiques positives une effectivité empirique. C’est alors pourquoi la première partie de cette dissertation sera consacrée à une exploration du pouvoir empiriquement explicatif de la loi, pendant que la deuxième partie sera consacrée à une enquête de ses lacunes.

I- Un instrument efficace et vérifiable empiriquement

A) La validité de l’Arbitrage Consommation-Épargne au niveau de la distribution des revenus

Commençons alors par l’aspect positif de la loi psychologique fondamentale, c’est-à-dire, son pouvoir explicatif assez complet malgré sa simplicité conceptuelle. Pour reprendre l’énoncé de la loi psychologique fondamentale de Keynes déjà annoncée dans l'introduction, elle dit fondamentalement que la propension marginale à consommer (PmC), appelé c, est comprise entre 0 et 1, de sorte que lorsque le revenu des agents augmente, la consommation augmente moins que proportionnellement. Admettons alors :

0 < 𝑐 < 1

Une fonction de consommation mathématique simple qui capture le raisonnement de Keynes est la suivante :

C = C0 + cYd

Avec C étant la consommation à moment donné, C0 la consommation incompressible, c’est-à-dire autonome du niveau de revenu disponible, c la propension marginale à consommer et Yd le revenu disponible.

L’apport possiblement le plus fondamental de la LPF est donc celui qu’à l’échelle des revenus à un moment donné, les agents économiques aux revenus supérieurs ont tendance à consommer une moindre partie de leurs revenus que ceux aux revenus plus bas, c’est-à-dire, ils ont une propension moyenne à consommer (PMC) moins élevé. Par ailleurs, la part plus importante de la consommation incompressible C0 par rapport au revenu disponible fait les agents économiques à bas revenus ont une propension moyenne à consommer plus élever, voire même supérieure à 100% du revenu disponible. La propension moyenne à consommer est alors une fonction décroissante du revenu disponible.

 Ce constat était empiriquement validé par l'une des premières études économétriques de la théorie keynésienne de la consommation (voir: Absolute Income Hypothesis), menée par Simon KUZNETS. Utilisant des données à haute fréquence, à savoir des données trimestrielles pour l’année 1942, et des budgets familiaux comme représentatifs du revenu disponible des ménages (Yd ) pour les croiser avec leurs dépenses de consommation finale, KUZNETS découvrait alors une fonction keynésienne de type linéaire auparavant décrit, avec une propension moyenne à consommer qui baisse avec l’augmentation du budget familial, ainsi qu’une propension marginale à consommer inférieure à la PMC, c’est-à-dire en accordance avec le constat de la consommation autonome.

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