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Compte-rendu de lecture sur L’Inflation scolaire. Les désillusions de la méritocratie

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Par   •  2 Mars 2019  •  Fiche de lecture  •  1 871 Mots (8 Pages)  •  817 Vues

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Faye Paul-Henri                        Compte-rendu de lecture

Groupe 6

DURU-BELLAT M. (2006), L’Inflation scolaire. Les désillusions de la méritocratie, Paris, Seuil.

Marie Duru-Bellat est une sociologue française née en 1950. Professeure de sociologie à Sciences-Po Paris et chercheuse à l’Observatoire sociologique du changement, elle est l’une des auteurs actuels de la sociologie de l'Éducation. Duru-Bellat est une spécialiste de l’analyse sociologique de l'École en France, et a écrit de nombreux ouvrages entre 1979 et 2017 comme L’hypocrisie scolaire: pour un collège enfin démocratique en 2000 avec François Dubet ou encore La tyrannie du genre en 2017. L’autrice a pour objectif dans cet ouvrage de poser de nombreuses questions afin de questionner l’égalité des chances, ainsi que les finalités de l’éducation. Elle se place dans un contexte de débats perpétuels sur les remises en cause de l'Éducation Nationale ainsi que ses nombreux problèmes comme la plateforme “Parcoursup”. Elle s’adresse donc aux français de manière générale afin de faire réfléchir aux limites du système français, contestant la méritocratie tant mise en avant.

Son objectif est donc de poser certaines questions, en y proposant un certains nombre de réponses ne faisant pas l’unanimité dans la sphère sociologique. L’école est-elle réellement un ascenseur social? La méritocratie est-elle un gage de justice sociale? Quels sont les effets pervers d’une expansion de l’éducation (focalisée sur les objectifs de réussite dans le second cycle et les visées économique de la société)? Son hypothèse serait donc de réfléchir à de nouvelles alternatives sociales et scolaires.

Duru-Bellat questionne en premier lieu à douter l’un des enjeux cruciaux de l’éducation: le rôle d’ascenseur social. L’allongement des études en France avaient pour but de limiter les inégalités sociales. On constate une augmentation des cadres dans la société, mais ils sont étroitement liés aux besoins économiques. On note que la fluidité sociale est peu apparente, contrairement à l’ouverture à l’éducation: dans les années 50,  5% des élèves étaient diplômés du bac; en 2018, 88,3% des étudiants été diplômés. L’ouverture du système scolaire ne débouche donc pas mécaniquement sur davantage de mobilité sociale.

Elle est liée à 3 facteurs: la banalisation du diplôme (plus de diplôme va de pair avec la perte de valeur, et le déclassement est inégalement répandu selon le sexe ou l’origine sociale), l’inégale distribution du diplôme (l’ouverture à l’éducation n’excluant pas la reproduction sociale). Enfin, le diplôme a une importance relative (les titres scolaires assurant une position sociale élevé ne veulent pas dire que la société est méritocratique).

L’école n’est pas un ascenseur social dans la mesure où l’ascension sociale dépend avant tout des opportunités qui se présente sur le marché du travail et des stratégies déployées par les acteurs pour les saisir. L’influence trop faible de l’école ne parvient ni à compenser les inégalités d’origine familiale, ni à faire en sorte qu’elles soient sanctionnés dans la vie professionnelle.

Ensuite, les inégalités sociales sont accentuées par le fonctionnement scolaire et les jugements qui lui sont associés (le fait que certains ne veuillent pas faire les plus longues études mais simplement avoir un diplôme). Les inégalités sont le fruit d’un développement cognitif (ressources culturelles et matérielles, intérêt de l’enfant), de l’intérêt que porte la famille pour la culture et la motivation professionnelle (l’éducation est elle également désirable?). Mais les familles les mieux placés ayant le plus de ressources vont viser plus haut encore, avec les moyens nécessaires donc reproduisent des inégalités à travers l’école (durée des études sous couvert de “bénéfices sociaux”).

Duru-Bellat questionne alors la justice au sein de l’école. L’ancienne maxime scolaire “quand on veut on peut” dépend avant tout du soutien familial, mais permet de donner aux meilleurs élèves les meilleurs places dans une société de compétition, de sélection et d’échec. C’est la raison pour laquelle est censée transformer les inégalités sociales en mérite scolaire.

Tant que les diplômes sont un gage de salaire pour les individus, il est rentable pour une société d’en former un maximum. L’école est complémentaire entre la théorie du capital humain (diplôme →  connaissance → productivité → salaire) et la théorie du filtre (filtre les qualités et les classe). Si l’on considère qu’1 personne sur deux exerce un métier qui n’est pas en rapport avec ses études, le diplôme est il une formation ou une sélectivité?

Pour les sociologues qui soutiennent la première, l’évolution du diplôme est un ajustement des compétences au volume des postes, tandis que pour les théoriciens du Filtre, il s’agit d’une corrélation avec le nombre de diplômés, d’où la nécessité de hiérarchiser les diplômes. Mais la différence avec les autres marchés réside dans la non capacité de pouvoir s’auto-réguler, voir même de gaspiller certaines compétences (23% des sortis d’école il y a moins de 5 ans s’estiment “plutôt surqualifiés”  pour leur emploi).

Une année d’étude en plus apporte plus de connaissance et engendre une hausse du salaire de 5-10% par année, mais aussi une volonté de poursuivre plus loin et autres (responsabilité, prise de décision, coopération, langage) moins en lien avec la productivité. D’autres déterminants sont discriminants: sexe, minceur, apparence.

L’autrice reprend la théorie de L. Boltanski et E. Chiapello, “le nouvel esprit du capitalisme”, dans laquelle ils expliquent que les entreprises demandent toujours plus d’investissement personnel, remettant en cause la valeur du diplôme. D’où l’importances d’autres qualités que l’école évince, même si a contrario cela contrecarre l’injustice des jugements scolaires.

La valeur que donne un diplôme n’est pas celle du diplômé mais celle que lui offre le marché du travail (fluctuation de la demande de certaines connaissances). Les diplômes sont un moyen acceptable pour la société de faire fonctionner son économie, mais aussi un garde-fou et un degré de confiance entre les employeurs et les employés.

Par ailleurs, Duru-Bellat remet en cause les bénéfices au niveau macroéconomique. Aucun économiste n’a réussi à faire le lien entre croissance et éducation, à part dans dans les pays en voie de développement. Mais à d’autres niveaux sociologique, la culture a un impact important, comme sur la culture, la santé ou encore l’attitude au sein d’une société. Aussitôt, elle met en garde sur la doxa qui pourrait prétendre que ces effets sont le fruit des politiques mises en place afin d’élever le niveau d’instruction. Or, la cohésion sociale est le résultat d’un partage d’un certain niveau d’éducation plus que d’un niveau moyen d’éducation.

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