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Corps naturel corps artificiel

Cours : Corps naturel corps artificiel. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2020  •  Cours  •  1 019 Mots (5 Pages)  •  537 Vues

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L'ÉCRITURE PERSONNELLE On est rarement satisfait de son corps, d'autant plus que les injonctions sociales demandent de se conformer à des normes esthétiques contraignantes. Rester minces, jeunes et dynamiques est le mot d'ordre d'une société rivée sur les apparences, qui nous enjoint également d'être de plus en plus performants au travail comme dans les loisirs. La tentation est donc grande d'avoir recours à l'artifice pour compenser ce que la nature ne nous a pas donné. Pour autant, rendre notre corps artificiel, est- ce trahir notre nature ? Si la nature ne se limite pas à notre corps, mais à ce qui nous définit, à savoir notre identité, la question nous invite à nous demander jusqu'où l'individu est prêt à modifier son corps sans se perdre soi-même. Nous rendons déjà notre corps artificiel à divers degrés et parfois sans vraiment y penser. Porter des lunettes pour compenser une vue déficiente ou muscler un corps trop maigre en faisant une activité physique sont autant d'interventions artificielles qui suppléent aux insuffisances de notre corps. La chirurgie esthétique légère peut également corriger quelques traits disgracieux sans modifier fondamentalement l'apparence naturelle, tout en contribuant à rendre plus agréable l'existence de la personne complexée. De même, par le recours au tatouage, peut-on simplement chercher à s'embellir. Aussi le sociologue David Le Breton parle-t-il, à propos des marques corporelles, de « formes heureuses » d'appropriation du corps. Le tatouage et le piercing répondent en effet à un désir de façonner celui-ci librement comme une signature personnelle. Plus invasive, la chirurgie réparatrice pemet de remodeler un corps touché dans son intégrité par la maladie ou à cause d'un accident. Néanmoins, on ne saurait la condamner comme une trahison à notre nature dans la mesure où elle vient améliorer la qualité de vie, voire la sauver. Dans son roman Réparer les vivants, Maylis de Kerangal propose ainsi un plaidoyer haletant en faveur du don d'organes. Le lecteur suit le parcours de Simon, jeune homme de 19 ans plein de fougue, qui tombe dans le coma et meurt à la suite d'un accident de la route. Ses parents acceptent de faire don de son cœur et sauvent Claire, mère de trois enfants, en attente d'une transplantation compatible. Améliorer ou réparer un corps, pour agrémenter son apparence ou corriger ses insuffisances, n'est donc pas condamnable, d'autant plus si le recours à des techniques artificielles s'avère vital. Néanmoins, façonner un corps à soi, est-ce rester fidèle à sa nature profonde ? Daphné Bérard, dans l'article de Beaux Arts Magazine intitulé Le tatouage dans la peau, rappelle que l'Église a censuré les marques corporelles dès le Moyen Äge. De fait, en portant atteinte au corps, le tatouage était une manière de modifier la créature de Dieu, et pire, de s'en arroger le droit. L'inscription artificielle devenait ainsi une marque d'infamie sur le corps des prostituées ou celui des repris de justice. Cette interdiction montre donc que le corps artificiel suscite la méfiance, voire une forme de répulsion, surtout si les marques corporelles dénaturent l'apparence physique. Ainsi le bras de Narcisse dans le roman de François Garde, Ce qu'il advint du sauvage blanc, porte-t-il les

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