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Description de la paranoïa et présentation des unités pour malades difficiles en France

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Par   •  27 Avril 2015  •  4 928 Mots (20 Pages)  •  690 Vues

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INTRODUCTION

Classiquement, la paranoïa a une réputation de dangerosité. Cependant elle reste très peu étudiée du fait de sa rareté et de la non reconnaissance de cette pathologie. Ces patients consultent peu et, ce n’est qu’au décours de passages à l’acte graves que l’on peut être amené à les rencontrer. C’est le cas notamment dans les Unités pour Malades Difficiles. Ainsi, nous avons étudié les caractéristiques sociodémographiques, cliniques et criminologiques de 46 patients présents à l’UMD de Cadillac entre 1995 et Octobre 2012.

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1ERE PARTIE :

DESCRIPTION DE LA PARANOÏA ET PRÉSENTATION DES UNITÉS POUR MALADES DIFFICILES EN FRANCE

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I. PARANOÏA

1. ÉVOLUTION DU CONCEPT

1.1. Introduction :

Le terme "paranoïa" est ancien. D'origine grecque, il se construit avec le préfixe para- (à côté), suivi de noïa (la pensée). Il évoque donc une pensée qui se trouve à côté de celle qui est saine.

Il convient de rappeler que le terme de paranoïa n’apparaît plus dans les classifications internationales récentes (DSM-IV-TR, CIM-10) (1, 2). La psychose paranoïaque ou le délire paranoïaque y figurent sous la dénomination de trouble délirant « delusional disorder ». Il existe un risque de contresens en ce qui concerne la personnalité paranoïaque, appelée dans la littérature anglo-saxonne «paranoid personality disorder ». La personnalité paranoïaque est rarement étudiée (3), sa validité ayant même pu être remise en cause comme type de personnalité à part entière dans les travaux préparatoires au DSM-5 (4). Il s’agit pourtant d’un trouble aisément reconnu et décrit depuis longtemps dans la littérature clinique et théorique (5).

La paranoïa a une réputation classique de dangerosité, mais cette question fait l’objet de peu de recherches empiriques. La relative rareté de cette affection et le fait que le terme « paranoïa » n’existe pas dans les classifications internationales récentes (DSM- IV-TR, CIM-10) (1, 2) sont des explications possibles. Ces sujets se prêtent par ailleurs peu à des études (6).

1.2. Historique :

Il faudra attendre le XIXe siècle pour trouver la description de la paranoïa telle qu'elle est connue actuellement. Elle prendra d'abord le nom de folie raisonnante. En 1815, le médecin Esquirol décrit les "monomanies intellectuelles" et les "folies partielles". Le psychiatre Lasègue parle du "délire des persécutions". Trélat en 1861 emploie le terme de "folie lucide". Séglas en 1887 évoque les "délires de persécution à interprétations

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délirantes". Enfin, Kraepelin, en 1899, distingue la paranoïa de la démence précoce, qui deviendra la schizophrénie avec Bleuler.

Grâce à tous ces termes, est réalisé un façonnage de ce concept soulignant un aspect original de cette "folie" "raisonnante, intellectuelle, lucide, partielle, monomanie, etc.".

Deux entités bien contrastées sont distinguées dans les psychoses chroniques : D'une part, les folies dissociatives et discordantes, dans lesquelles la pensée est désorganisée (la schizophrénie) et, d'autre part, les délires chroniques dans lesquels la pensée est, au contraire, logique, organisée, structurée (la paranoïa).

2. PERSONNALITÉ PARANOÏAQUE :

2.1. Épidémiologie :

Elle concernerait de 0,27 à 4,4% de la population générale selon les critères des classifications internationales (1, 2, 3, 5, 7, 8, 9, 10, 11).

Elle représente 2 à 10% dans les échantillons de patients psychiatriques externes et 10 à 30% dans des structures pour patients hospitalisés (1, 2, 5, 7, 8, 9).

Elle est plus fréquente chez l'homme que chez la femme. Et de façon plus importante dans certains groupes minoritaires, notamment chez les immigrants et les malentendants.

Elle est plus fréquente parmi les proches de sujets schizophrènes que dans la population générale. Mais le lien avec la psychose paranoïaque ou trouble délirant est plus important (1, 2, 7, 8).

Cependant les estimations sont probablement en-dessous de la réalité.

2.2. Clinique :

La personnalité paranoïaque s’articule autour de quatre traits fondamentaux (7, 8, 12, 54) :

- Hypertrophie du Moi : elle se manifeste par des sentiments d'orgueil et de supériorité avec intolérance envers l'opinion d'autrui et attitudes de mépris

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hautain. Elle rend compte de la psychorigidité, certains d'avoir raison contre tous, ils cherchent à convaincre leur interlocuteur.

- Méfiance : c’est un mode général de méfiance soupçonneuse à l’égard des autres dont les interprétations sont interprétées comme malveillantes. Ils sont réticents à se confier et ont des difficultés à établir des relations intimes

- Fausseté du jugement : c’est la tendance à fonctionner à partir d'interprétations erronées dans lesquelles domine un sentiment de persécution. Elle est parfois clairement apparente avec des propos et des raisonnements contraires à la réalité, mais le discours a souvent une apparence logique très convaincante pour autrui et peut reposer sur des faits objectifs.

- Inadaptation sociale : les personnalités paranoïaques sont difficiles à supporter et ont du mal à établir des relations sociales satisfaisantes. Au travail, ce sont des individus qui sont toujours prêts à contester et à revendiquer. En position d'autorité, ils peuvent être tyranniques. Ils voient le monde de façon manichéenne. On peut alors les retrouver dans des groupes sectaires, où se retrouvent des sujets partageant un même système de croyance ou subjugués par leur charisme.

La personne apparaît distante, avec une froideur, une absence d’expression émotionnelle et de sens de l’humour. On peut rencontrer une labilité affective importante, des expressions hostiles ou passionnelles, et parfois des explosions de colère.

Ces manifestations doivent persister dans le temps pour que l’on parle de personnalité paranoïaque.

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