Pratiques sectaires

Selon vous, faut-il se méfier des pratiques sectaires ?

Tenter de définir une secte peut consister à la situer par rapport à une religion. Si toutefois nous partons du principe qu’une religion n’est pas une secte, mais la croyance  d’une communauté. Toutefois, nombre de sectes sont devenues des religions, d’où une grande ambiguïté, à un moment donné, pour discerner l’une de l’autre. C’est notamment le cas de l’Église réformée. N’oublions pas non plus que l’absence de toute dimension déiste de certaines sectes ôte une partie des repères pour analyser une pratique sectaire.

Nous étudierons dans un premier temps les raisons qui poussent certains individus à se rapprocher des sectes, que ce  soit pour surmonter une crise de leur Église, ou parce que seule la secte semble combler le vide spirituel d’une âme en errance.

Puis nous tenterons de définir un moyen de vérifier la dangerosité des pratiques sectaires, notamment lorsqu’elles visent à exercer une emprise quelconque, de type mental ou physique sur ses adeptes. Nous constaterons en dernier lieu que malgré la volonté politique de légiférer pour protéger tout individu des dangers d’une pratique sectaire, seule la vigilance représente un bon rempart.

[I – Pourquoi des dérives sectaires ?]

Dans certains pays, les orientations économiques, politiques, théologiques, laissent une partie de la population dans le manque. Les déficiences en question sont un défaut qui appelle une solution qui peut prendre forme comme secte. C’est notamment le cas lors des crises des instances religieuses d’un pays. C’est ainsi que les Sicaires de Massada, groupe juif dissident, se retranchèrent derrière les murailles de leur forteresse après avoir assassiné quelques juifs collaborateurs des envahisseurs romains au premier siècle après J.C. Ces intégristes finirent par un suicide collectif (si tant est qu’on puisse appeler suicide le fait d’assassiner ses proches) qui n’est pas sans nous faire penser aux sectes contemporaines de Waco ou du Temple Solaire. À l’heure actuelle, les sectes s’engouffrent dans le vide laissé par la grande illusion basée sur la pensée unique du matérialisme de la société de consommation. Elles s’appuient également sur des Églises incapables de gérer une modernité qui va beaucoup trop vite, figées sur des pratiques médiévales telles que le célibat des prêtres, le refus de l’évolution technologique et génétique. Les sectes savent à merveille surfer sur une frustration et promettre monts et merveilles pour la combler.

[Transition]

La secte laisse miroiter un monde idéal qui se transforme immédiatement en la pire des dystopies, dont les adeptes ne sont même pas conscients, préfèrent parfois le suicide plutôt que renoncer à leur utopie.

[II – Les dérives sectaires]

Définir une dérive sectaire revient à poser un jugement sur un fait on ne peut plus subjectif. D’où l’utilité de croiser plusieurs critères pour dégager une tendance plutôt qu’une sentence. Les spécialistes s’accordent autour de l’accomplissement de quelques critères essentiels pour déterminer la dérive sectaire. Ces critères tournent en priorité autour de la manipulation mentale des adeptes. Quel est leur degré de soumission à un gourou ? Conservent-ils leur libre arbitre pour critiquer la doctrine ? Les oblige-t-on à couper les ponts avec leur famille et leurs amis ? Dans quelles proportions doivent-ils céder leurs biens et leurs revenus à la secte ? Existe-t-il des moyens coercitifs pour les faire rentrer dans l’ordre ? Les pratiques sexuelles sont-elles conformes à la moralité ? Nous pouvons en déduire que toute atteinte aux droits fondamentaux de l’homme et à son équilibre social peut témoigner de la présence d’une dérive sectaire. L’exemple de la secte Hare Krischna est révélateur : chacun de ses adeptes doit renoncer à ses ressources financières propres et doit subir diverses violences physiques et/ou psychologiques, voire sexuelles. Malgré de nombreux scandales de maltraitance infantile dans les années quatre-vingt-dix, la secte continue de sévir.

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