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Philosophie politique et éthique

Analyse sectorielle : Philosophie politique et éthique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Janvier 2015  •  Analyse sectorielle  •  4 246 Mots (17 Pages)  •  788 Vues

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Master 2 de philosophie politique et éthique.

Mini-mémoire, premier semestre, séminaire de Monsieur

Comment les catholiques vivent-ils à deux ?

Introduction :

La banalisation du divorce et l’affirmation du droit au plaisir ont bouleversé la vie conjugale. Mais une chose n’a pas changé : notre attachement à la vie de couple. Les célibataires cherchent l’âme sœur sur « Meetic » ou « adopte un mec », les homosexuels ont obtenu le droit au mariage, alors que la polygamie tend à disparaître. Y aurait-il donc une raison à cette consécration du chiffre deux ? Luc Ferry, théoricien de la « révolution de l’amour », nous livre son regard sur des témoignages de la vie de couple, tiraillés entre aspiration à la durée et attraction pour le multiple. Claude Habib, spécialiste du romantisme, s’interroge sur la tentation de l’adultère à l’heure où la sexualité est devenue constitutive de notre identité, tandis que Roland Jaccard rappelle avec humour que le mariage est une entreprise de destruction de la liberté. Au terme de ce parcours, le deux apparaît non pas comme la solution enfin trouvée au problème amoureux mais comme une structure fragile où nous cherchons une issue à notre solitude métaphysique.

D’une manière générale, ces théoriciens tentent de trouver une explication rationnelle à ce qui en d’autres temps eut été nommé corruption des mœurs, décadences. Les traités de sociologie rédigés par ces trois génies modernes permettent à nos contemporains de trouver une justification à leur égoïsme.

Depuis la Révolution française et la légalisation du divorce, depuis aussi Mai 68 et la libéralisation des mœurs, depuis surtout 2013 et le mariage des homosexuels, on ne peut pas dire que la compréhension du mot mariage soit restée la même. Le vivre à deux a subi une mutation essentielle. Nous étudierons ici ce qu’est le mariage pour un catholique pratiquant, et pour cela, nous prendrons comme référence particulière Thomas D’Aquin.

L’essentiel du changement du vivre en couple réside dans la fin de cette union. Celle-ci consiste ou bien dans recherche du plaisir, ou bien dans celle du bonheur qui passe par la pratique de la vertu.

Comment les catholiques vivent-ils à deux ? Telle est en résumé ce dont traite notre étude. Pour cela nous voyons dans une première partie l’origine « naturelle » de la pensée catholique, puis la vision de Thomas D’Aquin.

I. La loi naturelle

Nombreux sont les gens qui ont cherchés un élixir qui donne, et surtout conserve l’amour. En effet, de même que la recherche du bonheur est, pourrait-on dire, universelle, comme le pense Aristote, de même celle de l’amour se retrouve à travers les âges et les territoires. L’église catholique apporta sa pierre à l’édifice de cette recherche, et, pendant des siècles c’est elle qui normalisa la pratique du mariage. L’Eglise cependant, et à travers elle ses plus grands théologiens tel que Thomas d’Aquin, ou saint Albert Le Grand, faisait reposer sa pensée sur ce que l’on appelle la loi naturelle. Cette loi universelle que les occidentaux nomment actuellement droit de l’homme.

Il est dit au commencement du Digeste : « Du droit naturel tire son origine l’union de l’homme et de la femme que nous appelons mariage ». En outre Aristote déclare dans les Ethiques « Si l’homme est naturellement social, il est encore plus naturellement fait pour le mariage ». Or, selon Thomas, c’est la loi naturelle qui rend l’homme social, aussi fera-t-elle de lui un être enclin au mariage. Le mariage est donc de droit naturel.

a) Les origines

Dans la théologie de l’Aquinate, si Dieu est créateur et à l’origine de toutes choses, il l’est de la loi divine tout autant que de la loi naturelle. Aussi, si Dieu a décidé que le mariage entre un homme et une femme était de la loi naturelle, il paraît probable que cela soit mentionné dans l’Ecriture Sainte. C’est dès la Genèse que nous pouvons voir le commandement de Dieu en la matière : « Croissez et multipliez-vous ». Cependant, bien sûr, ces paroles donnent explicitement le seul ordre de transmettre la vie. Les modalités pratiques ne sont pas ici abordées. C’est dans le Pentateuque que Dieu nous donne plus de détails sur cette union. Les innombrables lois hébraïques sont résumées dans les commandements que Dieu donna à Moise sur le mont Sinaï. Dans celles-ci ont peut lire qu’il est interdit de désirer une autre femme que la sienne.

Puisque nous mentionnons l’histoire du peuple juif, nous ne pouvons pas ne pas mentionner les pratiques de polygamies qui sont narrées dans la Bible. L’Eglise, dans sa morale, met en évidence que si le vol est un péché, le vol pour sa survie n’est pas un mal. Les principes de l’Eglise ont cette puissance parce qu’ils sont hiérarchisés. De même pour la survie de l’espèce, il peut être bon qu’un peuple adopte la polygamie pendant un certain temps.

Si donc Dieu est favorable au mariage il ne peut en être autrement de la loi naturelle, ou c’est indirectement nier la perfection divine. Thomas enseigne dans la Somme : « l’instinct naturel pousse l’homme à se marier. »

b) Le mariage : une institution qui a des conséquences pour la société.

Pour montrer que le mariage est une institution naturelle, appelée par la nature même de l’homme, et nullement accidentelle et solidaire d’une époque ou d’une civilisation, Thomas en appelle toujours aux nécessités fondamentales de la génération humaine. C’est le seul argument qu’il met en valeur, et c’est évidemment le plus décisif.

Quand un couple s’embrasse, le plus tendrement qu’on le conçoive, cela ne concerne qu’eux deux. Quand ils ont un rapport sexuel, ils engagent cette “troisième dimension” de l’autre possible. Cela suffit à créer « virtuellement la situation sociale proprement dite et à articuler le couple à la société existante dans laquelle il vit. » C’est très exactement l’argument que met en avant Thomas pour fonder en raison l’exigence de l’état de vie matrimonial pour l’exercice de l’acte sexuel. L’union charnelle de l’homme et de la femme ne peut être laissée au hasard des rencontres. Le fruit normal de cette union, c’est l’enfant, un troisième être de l’espèce

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