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Rapport Pere Fils

Mémoire : Rapport Pere Fils. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2015  •  2 383 Mots (10 Pages)  •  799 Vues

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L’adolescence réactualise les enjeux du lien père-fils œdipien mais aussi préœdipien. Les désirs incestueux et parricides du père et du fils sont alors réactivés. De la résolution de ceux-ci dépend la disparition de troubles potentiels liés à la proximité réelle et fantasmatique entre le père et le fils.

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Le processus d’adolescence se caractérise par la reprise de la barrière de l’inceste, ce que S. Freud (1905) précise par le rejet et le dépassement des fantasmes incestueux ; il est question du travail psychique de la puberté, qui fonde l’essentiel du processus d’adolescence et passe par un travail d’élaboration. Ce travail d’élaboration conduit au second temps propre à la fin d’adolescence, la familiarité avec ces mêmes fantasmes incestueux et parricides. La survie de l’objet, attaqué dans le fantasme, s’intègre dans ce mouvement d’élaboration, comme l’illustre la situation de Jean.

Jean, ou les vicissitudes de l’œdipe négatif. Extraits de psychothérapie

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Jean, seize ans, se plaint de « visions meurtrières » dont il craint la réalisation ; en préparant à manger au chat, qu’il affectionne, il a imaginé lui planter un couteau dans l’œil. Il raconte cette scène à ses parents, divorcés depuis sept ans, qui se mettent d’accord pour consulter. Les parents habitent l’un près de l’autre, Jean faisant l’aller et retour entre les deux appartements, même s’il est davantage installé chez son père.

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Lors des séances préliminaires, Jean évoque sa crainte d’actes meurtriers qui l’a envahi récemment, au point de rompre avec sa petite amie pour la protéger. Il me précise cependant que ses « visions » peuvent s’imposer à lui en croisant n’importe qui dans la rue. Deux associations essentielles interviennent dans ces séances : il règne entre son père et son grand-père paternel une agressivité de longue date ; et il a ce genre de fantasmes meurtriers depuis son enfance, mais, enfant, il les transformait dans des jeux : il se déguisait et menait des enquêtes imaginaires pour découvrir qui était l’assassin. Aujourd’hui, il se sent dans la peau de l’assassin. La psychothérapie peut maintenant s’engager, à raison d’une fois par semaine.

Séparation du couple parental et fantasme matricide

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Les visions sont maintenant nommées des « crises de clash » ; il remarque qu’elles interviennent lorsqu’il n’arrive pas à entrer en conflit avec son père. Cependant, conjointement au lien à un père idéalisé – intouchable –, Jean exprime sa crainte d’une mère intrusive qui essaie de casser ce lien et de le faire parler sur son père. Jean se souvient alors que, enfant, il a rêvé qu’il tuait sa mère et ses grands-parents maternels, laissant place à la seule lignée paternelle. La séparation des parents, alors qu’il a neuf ans, constitue un tournant : tout en devenant le confident de chaque parent, il se rapproche de son père en adoptant la religion de son grand-père paternel catholique, en opposition à la grand-mère maternelle anticléricale. Cette séparation et ses effets viennent interrompre ses jeux et rêveries d’enfant. Pour rester l’enfant idéal et réparateur, il se sent contraint maintenant de rester neutre dans les conflits parentaux, s’interdisant notamment d’exprimer son agressivité envers l’un de ses parents, qui serait le signe d’une trahison en faveur de l’autre. Il lui est cependant plus difficile d’exprimer son agressivité avec sa mère qu’avec son père, car, avec elle, ça monte et il a envie de taper. Cette tension monte, notamment lorsque sa mère l’empêche de parler, lui coupe la parole ; il tape alors du poing contre le mur, ce qu’il associe à un souvenir d’enfant : son père est en colère et, devant sa mère, il jette une radio par terre qui se brise. La crainte d’une colère qui ferait éclater ou exploser la mère est présente dans sa crainte d’exprimer son hostilité envers elle, ou une fille – il a « cassé » avec sa dernière amie.

Idéalisation du père et meurtre de l’idole

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Il n’attaque pas ses parents, car ce serait « comme un croyant qui attaquerait ses idoles », me faisant entendre le maintien de son idéalisation des figures parentales comme défense contre ses désirs hostiles, contribuant notamment à conserver un œdipe négatif en l’état.

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Il associe également sur le fait de s’être coupé le doigt enfant, en lieu et place de dire sa colère. Cette attaque du corps comme équivalent d’une attaque de la scène primitive est également associée à l’attente d’une punition qui ne venait jamais ; lorsqu’il provoquait ses parents, il ne recevait aucune réponse ferme ou punitive, mais les idées provocatrices et la colère, elles, restaient. Alors, il a envie de se détruire en se coupant, notamment à l’époque où il se trouvait trop enveloppé, où il se traitait de « gros lard », à la suite du divorce. Ce trop de lard semble représenter la culpabilité de Jean, les idées en trop liées au souhait parfois conscient d’avoir chaque parent pour lui seul.

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À ce moment-là, l’amour pour le père semble prédominant : lorsque le père déprime, il perd du poids et maigrit. Puis, le père sort progressivement de sa dépression, et reprend du poids et, pendant ce temps-là, Jean maigrit, au moment de la fin de la procédure de divorce. « Vers quatorze ans, j’ai accepté mon corps », conclut-t-il.

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Pour trouver un peu de distance dans le lien, son père tente parfois de l’énerver, notamment quand il est « en crise », c’est-à-dire proche de l’isolement dépressif. « Je me laisse prendre », commente Jean ; cette position passive lui donne l’impression de toujours donner à son père ce qu’il attend, même lorsqu’il se met en colère contre son père, prétexte à une séparation provisoire. Le repli du père semble alors s’articuler avec les modalités défensives de Jean contre ses désirs parricides.

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Au cours de la psychothérapie, la question des liens transgénérationnels devient prééminente. Lorsqu’il fait de l’alpinisme, Jean se sent vivant, « encordé » avec son père, en train d’escalader une montagne, pendant les vacances passées dans la maison achetée par le grand-père. Lorsque celui-ci décide de vendre cette maison, le père de Jean se fâche avec son père,

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